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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Blog-notes des Meuniers de la Tiretaine

Cet article est reposté depuis Le Blog-Notes du Rite.

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Publié le par jean françois
LA FOUDRE DE LA JUSTICE !!

LA FOUDRE DE LA JUSTICE !

 

 

La foudre de Jupiter, est la manifestation du Dieu suprême celui qui tranche par le glaive et la balance, cette foudre est une arme divine, le feu de l’orage est physique et moral. La justice de dieu, du principe n’est pas comparable à la justice humaine, qui applique un ensemble de règles, de lois qui permettent la vie en société.

 

La mission des chevaliers de l’esprit est de propager la justice et la charité sur toute la terre, elle va bien au-delà de la justice humaine. Le chevalier de l’esprit en toutes circonstances consulte sa conscience qu’il doit avoir élevé vers les hautes sphères de la spiritualité. Sa conscience tend alors vers la pure justice qui crée l’harmonie, aboutissement du désir de plénitude, pour en finir avec l’incomplétude de l’homme, cet homme sur la voie de son perfectionnement, qui met du sacré dans sa vie pour espérer atteindre l’unicité de son être.

 

 

La justice ne peut donc régner que dans une cité divine, un royaume inaccessible sans doute à la seule raison humaine, là où résonnent les trompettes de l’apocalypse. Dans ce royaume territoire céleste du roi du monde portant la double couronne royale et sacerdotale. C’est à l’établissement de ce royaume de sagesse et de justice que travaille la franc-maçonnerie, l’art royal.

 

Le maître maçon s’efforce d’avoir en conscience un jugement qui soit la victoire de l’esprit sublimant la matière et préservant l’harmonie, un jugement le plus éloigné possible des intérêts individuels afin de préserver l’harmonie dans la cité des hommes.

 

 

                                                     Jean-François.

 

CITATIONS

 

« La justice sans la force est impuissante la force sans la justice est tyrannique. »

 

                                                             Blaise Pascal.

 

« La justice est l’amour guidé par la lumière. »

 

                                                             Sully Prudhomme.

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Publié le par jean françois
PRISME

LE PRISME

 

 

Les articles du blog sont écrits sous le prisme de la franc-maçonnerie. Regarder sous un prisme n’est-ce pas voir les choses telles qu’elles ne sont pas. Il y a là une forme de préjugés, comme une illusion d’optique, une perception personnelle réductrice, même si c’est une conception partagée par un groupe, il y a une forme de paradoxe dans cette vision, et la franc-maçonnerie qui déclare s’affranchir des dogmes et de préjugés et écouter toutes les opinions sans pourtant les reconnaître comme bonnes.

L’étude et la réflexion à l’aune d’un prisme ne sont donc pas objectives, c’est le résultat de notre seule vue, ou de notre vue soumise à l’influence d’un groupe, je dirais plutôt des valeurs défendues par un groupe. Il y a une tentation d’exclusion de l’autre ou une tentation de prosélytisme. L’on se rapproche du suprématisme du peintre Kasimir Malévitch.

Le prisme favoriserait la disparition de la lumière, comme une descente dans l’obscurité de la caverne, un rétrécissement de l’esprit, nécessaire à la renaissance de la lumière unifiée. Le prisme agit donc comme une fermeture précédant l’ouverture, à l’image de l’appareil photographique.

 

Regarder sous un prisme, c’est regarder avec nos yeux d’homme, avec notre raison humaine limitée à nos expériences, pour aller au-delà du prisme, il faut accéder à mon sens à une forme de foi intérieure, une conviction qu’il y a un principe supérieur inqualifiable, ce qui n’empêche pas de voyager vers ce principe, vers cette lumière unique sortie du prisme, un voyage vers l’harmonie universelle du beau, par l’initiation qui la route sur le désir du beau.

 

N’ayant à notre portée que notre raison humaine, notre action est limitée, n’y a-t-il pas une forme de naïveté à croire que nous parviendrons au-delà des limites de l’imaginable, à cette pointe de l’âme extrémité de l’esprit, ce lieu mystérieux où commence la transcendance.

 

Regarder toutes choses de la vie sous le prisme de la franc-maçonnerie, c’est sans doute une force mystérieuse, inconnue, intérieure, qui fait naître au plus profond de nous notre désir de souscrire avec humilité au juste, au bien, au beau qui couronne le tout.

 

                                                     Jean-François.

PRISME

Citation :

 

« Si à la place des yeux tous les hommes portaient des verres de couleur verte, ils seraient obligés de juger que les objets qu’ils perçoivent sont verts et jamais ils ne pourraient distinguer si leur œil leur montre les choses telles qu’elles sont, ou s’il ne s’y ajoute pas quelque chose qui n’appartient pas aux choses, mais à l’œil. Il en est de même avec la raison. »

 

                                                     Emmanuel Kant.  

Kasimir Malevitch

Kasimir Malevitch

Avec nos yeux

Paroles: Gilles Vigneault, musique: Claude Léveillée (1963)

Avec nos yeux, avec nos mains
Dont nous aurons été humains
Nous nous serons à peine vus
Nous serons-nous touchés? À peine.
Nous aurons mis tout notre enjeu
À ne pas être malheureux.

La roue ne cesse de tourner
Emportant gestes et regards
Dans un tourbillon d’infortune
Sans nous offrir un lendemain.
Fermés nos yeux, fermées nos mains,

Qui retrouvera les chemins
Par lesquels nous voulions surprendre
Le mot de passe de l’amour?
Nous aurons vécu sur la terre
Sans rien tenter d’un jour à l’autre

Pour apprivoiser le mystère
Nous serons passés au soleil
Sans jamais remarquer notre ombre
Et, les yeux secs et les mains blanches,
Nous sortirons de ce sommeil
Sans l’avoir comparé à l’Autre

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Publié le par jean françois
LE RASSEMBLEMENT CORPS ESPRIT

LE RASSEMBLEMENT CORPS ESPRIT

LE RASSEMBLEMENT

 

 

La formule maçonnique : « Rassembler ce qui épars »est une injonction, à la réalisation d’une utopie, bien au-dessus que celle dévoyée de citoyen du monde, qui accompagne le vivre ensemble, l’indignation sans action. Si certes l’indignation peut être la première marche vers l’action, ce n’est malheureusement pas souvent le cas, les indignés le restent, comme des chevaliers qui ne prennent pas les armes pour combattre.

 

Le franc-maçon lui commence par s’indigner d’être comme il est, et s’interroge comment parvenir à réunir ce qui est épars, comment rassembler et pour quoi. Cette mission est le devoir des maîtres, elle ne peut avoir lieu qu’au terme de la quête initiatique lors de la mort symbolique, au moment où la grande lumière apparaît après avoir parcouru le labyrinthe, être parvenu au centre, ou plus probablement au seuil de l’orient éternel.

 

S’il y a rassemblement c’est qu’il y a eu dispersion, démembrement, cela nous rappelle le mythe égyptien d’Osiris et d’Isis. Dans ce démembrement c’est bien l’un, l’unique qui a été divisé, démembré en plusieurs êtres manifestés. Ce passage de l’unité à la multiplicité s’est accompagné d’une dégradation, d’ou la naissance du désir du retour à l’unité.

