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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jacques Viallebesset

Cet article est reposté depuis L'atelier des Poètes - par Jacques Viallebesset.

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Publié le par Jean-François Guerry, Jean-Pierre Rousseau, Jacques Viallebesset, Philippe Jouvert
L'AUBE

L'AUBE

LA DERNIÈRE PAGE, L’AUBE

 

L’année 2020 va fermer ses volets, enfermer ses ombres et ses lumières dans notre mémoire. Comme toujours nous en conserverons les meilleurs et les pires moments.

C’est l’ordre naturel des choses, la vie est faite d’ombres et de lumières, sans ombres il n’y a pas de lumières.

 

Nous refusons souvent les ombres, nos parts d’ombres, par manque de courage. À force de nous protéger des ombres avec notre principe de précaution, nous n’osons plus le courage. Nous voulons combattre sans risque, nous avons des victoires sans gloires. Est-ce l’ordre naturel des choses ?

Je voudrais en cette fin d’année, rendre un hommage particulier aux héros du quotidien, à tous ceux qui soignent nos corps et nos âmes, avec courage et souvent sans prendre précaution d’eux-mêmes.

Pendant qu’en les observant nous nous plaignons que nos oreillers ne sont pas assez douillets, alors qu’eux se lèvent tous les matins pour soulager nos souffrances. Une pensée aussi pour tous ceux qui comme chaque année dorment dans nos rues, ou sont parqués dans des camps en plein hiver. Est-ce l’ordre naturel des choses ?

Et nous, nous refusons le réel, l’imprévu, quand il arrive nous perdons confiance en toutes choses, plus grave en tout le monde. Notre vie ne devient alors qu’une succession de crises d’angoisse. Nous sommes comme des machines en panne en attente de la pièce à remplacer. Est-ce cela la force, la sagesse et la beauté humaine ?

 

Habitués à ne vivre que de frigidaires et de mots croisés…. Comme le disait Saint-Exupéry, nous oublions notre recherche de la Lumière, surtout quand elle s’affaiblie.

 

L’ordre naturel des choses, c’est la mémoire du passé qui nous guide dans le labyrinthe de l’avenir, c’est la confiance en nous-mêmes, la confiance dans les autres, dans l’autre, dans l’homme. Le frère Rudyard Kipling nous le rappelle avec son magnifique poème « Si… » - « Tu seras un homme mon fils.. ». C’est un hymne à l’espérance, une injonction à marcher avec modestie dans les pas du plus humble de tous, celui qui a dit aimer vous les uns les autres. Celui qui a vécu toute sa vie, jusqu’à sa mort dans l’espérance de la révélation d’un monde nouveau, un monde où l’amour et la joie sont dans les cœurs. C’est tout ce que vous souhaite, ce que je nous souhaite pour cette année 2021, que la lumière soit sur notre chemin.

 

Bien Fraternellement.

 

Jean-François Guerry.

Le Phénix et le PélicanLe Phénix et le Pélican

Le Phénix et le Pélican

L'utopie est-elle nécessaire à la recherche de 

l'amélioration matérielle et spirituelle ?

 

 

Rêve d'idéaliste, rêve humaniste !

Utopie illusoire, virtualité triste !

Le Tout vrai moteur dans la quête de l'inconnu

Machine de l'espoir confronté à l'imprévu.

Cherche au fond de ton cœur ce qui t'aide à marcher

Émergence de l'idée sans avis préconçu

Tel Perceval qui passe de profane à élu.

 

             Jean-Pierre Rousseau.