 

La quête initiatique du franc-maçon grâce au symbolisme de la construction, de la reconstruction, exprime le désir de son retour à l’unité primordiale, là où règne l’harmonie et la concorde, le règne de l’esprit, la paix de l’âme.

Il part d’abord avec ses outils symboliques dans la carrière, puis dans sa loge il reconstruit l’unité de sa cathédrale intérieure. Il cherche à faire l’unité en lui-même, puis saisissant les armes du chevalier de l’esprit, il partira dans le monde pour rassembler tous les enfants de la lumière.

 

Il ira jusqu’au sacrifice nécessaire, subira le meurtre à l’image d’Hiram refusant de trahir ses serments. Ce processus mort régénération est le préalable à sa renaissance, au rassemblement de ce qui est épars. Le grand rassemblement, est donc bien celui du maître maçon à la fois sacrifié et sacrifiant.

 

Rassembler ce qui est épars pour retrouver la parole perdue, cette parole perdue qui selon René Guénon n’est rien d’autre que le nom du Grand Architecte de l’Univers, le grand rassembleur au-dessus de toutes les traditions, le roi d’amour et de justice.

 

                                                     Jean-François.

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Publié le par jean françois
GOLEMS

GOLEMS

CONNAÎTRE

 

 

La démarche initiatique met en valeur toute la force du « connais-toi, toi-même »véritable porte d’entrée, levier, sésame pour la révélation de l’être intérieur, son élévation. Cette connaissance permettant les métamorphoses successives de l’être, au fur et à mesure de l’élévation de sa conscience. 

Le perfectionnement de l’homme lui permet d’atteindre une douce harmonie et de retrouver son unité, ce perfectionnement est aussi un acte d’amour fraternel envers l’humanité.

 

Dans son dernier roman fiction Transparence, si proche du réel. Marc Dugain met en lumière le dévoiement, la marchandisation du connaître. Les sociétés du numérique ont entrepris de tout connaître sur nous-mêmes en espionnant nos sentiments, nos attitudes, nos habitudes en prenant la main sur nos cerveaux, par l’entremise de nos outils informatiques. Elles captent toutes nos données dites personnelles, plus loin elles connaissent : nos sentiments, notre personnalité, notre intimité, notre singularité, nous devenons totalement transparents.

 

Le stockage de ce que nous sommes dans leurs banques données, est la clé que nous leur donnons pour ouvrir le coffre-fort de notre esprit, de notre cœur, nous sommes contrôlés et fragilisés, enfermés dans une prison sans barreaux.

 

L’ennemi de ces sociétés, est notre imagination sans limites, notre intuition, notre capacité à maitriser nos passions, derniers espaces de liberté, quelles sont avides de conquérir et qu’elles veulent nous acheter, contre une pseudo sécurité, nous promettant sans cesse le Graal du risque zéro, en nous connectant elles nous déshumanisent, elles font de nous des drones téléguidés sur la route de leurs supermarchés.

 

La silicon valley mirage de la liberté a remplacé les sept vallées du poète du cantique des oiseaux.

 

La question du choix : voulons-nous être des hommes améliorés, modifiés par les applications imposées par la révolution numérique des hommes-robots, ou des hommes régénérés libérés du poids des certitudes, maîtres de nos esprits. Marc Dugain écrit comme un acte d’espérance :

 

« La question n’est plus d’accumuler sans fin, elle est de profiter des capacités hallucinantes de notre cerveau à restaurer la connaissance de soi et la spiritualité. »

 

Ce n’est pas la collecte des données qui nous rendra heureux, mais notre capacité à être plus que d’avoir, il nous faut donc nous connaître pour être et non pour avoir toujours plus. On s’enrichit plus par la rencontre de l’autre et la connaissance de ses différences, que par la lecture d’une liste de chiffres et de données.

 

Mettre en valeur les artistes et leurs formidables imaginations, faire vivre les utopies qui seront les réalités de demain.

 

« L’inspiration crée une aspiration, disait le vieil homme. »

 

Le vol de la colombe, sera toujours plus beau, que celui de je ne sais quel robot, fût-il l’œuvre de l’homme, il restera un Golem.

 

Jean-François.  

CONNAITRE

Résumé :

À la fin des années 2060, la présidente française de Transparence, une société du numérique implantée en terre sauvage d’Islande, est accusée par la police locale d’avoir orchestré son propre assassinat. Or au même moment, son entreprise s’apprête à commercialiser le programme Endless, un projet révolutionnaire sur l’immortalité, qui consiste à transplanter l’âme humaine dans une enveloppe corporelle artificielle. Alors que la planète est gravement menacée par le réchauffement climatique, cette petite start-up qui est sur le point de prendre le contrôle du secteur numérique pourra-t-elle sauver l’humanité ?

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Publié le par jean françois
LIRE- RECENSION : Lîle des pluies

  LIRE - RECENSION: L’île des pluies.

 

 

Il y a des îles de rêve, des îles hostiles. Dans les îles il y a le microcosme de notre société, il y a ceux qui baissent les yeux vers le sol, vers leurs chaussures, ceux qui quand ils lèvent parfois leur regard, ne voient que l’extrémité de leur index. Et puis il y a ceux qui regardent l’horizon, qui respirent vers l’ailleurs, qui voient l’autre autrement que comme un obstacle à leur vanité et leurs égoïsmes, ils aiment aussi leur terre, ils sont aussi d’ici, mais ils ont compris qu’ils étaient de passage, comme des locataires, ils ont à cœur de transmettre autre chose que les bornes d’un territoire, ceux-là construisent des ponts, pas des murs, accueillent des bateaux et pas que ceux des touristes, pour remplir leurs comptes en banque.

Marc Gontard

 

 

Marc Gontard est sorti, de son île ou presque, pour aller dans le monde à la rencontre de l’autre, dans l’Afrique terre des premiers hommes, il a consacré sa vie aux autres dans le monde de l’éducation, de sa Bretagne natale, il écrit l’altérité, la rencontre de l’autre, des autres, après l’avoir enseignée, est-ce par hasard qu’il publie dans la collection La Société Des Gens aux éditions Goaterce roman l’île des pluies ?

 

La forme romanesque est un prétexte, le territoire confiné permet de mieux saisir l’incontournable de la nature humaine, dans un vase clos, s’agite, le bien et le mal. Le courrier (qui a pris maintenant le vilain nom de navette) de l’île est seul lien avec le continent il apporte toutes les nourritures et les inconnus, ceux qui dérangent, ceux qui ne sont pas d’ici, même si parfois ils sont là depuis un demi-siècle. Ce roman est une véritable anthropologie de ces iliens et à destination de tous ceux qui s’enferment dans leurs préjugés, mais il révèle aussi l’espérance comme une étoile qui brille dans le ciel et le cœur des hommes. 

Au fil du Roman l’on suit l’étoile, l’étoile de mer, ou l’étoile flamboyante au centre de laquelle se trouve l’homme, cette étoile démembrée au grè des vagues, symbole de l’inaccessible mais toujours présente, prête à se régénérer, elle symbolise la perfectibilité et la métamorphose possible de l’homme, cette qui n’est pas à un paradoxe près elle dévore la coquille Saint-Jacques, ce symbole du voyageur, elle reste un symbole universel elle est un guide. Je cite :

 

« Je ne sais pas pourquoi il manque une branche à cette étoile de mer échouée sur la plage. Elle est lourde, rugueuse entre les doigts. On dit que ces étoiles peuvent se régénérer. Elle va se refaire une cinquième branche. Peut-être même reconstituer une autre étoile autour de la branche manquante. Ces étoiles sont immortelles. Je les envie parfois. »

 

Marc Gontard propose donc à travers son roman une réflexion sur nos attitudes, notre capacité à l’amour d’autrui, à voir l’autre autrement que comme un envahisseur, un ennemi, il démontre que notre ennemi c’est nous-même. Il décrit les petits arrangements avec notre conscience, l’entre soi qui exclut l’autre celui qui est un peu trop noir, un peu trop ou pas assez.

 

Une réflexion sur l’universel et sur l’identité sur la grandeur de cette identité, qui serait incompatible pour certains, au nom de quoi je vous le demande avec l’universel ?

 

La vie de l’île des pluies est la vie des hommes et des femmes avec leurs aventures personnelles, leurs parts d’ombres et leurs vertus, l’île est un territoire propice à leurs révélations, leur mise à nu, là on ne peut pas se cacher dans une foule anonyme, pas de pseudo dans le réseau social de l’île, les caractères trempés par les pluies se révèlent, les apparences tombent au premier coup de tabac.

 

La rencontre improbable entre Stella la belle métisse à la peau dorée, cette étoile dont les branches sont à la fois, européennes et africaines, et ce pêcheur ‘pur jus’ de l’île Gwendal, est un souffle d’air iodé d’espérance. Je cite Stella :

« C’est beau. Mais ce n’est pas la vie…

  • Parce que cette nature sauvage, ces odeurs, le rythme du ressac au bas de la falaise et les cris des oiseaux de mer qui nichent au bas des rochers, nous éloignent du monde des humains. Vous vivez ici comme si l’extérieur n’existait pas et vous cherchez encore à vous enfermer sur vous-mêmes, sans soucis de ce qui se passe ailleurs : la misère des bidons-villes, les enfants-soldats qui violent et qui tuent, les famines, les attentats-suicides, les bombardements au gaz moutarde, les camps de refugiés et le trafic des passeurs. Et tous ces morts qui dorment au fond de la méditerranée. »

 

Le pêcheur dans sa marche vers l’étoile Stella, va à la rencontre de l’autre, ce qui lui était étranger lui devient familier, il trouve ainsi le meilleur de lui-même. Il y a dans ce récit Marc Gontard des analogies d’idées avec celui del’Archipel du Chien de Philippe Claudel.

 

Ce roman polysémique, nous permet de sortir de cette fable de la tour de Babel comme l’indique Marc Gontard . Rien n’est plus fort que notre appartenance collective au monde des humains, nos différences sont dans l’épaisseur du trait. Les hommes se sont séparés pour occuper la terre, mais ils restent des hommes reconnaissables, leurs différences ne font qu’embellir le tronc commun de l’humanité.

 

Pour nous francs-maçons, qui revendiquons l’universalité de notre démarche initiatique nous ne pouvons, nous soumettre à la haine, au rejet de l’autre, au fanatisme et à l’ignorance incarnée par tous les extrémistes politiques ou religieux. 

 

Ce roman qui touche au réel, réveille en nous le meilleur de nous-mêmes, c’est un beau témoignage d’espérance, même l’isolement de ces iliens n’a pas éteint en eux, la flamme intérieure qui fait d’eux des hommes véritables, en quête de perfectionnement et d’amour fraternel.

 

 

Jean-François.

 

L’île des pluies de Marc Gontard, aux Éditions Goater à Rennes dans la Collection La Société des Gens. 250 pages – 18 €- 2019-code ISBN 970-10-97465-07-0

 

 

Du même auteur entre autres :

 

Essais : Victor Segalen : une esthétique de la différence aux Éditions L’Harmattan

 

Le Moi étrange Littérature marocaine de langue française aux Éditions L’Harmattan.

 

Dictionnaire des écrivains bretons du 20èmesiècle aux Presses Universitaires de Rennes.

 

Ecrire la crise. L’esthétique postmoderne aux Presses Universitaires de Rennes.

 

Marc Gontard publie maintenant régulièrement une fiction par an, son dernier roman Naufragesest paru en 2019 aux Éditions Goater.

NOTE DE L’ÉDITEUR.

 

L’île des pluies


 

de  Marc Gontard

Un roman composé en cinq points de vue, un roman des îles de Bretagne sud. Une histoire subtile qui dévore les mémoires.

Résumé :

Une île, sans doute en Bretagne sud, où l’on vit de la pêche. Et où les touristes ne sont pas toujours les bienvenus. Encore moins ceux du continent, qui vivent de l’autre côté des coureaux. Un décès énigmatique en appelle d’autres, peut-être en écho à une mémoire plus lointaine, plus incertaine… Mais comme il n’y a pas de vérité judiciaire établie, le roman porte sur un doute, perçu simultanément par cinq personnages dont les points de vue s’entrecroisent et s’opposent. Il y a ceux qui rêvent d’un paradis de l’entre-soi où l’autre est une menace. Et ceux dont l’esprit nomade ne conçoit qu’une existence sans frontière, ouverte à tous les horizons. 

Dans un décor de pluies et de tempêtes, sur le pont d’un chalutier ou sur les sentiers de l’île, fouettés par la bourrasque, deux êtres totalement opposés, se rencontrent et mêlent leur destin au sein d’une fable éminemment politique qui reste une histoire de notre temps.

Un roman d’île avec ses drames et ses passions par un des meilleurs écrivains de Bretagne.

 

Extrait :

« La brume a disparu. Du haut de la falaise qui surplombe le bassin, les bateaux ont l’air de jouets d’enfants. Tous bien alignés, l’étrave amarrée aux anneaux du quai et l’arrière sur une bouée de corps-mort. Je connais leur nom par cœur. Regina coeli. Madone des flots. Santez Anna. Stella maris. Stereden vor… Quelques voiliers en épi sur une tonne, au bout de la jetée, annoncent le début de la saison. On n’est pourtant qu’en mars. Bientôt le port sera surchargé. Le courrier des îles fait son entrée en secouant les bateaux sur son sillage. Arrière toute. L’Hélice brasse à l’envers. La coque vient accoster la cale, dans un remous tourbillonnaire où la vase du fond remonte en grandes corolles noires. Il y a quelques passagers. Des visiteurs, venus pour la journée. Je reconnais aussi quelques îliens qui rentrent du continent. Je reste là, un instant, accoudé au garde-fou qui protège le sentier. »

 

Extrait de la Biographie de l’auteur WIKIPEDIA 

 

Marc Gontard est un universitaire français, né à Quiberon en 1946. Professeur de lettres, il est spécialiste des littératures francophones.