Avec l'aimable autorisation de l'auteur.

forget me not...

forget me not...

soleil levant

soleil levant

Initiation à l’amour

 

L’oiseau de vérité s’est envolé au vent

Mais l’image de mon étoile émarge en moi

Comme un rien de conscience blotti dans ma nuit

Entre Orient et Occident luit l’étoile polaire

Je m’en retourne vers le centre du labyrinthe

Pour mourir et revivre au tombeau de mon cœur

Je vais portant dans mes bras un coffre secret

Vaisseau pour partir au-dessus des abîmes du temps

J’ai traversé le miroir dont une face tue

Et l’autre fait renaître dans une plus haute lumière

J’ai trouvé sous l’aile d’un phénix né de ses cendres

Une lueur sortant par soi-même des ténèbres

Et la parole neuve et pure par elle engendrée

La vie et la mort s’entrelacent dans une tresse

Jamais rien de vrai ne meurt l’Amour est vivant

Je ne suis qu’un homme porteur d’un humble trésor

Marchant à la rencontre du soleil levant.

Jacques Viallebesset.

Avec l'aimable autorisation de l'auteur.

Jacques Viallebesset

Jacques Viallebesset

LA DERNIÈRE PAGE, L'AUBE
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Jacques Viallebesset. Amour et poésie, quand ils sont conçus. Comme fins et moyens du vivre,. Donnent plénitude de sens au « vivre pour vivre ». Edgar Morin.
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L’hiver au cœur

Et le souffle du vent me met le cœur en miettes,

Je cherche sur la dune des épines de pin

Et contemple là-bas mon cimetière marin,

Où s’estompe déjà l’obscure goélette...

 

J’ai le cœur en hiver ce matin de printemps,

Contemplant mes alpages où se meurent mes rimes

Que je beugle ou récite ça dépend de mon crime,

Et ça dépend du feu qu’attise le grand vent.

 

Je marche sur l’arrête de l’absente colline

Où la fièvre brûle d’une passion chagrine

Où j’aimais tant rêver au temps de nos mensonges

 

Elle m’arrimait là-haut en m’esquintant le cœur

J’ai l’hiver dans la tête en sectionnant ma longe

Qui laisse sur mon âme une étrange langueur…

 

Philippe Jouvert.

Avec l'aimable autorisation de l'auteur.

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Publié le par Jean-François Guerry
DROITS ET DEVOIRS PART IV

DROITS ET DEVOIRS Part IV.

 

Plus nous avançons dans la réflexion, plus notre opinion peut varier, c’est notre faculté à combattre nos préjugés, il s’agit pas de nager toujours dans le sens du courant, pas plus que de nager à contre sens, ce qui serait aussi dommageable, nous devons essayer de n’être ni « bisounours » ni « réac », ce qui ne veut pas non plus dire que nous devons être dans la mode du en même temps, de la déification de la tolérance, cette tolérance qui rend supportable la vie en société et qui se situe entre la justice et l’amour avec sa compagne l’équité, les trois formant un triangle dont l’amour est pour moi le sommet, et si cela forme un cercle les deux cercles sont la justice et l’équité et l’amour est au centre. Je dois toujours me défier de l’équité qui est un ajustement de la justice à ma nature humaine, mais aussi au corps social, comme de la tolérance qui peut devenir une sorte de mépris, voir d’indifférence. Cela ne signifie pas par excès qu’il faille tolérer l’intolérance, se serait la porte ouverte à la haine. Si l’on admet que personne ne détient la vérité, car elle n’est pas une certitude on ne peut qu’être tolérant et à l’écoute de l’autre, c’est la reconnaissance du droit des autres, de l’autre. Peut-on pour autant infliger aux autres nos devoirs ? Peut-on aussi adopter toutes les opinions des autres, par principe, s’habiller des apparences, être d’accord avec toutes les opinions, c’est finalement n’en n’avoir aucune, c’est la pratique continuelle du en même temps, qui paralyse l’action, empêche toute vision. Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.