Il est élu en 2005 à la présidence de l'université Rennes 2, puis est réélu en 2008 dans le cadre de la mise en place de la LRU. Son successeur Jean-Émile Gombert est élu à la présidence de l'université le 10 décembre 2010.

La suite avec le lien…

 


 

https://fr.wikipedia.org › wiki › Marc_Gontard

LIRE- RECENSION : Lîle des pluies
LIRE- RECENSION : Lîle des pluies

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Publié le par jean françois
Image du livre Le Toucher du Monde, Techniques du Naturer

Image du livre Le Toucher du Monde, Techniques du Naturer

TERRESTRES

 

 

La web revue Terrestres, est parue nous rappelant que nous ne sommes que des locataires de passage sur notre planète et non des propriétaires exclusifs, que le bail dont nous bénéficions suppose des obligations d’entretien de notre part, que nous avons le devoir de transmettre à nos ayants droit, nos successeurs, nos enfants, après un état des lieux nous remettrons les clés. 

Nous expliquerons ce qu’il faut faire pour préserver ce patrimoine commun, sans frontières, qui accueille la vie depuis les temps les plus anciens connus, nous dirons les mots, nous transmettrons les gestes, sans emphase, sans fausse modestie, avec humilité mais aussi avec force. 

 

La loi d’amour doit régner entre les hommes, elle s’étend aussi à notre terre.

 

« La terre est si belle, nos sens si puissants, les nécessités de la bouche si infimes, que, véritablement il faut être venu au monde sans yeux, sans cœur, et rien qu’avec le besoin de dévorer, pour se réduire à écraser son semblable et à enlaidir l’existence plutôt que de préférer la justice, la pitié, le droit d’autrui au bonheur. » (Panaït Istrati)

 

Nos enfants, nos successeurs ont droit à la beauté et au bonheur sur cette terre. Notre devoir de franc-maçon est de faire régner la justice en toutes circonstances sur l’univers entier, protéger notre royaume, comme le disait Saint-Exupéry :

 

« Les hommes ne se respectent plus les uns les autres. Huissiers sans âme, ils dispersent au vent un mobilier sans savoir qu’ils anéantissent un royaume… »

 

Je vous propose ci-dessous la lecture de la recension, d’un essai parue dans Terrestres,(accès gratuit sur le net) sur le livre de David gé Bartoli et Sophie Gosselin : Le Toucher du monde, techniques du naturer.

 

Bonne lecture, amis, aimants, frères terrestres…

 

Jean-François.

Image du livre Le toucher du monde, techniques du naturel

Image du livre Le toucher du monde, techniques du naturel

 

 

Bonnes feuilles – Comment repenser des manières d’habiter la Terre qui ne dissocient plus les êtres humains des non humains, c’est-à-dire qui donnent formes aux transformations réciproques des existants en les inscrivant dans des mondes communs ? Dans leur livre  Le Toucher du monde, techniques du naturer (2019), David gé Bartoli et Sophie Gosselin nous invitent à réinventer notre rapport sensible au monde.

Extrait du livre Le toucher du monde, techniques du naturer, de David gé Bartoli et Sophie Gosselin, éditions Dehors, sept. 2019.

                  UNE ÉPREUVE DE MONDE

Les existants s’inscrivent dans le mouvement du naturer. Ils adviennent dans ses écarts sensibles, dans ses jaillissements intempestifs et dans ses battements imperceptibles. Or une longue tradition de la pensée occidentale, en particulier à l’époque moderne, a au contraire défendu l’idée selon laquelle, parmi l’ensemble des existants, un seul, l’être humain, était capable de s’extraire du mouvement du naturer pour le soumettre à sa domestication. C’est ainsi que « la nature » a pu être appréhendée comme une totalité autonome que l’humain devait apprendre à dominer par les moyens du savoir et de la technique. C’est cette conception moderne du rapport entre humain et nature qui semble aujourd’hui s’accomplir dans le développement d’un pouvoir de maîtrise sans précédent des phénomènes naturels, pouvoir qui se manifeste notamment dans les capacités techno-scientifiques de modifier génétiquement les organismes vivants ou de conditionner nos environnements et qui trouve son acmé dans le concept d’anthropocène 1. Mais ce pouvoir de maîtrise semble, au même moment, atteindre ses limites dans l’événement de la crise climatique en nous confrontant à une accélération de la destruction des conditions du renouvellement de la vie sur Terre et à une déstabilisation généralisée des processus naturels. C’est avec stupeur que nous constatons que la volonté de maîtrise a conduit à son strict contraire, qu’elle nous a plongé dans une situation incontrôlable, et qu’à force de vouloir agir sur les phénomènes naturels le pouvoir techno-scientifique a déclenché des processus incalculables et immaîtrisables. C’est avec étonnement que nous redécouvrons que l’humain n’est qu’un existant parmi d’autres, et, qu’en tant que tel, il ne peut s’extraire de cela même qui conditionne son existence. La croyance selon laquelle l’être humain se différencierait essentiellement des autres existants par son savoir et sa maîtrise technique 2 se brise sous les effets du cataclysme climatique. Et c’est alors la vulnérabilité radicale des corps qui se fait entendre. Le péril ne concerne pas seulement les conditions de survie des corps biologiques, mais aussi et peut-être plus profondément, les corps dans leur capacité à affecter et à être affecté, à se laisser toucher dans l’expérience d’un monde. En se coupant du mouvement du naturer, les humains se sont privés des puissances sensibles qui rendaient possible leur inscription au monde. Car ce que l’on appelle « la nature » n’est pas d’abord ce système autonome postulé par le savoir philosophique ou scientifique, mais cette puissance qui, s’actualisant à travers une multiplicité de corps, se déploie incessamment comme ouverture et mouvement illimité, c’est-à-dire comme naturer. Ces corps sont porteurs de puissances qui, à travers leurs affections réciproques, ouvrent des mondes. C’est pourquoi la puissance de formation et de transformation dont la technique est porteuse n’appartient pas au seul humain. Il ne s’agit pas ici seulement de dire que les existants non humains sont aussi capables de technique, mais que la technique se confond avec la puissance de formation et de transformation des corps, qu’elle accompagne et articule le mouvement même du naturer. Réduire la technique à un pouvoir instrumental séparant les humains des non humains revient soit à dénier soit à tenter de capturer la puissance sensible des corps pour instaurer un pouvoir de contrainte visant à fixer et à contrôler leur instabilité ontologique. C’est au contraire en accueillant cette instabilité ontologique que nous pourrons traverser l’événement qui nous arrive. L’enjeu consiste dorénavant à libérer les corps de ce pouvoir de contrainte pour laisser vivre l’infinité des variations sensibles qui les constituent et qui rendent possible une épreuve de monde. Paradoxalement, se libérer de ce pouvoir reviendrait donc moins à se libérer de « la » technique envisagée comme ensemble d’instruments répondant de l’intentionnalité humaine, qu’à libérer la technique entendue comme puissance de formation et de transformation des corps de la capture anthropocentrique dont elle a été l’objet. Car les corps ne sont pas des « choses » co-existant au sein d’un espace et d’un temps prédéfini. C’est par leurs corps que les existants adviennent au monde et s’exposent les uns aux autres. Nous appelons technique le mouvement par lequel les corps se déploient en espaces et en temps et, ce faisant, ouvrent des mondes.

            L’EXPÉRIENCE DE LA LIMITE

Par leurs corps, les existants s’exposent à l’épreuve de la limite. Dans leurs rencontres et transformations réciproques ils ne cessent d’éprouver les limites qui les différencient et les relient les uns aux autres, les inscrivant ainsi dans un monde commun. Mais ils s’exposent aussi, dans le même temps, au mouvement illimité du naturer depuis lequel ils surgissent. Nous avons généralement tendance à confondre monde et nature en les assimilant à une totalité englobante. Or il existe au moins une différence essentielle entre les deux. La nature relève de l’illimité, mais d’un illimité dynamique, ce pourquoi nous le pensons comme mouvement du naturer. Le naturerexprime l’émergence et la persistance continue et illimitée d’une puissance s’actualisant en une multiplicité de corps. Au contraire, le monde implique nécessairement une forme de limitation, même si celle-ci n’est jamais décidable, car n’étant ni objectivable ni appréhendable par la pensée. Le monde est ce qui donne une consistance singulière à l’ouverture illimitée dunaturer en l’articulant dans et à travers des formes. Un monde se tisse et se trame de l’enchevêtrement et des relations entre une multiplicité d’existants. Ces relations prennent formes à travers des manières de frayer les espaces et de traverser les temps, de sentir et de penser, de distribuer des valeurs ou d’articuler des traces, des survivances mémorielles et des récits, c’est-à-dire à travers une multiplicité de modes techniques. Ce pourquoi on ne peut jamais dire où commence et où finit un monde puisque sa profondeur temporelle et spatiale est incalculable.

Aborder la question de la technique revient donc à penser et à éprouver le paradoxe du bord et de la limite. Car la technique est, comme le bord, l’articulation qui permet la saisie d’une chose tout en étant en lui-même insaisissable. Délimiter une surface ou une chose, c’est toujours déjà tenter de la saisir en la circonscrivant. Mais au moment où l’on met l’accent sur la limite c’est le geste même de délimitation et l’espace qu’il a ouvert qui se trouvent oblitérés, évacués. Porter attention à ce geste, c’est au contraire montrer en quoi une limite ne peut se tracer que depuis l’épreuve d’une exposition à de l’illimité. Cet illimité manifeste la participation de l’existant à quelque chose d’autre que lui-même. Considérer le mouvement technique par lequel les existants se déploient en monde, c’est donc accueillir, dans un même geste, ce double mouvement de limitation et d’illimitation : le seuil ou l’espacement à partir duquel une rencontre devient possible avec d’autres existants et un monde peut advenir. Ce seuil n’est pas pensable en tant que tel. Parce qu’il est zone d’articulation et de passage, le seuil est d’abord ce dont on fait l’épreuve. Éprouver le seuil, c’est faire l’expérience d’une co-advenue des existants en monde et de leur exposition au mouvement du naturer. La pensée ne peut surgir que depuis une telle épreuve. Elle est donc indissociable d’un geste, geste technique qui engage une approche : une manière sensible d’aborder ce qui se profile dans l’expérience d’une advenue, dans l’ouverture d’un monde.

        LA TECHNIQUE COMME RÉVEIL DES TEMPS

Aborder ce n’est donc pas « monter à bord », au sens où le bord pourrait se confondre avec le bateau lui-même ; ce n’est pas s’installer dans un véhicule circulant sur la mer conçue comme un simple support matériel ou comme un environnement à maîtriser. Aborder c’est faire l’expérience d’une traversée, d’un voyage. Son geste se fait avec la mer, la traverse et se laisse traverser par elle, c’est-à-dire par toutes les traces dont elle est porteuse et qui renouvellent une mémoire chargée de multiples historicités. La traversée est l’occasion d’articuler une contingence (un tracé) et une persistance (des traces). Car si le bateau peut lui-même être associé à un bord c’est que, perdu au milieu de la mer, dans cette matière instable aux contours labiles, il dessine le tracé qui articule un milieu ouvert, sans début ni fin, sans centre ni contour. Milieu sans limite sans pour autant s’identifier à un chaos. Car ce que le tracé révèle et articule dans le même mouvement, c’est la texture singulière de ce milieu, le tissage imperceptible et ouvert d’un ensemble de traces qui l’habitent et le constituent. Ces traces préexistent au tracé lui-même qui les réveille dans son sillage. Le tracé du bateau révèle la mer en tant que profondeur de champ, c’est-à-dire en tant qu’espace d’inscription. Il ne faut donc pas concevoir le tracé du bateau comme une simple trajectoire linéaire et superficielle déterminée par les seuls bords du bateau à l’intérieur d’un milieu lui-même déterminable comme système de relations positives. Le bateau n’est pas une entité autonome, bien au contraire, puisque son sillage entre en résonance avec d’autres sillages présents, passés ou à venir, inscrits dans et à travers la texture de la mer. La possibilité d’une telle résonance indique que le tracé du bateau vient toujours déjà en écho avec un tracer qui le précède et le rend possible : écart, espacement qui ouvre la possibilité d’un passage, d’une traversée. Seuil. Le tracer dit l’instabilité ontologique du naturer, le battement imperceptible et hors-champ qui l’ouvre et le déplie comme champs de résonance. Du tracer qui ouvre au tracéqui articule, le naturer se déploie comme profondeur de temps, c’est-à-dire comme mise en résonance de traces.

Penser la nature comme totalité ou système, c’est-à-dire comme ensemble de relations positives entre des entités objectivables, c’est la penser depuis l’oblitération du débord qui conditionne l’advenue des existants. C’est manquer le sillage de l’approche que suppose mon mouvement et l’espace d’inscription qui le rend possible. Penser depuis le geste d’un aborder sera mettre l’accent sur le mouvement qui se déploie dans l’approche. Approcher au bord pour laisser, dans le mouvement de cette approche, apparaître ledébord. Ainsi, le geste technique se déploie depuis l’épreuve de la mer et laisse apparaître, tout en s’y articulant, l’infinité de ses variations sensibles et la multiplicité de ses profondeurs de temps. Les existants sont des frayeurs d’espaces mouvants et des traceurs de temps multiples.

       LE GESTE TECHNIQUE : ÉCART-DE-CONTACT

Le geste technique ne vient donc pas déterminer une action, mais ouvre, initie une rencontre, laquelle se réalise dans l’épreuve d’un écart, d’un passage, qui accompagne une transformation, un vivre-avec. Le geste technique n’appartient donc pas à l’humain. De même, on ne peut pas simplement dire que l’humain a un monde, ni non plus que la tique a un monde 3. Il se fait qu’il y a des existants, des êtres et des traces non dénombrables dans l’espace et dans le temps, qui sont engagés dans l’épreuve d’un seuil, d’une transformation qui les expose (s’exposant les uns aux autres) et s’impose à eux (les traverse), activement et passivement. Un monde naît de la rencontre entre des existants hétérogènes. Un devenir trans-individuel les porte, les borde et les déborde : un devenir-monde est à l’oeuvre.