Vladimir Jankélévitch

Tolérer c’est aussi reconnaître les droits des autres, c’est prendre conscience de l’universel, les droits de l’homme sont alors sans limites, pourvu que l’homme vise la beauté du bon et du juste, même s’il est sûr de ne jamais l’atteindre ce qui compte c’est le chemin. À propos de la tolérance Vladimir Jankélévitch a écrit :

 

« La conscience du fondement métaphysique de la tolérance est d’abord conscience de la vérité de l’autre, conscience de la vérité de tous les autres, conscience - que l’autre quel qu’il soit – et même si son message est très balbutiant  (je ne sais ni lire ni écrire…), même s’il est maintenant mon ennemi – représente une humble parole de cette vérité. (…) Cette conscience de la vérité de l’autre quel nom pourrait lui convenir sinon celui de modestie. »

 

Qui suis-je donc pour juger si les autres font leur devoir ? Il ne s’agit pas encore une fois de tolérer, tous les vices, les caprices, les mensonges, de l’autre, des autres, mais d’écouter son message personnel, qui est la liberté de l’autre, son droit individuel, alors que les devoirs sont de l’ordre du collectif, certes essentiel à la vie sociale.

 

C’est l’observation des droits naturels de l’homme qui fait naître en nous volonté de faire notre devoir. Les droits sont à la naissance des devoirs et non l’inverse, les devoirs sont les bornes, soumises à la loi de chaque groupe, de chaque pays, les droits sont universels. Les droits sont des principes, les devoirs sont du domaine du contrat. Les droits sont naturels, universels, les devoirs la conséquence sur le plan social des droits, les devoirs expriment une volonté générale, instituée par la loi.

 

Les écueils des devoirs :

 

Les devoirs peuvent devenir des étocs, ces têtes de roche que connaissent bien les marins. Ils surgissent sous l’influence du vent des marées. Suivant les époques surtout quand l’insécurité règne, quand le bras de l’état tremble, qu’il est incapable de protéger les citoyens. Les étocs apparaissent, ils sont moralisateurs, arbitraires, liberticides, ou de simples   platitudes auxquelles tous nous souscrivons si nous sommes de bonne foi :

« Ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse. » (morale religieuse, puis laïque et reprise par les Francs-Maçons, qui semble si évidente)

 

« Etre un bon fils, un bon père, un bon ami, un bon époux. »

(Cela sent le travail, famille, patrie !)

 

« C’est sur le maintien des propriétés que reposent la culture des terres, toutes les productions, tout moyen de travail, et d’ordre social. »

 

Il n’y a rien d’obscène dans ces déclarations, rien non plus qui soit enthousiasmant.

 

En 1948 exit de la Déclaration Universelle le mot de Devoir. L’on ne parle que de droits sociaux, économiques et culturels. L’on voit cependant une allusion du devoir envers la Communauté nationale.

Nicolas Sarkozy le discours de Grenoble

Le 30 juillet 2010 Nicolas Sarkozy au milieu de son mandat prononce le discours de Grenoble pour l’investiture du nouveau préfet Eric Le Douaron, suite aux violences dans les quartiers de cette ville et à l’attaque de policiers. Les devoirs font leur réapparition en même temps que les droits. Les observateurs de la vie politique font remarquer qu’à l’aube de chaque élection présidentielle la sécurité redeviens le thème préféré des candidats. Il faut parler de sécurité et des devoirs.

Les slogans ressortent : les droits ne vont pas sans les devoirs ; vous nous parlez des droits mais vous oubliez les devoirs  etc….

Extraits du discours de Grenoble le 30 juillet 2010, c’est-à-dire il y a bientôt 11 ans et deux présidents plus tard…

 

 « Les forces de l'ordre ont été prises à partie par des assaillants qui se sont permis de leur tirer dessus à balles réelles avec l'intention de tuer.

 

C'est inacceptable.

 

L'homme qui est tombé sous le tir d'un policier venait de commettre un braquage. Non content d'avoir commis un braquage, il a ouvert le feu avec une arme automatique, une arme de guerre, contre les policiers. Ceux-ci ont riposté en état de légitime défense. En tant que chef de l'État, je veux dire que les policiers n'ont fait que leur devoir.

 

Si on ne veut pas d'ennui avec la police, on ne tire pas à l'arme de guerre sur la police dans un pays qui est un Etat de droit comme la France.

 

C'est donc une guerre que nous avons décidé d'engager contre les trafiquants et les délinquants.