« Si je reviens sur la manière dont je faisais les vagues, la main à plat dans une flaque d’eau, c’est d’avoir évoqué, il y a quelques jours, ce souvenir, le réel du geste même s’en est suivi, quelques jours après, comme aspiré. Cette main à plat contre la surface froide qui se laissait trouer et se reformait par-dessus, ma main pourtant soudain plus légère, et quand je la remontais, il me semblait qu’elle aspirait l’eau, mais à peine, et j’avais ressenti l’amorce d’un de ces gestes à n’en plus finir, où le ”ma” de cette main-là se perdait. Il s’agissait de faire des vagues, pour voir, pour voir comment les vagues se faisaient, puisqu’il fallait bien qu’elles se fassent ou soient faites, mais dans le même geste voulu et même raisonné, advenait de l’agir, et j’en éprouvais comme une honte, à être là, accroupi, à cent pas de la mer du Nord, et tout seul ; une honte ? Un émoi, plutôt, et, pour ce que j’en pense maintenant, c’est que ma main était dehors, main d’humain et rien d’autre, abandonnée ou presque, hasardée à éprouver le réel, et si j’étais en faute, c’était de me croire capable de comprendre comment les vagues se faisaient. Et, de cette faute-là, j’en étais conscient, ou quasiment, alors que l’émoi de l‘agir, c’était tout autre chose qui n’était pas de l’ordre de la faute. Je m’y perdais, tout simplement, ce qui peut s’écrire : je S’y perdait. Il y allait d’un péril. » 4

C’est le bord de l’eau que Deligny cherche ici à approcher. Et alors qu’il s’était donné pour but de toucher l’eau de la main afin de déclencher le mouvement des vagues, le toucher lui-même se transmue en non-appréhendable. C’est comme si la main aspirait l’eau plutôt qu’elle n’agissait dessus : l’eau devient la respiration de la main, ce qui l’anime, ce qui l’agit. Quelque chose échappe à sa saisie intentionnelle. Le bord de l’eau devient le débord de la main, révélant en retour son propre débord, ce qu’il y a en elle d’inintentionnel : son « agir ». La main, qui dans un premier temps s’appréhendait comme instrument, se découvre comme étant d’abordtoucher. Il y a écart-de-contact de la main à l’eau. L’écart se révèle comme condition de possibilité même du contact. Alors que le faire privilégie le fait d’aller au contact, déterminant chaque moment de son « aller » en étapes orientées vers cette fin, l’agir dit la persistance de l’écart dans le contact, sauvegardant, en chaque moment de l’ « aller », l’écart qui le travaille. L’agir est ce qui rend le geste technique irréductible au seul faire. Alors que le faire est tout orienté par sa finalité dans l’objet visé, que ce soit sous la forme de l’acquisition ou de la production, l’agir est sans fin, au double sens de sans finalité et d’interminable. C’est pourquoi il est d’amorce, lieu de toutes les possibles transformations et métamorphoses. Car toujours la main qui touche manque ce qu’elle voulait toucher. Mais dans l’épreuve de l’écart, elle s’ouvre au monde.

         LA TECHNIQUE OU LE TOUCHER DU MONDE

L’expérience du toucher contient en lui le risque d’une perte, celle de S’y perdre, de se perdre dans l’écart là même où l’on pensait pouvoir se rassurer d’un contact. Plus il s’approche de l’eau, plus Deligny découvre le lointain de son agir. C’est qu’ici, dans le pli du touchant-touché, ce n’est pas la logique de la spatialité qui se trouve à l’œuvre, car ce pli est l’espacement irréductible qui travaille le corps, la main, au moment même où se touchant, elle entre en contact. Le plus proche y est aussi le plus lointain : « dehors plus lointain que tout monde extérieur, parce qu’il est un dedans plus profond que tout monde intérieur. » 5 Dans l’agir, c’est le dehors du monde qui se donne à pressentir. L’agir est ce qui, venant du dehors, traverse tous les existants et les ouvre à la rencontre. L’agir est ce qui en l’humain échappe à sa condition humaine et l’inscrit dans le mouvement du naturer.

Si le faire correspond au geste privilégié par l’humain en tant qu’être de volonté et de conscience, l’agir le rappelle au dehors qui le traverse et le déborde. Envisager le geste technique dans l’horizon de cette différence entre agir et faire, ce sera donc défaire la technique de la perspective anthropocentrique à laquelle elle a été rattachée. Ce sera accompagner Deligny dans ce geste qui vise à démettre l’être humain de sa prétention toute puissante sur une nature qui le déborde, le dé-prend et le sur-prend, à le démettre de sa volonté de soumettre les existants qui la composent à la loi de son arché, de son commandement. C’est pourquoi le faire, à quoi est généralement identifié le geste technique, se révélera n’être qu’un de ses aspects possibles, aspect qui, même s’il n’appartient pas au seul humain, a été si souvent privilégiée par lui. Accueillir l’agir du monde, ce sera reconsidérer le geste technique dans la dynamique d’un mouvement plus large, par-delà tout anthropocentrisme : envisager le geste techniquecomme mouvement d’accueil du déploiement de l’agir dans le/du monde, comme le toucher du monde. Le geste technique serait alors ce dans quoi et par quoi, à travers la multiplicité des êtres et formes de vie qui le composent, humains et non humains, un monde se touche.

Le geste technique nous porte au seuil du monde, tout proche, et toujours infiniment lointain. Le toucher du monde : le geste technique tient dans le double sens du génitif, dans le mouvement d’approche par où se dessinent les contours des choses du monde et dans le sentir qui y prend forme. 

Notes

1.

Le concept d’anthropocène a été formulé par le géophysicien Paul Crutzen pour désigner l’époque de l’histoire de la Terre qui aurait débuté lorsque les activités humaines, en particulier le développement industriel à partir du 18ème siècle, ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre. Nous serions alors entrés dans une nouvelle époque géologique dans laquelle l’espèce humaine aurait acquis le pouvoir d’agir sur le système Terre au titre de force géologique.

2.

On retrouve ici le récit prométhéen qui a fait le fond de la conquête moderne de la nature par l’ « Homme » (figuration mythifiée du producteur et consommateur moderne).

3.

Voir Jacob Von Uexküll, Milieu animal et milieu humain, Paris, Rivages, 2010. Uexküll a développé le concept d’Umwelt (traduit en français par « monde propre ») pour qualifier l’environnement sensoriel propre à une espèce ou un individu. Ainsi la tique ne réagirait qu’à trois stimuli externes qui déterminent son Umwelt.

4.

Fernand Deligny, L’arachnéen et autres textes, Paris, L’Arachnéen, 2008, p. 219. Fernand Deligny (1913-1996) est une des références majeures de l’éducation spécialisée, proche des courants de la psycho-thérapie institutionnelle (François Tosquelles, Jean Oury, Félix Guattari). Il a été un opposant farouche de la prise en charge classique des enfants difficiles (délinquants) et des enfants avec autisme. Son expérience avec ces enfants est à l’origine des lieux alternatifs de l’éducation spécialisée que l’on regroupe sous le vocable générique de lieu de vie.

5.

Gilles Deleuze, Qu’est-ce que la philosophie, Paris, Minuit, 2005, p. 59.

 


 

https://www.terrestres.org

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Publié le par jean françois
DELIVEROO

DELIVEROO

HUMEUR : DÉLIVRANCE

 

 

Notre langue française est riche, derrière ce mot de délivrance se cache : la libération, le soulagement mais aussi la livraison.

 

Le siècle des lumières a délivré l’homme plongé dans l’asservissement aux dogmes, célébrant ainsi la raison de Kant, alors que l’austère et pessimiste Schopenhauer pense plutôt l’homme comme :

 

« Un animal métaphysique capable de s’étonner devant sa propre existence et devant le spectacle du monde, comme un être aspirant à l’absolu. »

 

Les lumières étaient censées éclairer le monde et rendre l’homme libre. Bien sûr le mythe s’est traduit, notre monde a radicalement changé, grâce à l’expansion des sciences et des techniques, qui pourrait dire le contraire ? Mais au service de qui, et pour quoi ?

 

Oublié non pas les lumières, mais l’idéal des lumières pour une nouvelle évolution, révolution, celle du numérique. La question est le numérique est-il une délivrance ?

Présent dans notre vie quotidienne, les sociétés de services prétendent êtres les vecteurs de nos libertés, de notre liberté. Profondément installés dans nos canapés, face à nos écrans ou écrans en main, nous attendons le livreur de Déliveroo, instrument de cette magnifique star-up, qui après avoir hameçonné les travailleurs précaires, les chômeurs en début de droits ou en fin de droits les ont mis sans aucun droit sur leurs propres vélos, tous ces droits sont bien éloignés des Droits de l’homme des lumières, et en guise de lumière, ces jeunes hommes font du slalom entre les phares des voitures quand la nuit tombe, sur leurs vélos tout terrain, ils roulent sur les pavés glissants, les trottoirs, les passages pour piétons, ils franchissent les feux tricolores, arcs-en-ciel de leur délivrance, le temps presse !

 

La plate-forme gourmande de liberté, assure notre satisfaction, notre sécurité pas de risque vous serez livré à l’heure, c’est dans le contrat.

Mais la liberté, la sécurité ne sont pas des biens à partager, les livreurs ces temps-ci ont vu leurs rémunérations réduites de 30 à 50%, il leur faut aller plus loin, plus vite, travailler plus longtemps.

 

Ces esclaves du numérique, sont souvent nos enfants en recherche d’un complément de revenu pour survivre, en faisant leurs études.

Après avoir fait travailler les enfants d’Asie, puis d’Afrique loin de nos yeux, ce sont nos propres enfants que nous mettons sur de vélos, pour nous délivrer des tâches quotidiennes.

 

On n’arrête pas le progrès, après le pousse-pousse, la calèche, la locomotive à vapeur, la voiture électrique, on revient au vélo !

 

Les excès des lumières nous éblouissent, et pourtant nos loges résonnent encore comme un cri d’espérance, de délivrance,de la devise : Liberté, Égalité, Fraternité.

 

Jean-François.

Louis XVI donne ses instructions au Capitaine Jean-François de la Pérouse, Franc-Maçon initié à la Loge l'Heureuse Rencontre à Brest.

Louis XVI donne ses instructions au Capitaine Jean-François de la Pérouse, Franc-Maçon initié à la Loge l'Heureuse Rencontre à Brest.

juan Gris la fenêtre

juan Gris la fenêtre

Liberté 
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Paul Eluard

Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)
Au rendez-vous allemand (1945, Les Editions de Minuit)

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Publié le par jean françois
LA CÈNE

LA CÈNE

LA FIN DU BANQUET

 

 

La postmodernité célèbre la fin du banquet, de ce banquet de Platon où chacun s’assemble autour de la table fraternelle pour aller de son discours sur l’amour, sur toutes les formes d’amour. Aujourd’hui les repas consacrés aux affaires fraternelles sont remplacés par des vidéos conférence au mieux, au pire par quelques mails.

 On ne se réunit plus on se désunit, les lumières qui jaillissaient de la confrontation des esprits, ont été abolies au profit du culte du Dieu numérique. 

 

On ne partage plus le pain nourriture spirituelle qui fait notre force, ni le vin symbole de la connaissance qui élève notre esprit, au mieux l’on se transmet une clé USB, au pire un fichier. La mémoire vive, brute remplace la mémoire humaine, la transmission se fait sans partage.

 

Les lumières qui devaient libérer l’homme de l’obscurantisme par leurs excès, leurs soumissions aux techniques et aux sciences et la relégation de la spiritualité à la croyance, nous ont plongés dans une autre soumission, une dépendance, une addiction aux robots.

La main, la voix sont devenues virtuelles, crée et gérées par des algorithmes.

 

On a bien plus que l’on est, l’on devient aussi totalement transparent en livrant gratuitement nos données personnelles, intimes, pour bénéficier de l’improbable sécurité d’un risque zéro, l’exemplarité même se négocie sur le marché des GAFAM.

 

Marc Dugain dans son dernier roman de 2019 Transparence, édité chez Gallimard a écrit :

 

« La confusion entre l’être et l’avoir nous a confrontés au cours des années à des individus qui avaient de plus en plus tout en étant de moins en moins (…) Être pour avoir sans rien faire est devenu le triptyque de la révolution numérique qui a succédé sans difficulté au fameux travail-famille-patrie ou liberté-égalité-fraternité. »

 

Nous avons perdu à la fois le symbole et le sens profond du banquet fraternel, le sens de la nouvelle alliance, celle de l’amour entre les hommes au-delà de la raison. Il ne nous en reste qu’une forme dégradée : la mièvrerie du vivre ensemble ! Cette mièvrerie artificiellement, hypocritement entretenue par une morale sociale de plus en plus contraignante suppléante à notre absence de responsabilité et d’exemplarité, diluées par la montée de notre individualisme et notre incapacité à l’amour d’autrui.

Nous renonçons de plus en plus à nos libertés, issues des lumières.

 

Avant les lumières nous étions soumis aux dogmes religieux et à d’obscurs despotes, aujourd’hui ils sont remplacés par le Dieu numérique et ses élites hors de contrôle. C’est sans doute pourquoi, les agapes maçonniques qui suivent les travaux, et symbolisent l’amour Agapae, restent un temps précieux indispensable, de rencontre de l’autre, un lieu ou le triangle, esprit âme et cœur est bien vivant, un lieu d’amour fraternel quand l’obscurité de la nuit envahit le monde. 

 

 

Jean-François.

LA FIN DU BANQUET

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Publié le par jean françois
LES OISEAUX PORTEURS DU VERBE

LES OISEAUX PORTEURS DU VERBE

 

 

Chaque année alors que la lumière du soleil décline, le verbe Sacré projette sa lumière sur les pierres de l’ancienne abbaye de Landévennec, là ou la terre finie frôle le ciel, un spectacle éclaire notre connaissance, nous propose un retour vers nous-mêmes, les artistes transcendés par la beauté des textes de l’orient, montent dans les airs sur les ailes des oiseaux et nous font partager leurs émotions. La huppe l’oiseau du roi de justice, du roi Salomon, nous invite au voyage dans les 7 vallées, vers la quête de l’oiseau sacré du Sîmorgh. Cette invitation annuelle à la recherche de la vérité, dans un moment de sérénité où le temps suspend son vol, pour une respiration profonde, est un geste immanquable, pour la simple contemplation de la beauté. Comme toujours la magie du Verbe Sacré s’opère en liant le profane et le Sacré dans deux textes, les acteurs, le lieu, donnent une résonance particulière à cet acte qui élève l’esprit du spectateur en le plongeant vers son soi profond, le libère pour envol spirituel. Tous les chercheurs de lumière ne manqueront pas de se rendre à cette nouvelle édition et dixième édition du Verbe Sacré, pour écouter le chant des oiseaux.

 

Jean-François.

LES OISEAUX PORTEURS DU VERBE

 

Chants d’origine.

Il existe des événements qui, de par leur présence douce, régulière et familière donnent l’impression d’être éternels ; le festival « Verbe Sacré », porté par la plume feutrée et la vision d’Antoine Juliens, célèbre cette année sa dixième édition.

L’homme vient de loin. Un loin relatif puisqu’il est originaire de la capitale de la Gaume, du Luxembourg belge. Il se forme successivement aux arts plastiques à l’école Saint-Luc de Bruxelles puis au métier d’acteur et metteur en scène à l’Institut des Arts de Diffusion avant de mettre le cap sur Louvain-la-Neuve pour peaufiner son talent au Centre d’Études Théâtrales. En 1991, il fonde, avec la comédienne Isabelle Maudet, la compagnie TEATR'OPERA, avec le désir de promouvoir la création théâtrale pluridisciplinaire. Une carrière fructueuse s’ensuit, partout en Europe et au-delà de nos occidentales frontières.

En presqu’île, tout a commencé lorsque Antoine Juliens participait au festival de théâtre Louis Jouvet initié par Christian le Breton, en 1993. Et même si ses pas l’ont maintes fois mené en Bretagne, il faut attendre 2010 pour qu’il se voie confier la création et la direction artistique de « Verbe Sacré ». Le succès est immédiat et en l’espace de quelques éditions, l’événement fait partie des instants culturels où le plaisir et l’exigence fascinent et attirent un public d’avertis, de curieux, d’amoureux de la parole et, de plus en plus, de quiconque veut se laisser porter par une nuit merveilleuse et spectaculaire dans les ruines de l’ancienne abbaye.

Il y a, toujours, une rencontre entre un texte sacré et un texte profane, comme pour créer une mythologie nouvelle, un appel à l’universalité du spirituel qui au-delà du religieux fait un écho humain, comme le ricochet lancé au miroir de l’étang disperse des ronds dans l’eau bien longtemps après que le galet a sombré sous la surface … Il y a là une nécessité à faire exister dans notre joli coin de carte postale ce travail sur l’oralité, cette proposition artistique unique, singulière.

Cette année, si Verbe Sacré a lieu, c’est à la grâce d’actes bienfaiteurs, de bonnes volontés et aussi de soutiens parmi les gens d’ici. Alors, même si TEATR’OPERA a perdu certains de ses soutiens financiers, l’événement aura bien lieu, cette année encore. Et quelle dixième édition !

« Le Jour des Oiseaux »

Un conte éco-philo-logique, une rédemption symbolique, un pont entre les origines et maintenant, l’exil et l’éden, une synchronicité entre l’Occident et l’Orient : La Genèse, Olivier Messiaen et le Cantique des Oiseaux de Farîd od-dîn’Attâr. Inspiré entre autres sources par la traduction d’Henri Meschonnic pour la Genèse, les notes ornithologiques de Messiaen et enfin, l’envol du parfumeur, le guide des âmes, le poète persan du 12ème siècle Attâr.

Il y a une candeur indéniable, une joie primordiale qui jalonne le récit de ce Jour des Oiseaux. C’est un voyage. Celui de ces volatiles babillards et bavards qui partent à la recherche de la Vérité, comme chacun·e d’entre nous cherche un jour son jardin clos, son Eden, la Paix. A la manière d’un Mistère l’histoire nous convie à une quête initiatique et pleine d’humour qui fait de ces Oiseaux autant d’allégories de nos terrestres humanités.

Chez Attâr, brûlés par le désir de trouver leur Roi, tous les Oiseaux du monde se réunissent. Guidés par la Huppe, messagère de Salomon, ils décident de s’envoler vers Sa Majesté Sîmorgh, l’oiseau théophane, qui vit au sommet du mythique mont Qâf. La Huppe connaît le long et difficile voyage, elle en sait les dangers et les épreuves. Il faudra traverser les sept vallées successives du Désir, de l’Amour, de la Connaissance, de la Plénitude, de l’Unicité, de la Perplexité, du Dénuement et de l’Anéantissement, pour parvenir enfin jusqu’au trône royal.

Mais les Oiseaux hésitent à prendre leur envol. Alors, par le biais du même procédé qui permit à Shahrazade d’infléchir, après mille nuits, la volonté meurtrière du Sultan, la Huppe conte à chacun une histoire de sagesse qui les invite à abandonner leurs biens, leurs amours, leurs certitudes, à renoncer à eux-mêmes pour entreprendre le voyage.

Car au bout du chemin, ce trajet de soi à soi, il y a le verger. A l’extrémité du périple, ce dénuement, il y a le miroir tendu. Un reflet de notre simple humanité. Cette fragilité, cette impermanence au coeur d’une nature sur laquelle nous ne régnons pas mais dont chacun·e d’entre nous est un atome, une quantité infinitésimale d’amour qui permet au grand Tout, tant de beauté, de tenir en place … un retour heureux au Jardin des débuts, comme si le sens de la vie n’était en fait qu’une direction, un sourire, une joyeuse balade pour garder les yeux, les bras et le coeur ouverts.

Alors pour embarquer à tire-d’aile dans l’aventure de ce « Jour des Oiseaux », rendez-vous les 12, 13 & 14 septembre à 20H45, sur le site de l'ancienne abbaye de Landévennec.

Et aussi, la Table Ronde « Dans le souffle des oiseaux, la voix de la Genèse » à l’abbaye Saint-Guénolé (nouvelle abbaye), auditorium, le 14 septembre à 15H00, en présence de Christian Roblin, Jean-Michel Grimaud, Serge Kergoat, Marie-Josette le Han, Ivon Tranvouez et Antoine Juliens.

Renseignements & Réservations :

violaine.andrieux@gmail.com - tél. 06 31 41 49 25

musee.landevennec@orange.fr - tél. 02 98 27 35 90

LES OISEAUX PORTEURS DU VERBE

"Mon oeuvre porte en elle une vertu étrange

C'est que plus tu la lis, plus elle est généreuse

Plus tu pourras la lire, sans cesse y revenir

Et plus à chaque fois tu goûteras ses mérites."

Epilogue  distiques 4506-4507 Le Cantique des Oiseaux de Farîd od-dîn 'Attâr.

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