 

…aucune cité, aucune rue, aucune cage d'escalier, aucune barre d'immeubles ne doit échapper dans ce département et dans cette ville à l'ordre républicain. C'est votre devoir.

 

Simplement face à certaines situations, il est de mon devoir de trouver la meilleure personne à la meilleure place.

 

Mais réfléchissez, si j'étais venu ici pour vous dire: on a tiré à balle réelle sur des policiers, j'organise un colloque, qui m'aurait pris au sérieux.

 

Je laisserai ceux qui le veulent crier à l'atteinte aux libertés individuelles. Moi je pense que la liberté individuelle est gravement atteinte lorsque que les voyous font régner la terreur devant des immeubles d'habitation.

 

De même nous allons réévaluer les motifs pouvant donner lieu à la déchéance de la nationalité française. Je prends mes responsabilités. La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police ou d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique. La nationalité française se mérite et il faut pouvoir s'en montrer digne.

 

La question de la responsabilité des parents est clairement posée. Je souhaite que la responsabilité des parents soit mise en cause lorsque des mineurs commettent des infractions. Les parents manifestement négligents pourront voir leur responsabilité engagée sur le plan pénal.

 

Est-ce que cette famille peut continuer à aller au bureau de la Caisse d'Allocations Familiales pour percevoir les allocations, comme s'il ne s'était rien passé?

 

Parallèlement, je souhaite que nous engagions une importante réforme pour améliorer la lutte contre l'immigration irrégulière. Chaque année, une dizaine de milliers de migrants en situation irrégulière, dont des Roms, repartent volontairement avec une aide de l'Etat. Et l'année suivante, après avoir quitté le territoire avec une aide de l'Etat, ils reviennent en toute illégalité pour demander une autre aide de l'Etat pour repartir. Cela s'appelle « un abus du droit à la libre circulation ».

 

Je vous laisse libre de faire un état des lieux 11 ans après ces déclarations.

Personne d’honnête n’a jamais dit que les citoyens n’avaient pas de devoirs envers la société, ces devoirs sont en reflets avec les droits accordés de longue lutte par nos anciens, ne pas respecter les devoirs qui y sont liés c’est bafouer les droits. Mais nous ne pouvons inverser la hiérarchie droits devoirs en devoirs droits ce serait anti démocratique à mon sens, et même dangereux imaginons que nous subissions une dictature !

J’aborderais maintenant les devoirs du citoyen français, européen, du monde, y-a-t-il des devoirs universels ? Qu’en est-il des devoirs en général.

 

Les devoirs du citoyen est un thème récurrent de l’éducation civique, qui a peu de succès et surtout tient peu de place dans l’éducation nationale, je ne suis pas enseignant, mais je pense que nous pourrions associer cette prise de conscience des devoirs avec les libertés et la liberté en général au lieu d’opposer liberté et devoir, ce serait certainement plus attractif.

 

Les devoirs des citoyens par rapport à la loi, peuvent être qualifiés de juridique. Nul n’étant censé ignorer la loi, s’il l’enfreint il n’accomplit pas son devoir de respect des lois qui régissent et permettent la vie en société, pour autant que les lois résultent de la représentation nationale ce qui est le cas dans nos démocraties occidentales fussent t’elles imparfaites elles ne sont pas des dictatures, donc nous devons nous soumettre aux lois de notre pays. Les francs-maçons s’engagent par serment à ce respect et au respect de l’autorité de l’état et de sa représentation, ce respect est une dignité, la dignité du citoyen. Le franc-maçon fait allégeance à son corps maçonnique et à ses représentants pourvu qu’ils en soient dignes et ne fassent rien qui soit contraire aux lois de notre pays, et à la morale universelle.

 

Ainsi les devoirs juridiques se rejoignent avec les obligations morales. Ce n’est malheureusement pas présenté ainsi dans les cours d’éducation civique !

Le libellé même de la déclaration de 1789 contient cette affirmation, il est question des Droits de l’Homme et du Citoyen. C’est-à-dire de droits moraux naturels, universels et de droits du Citoyen par rapport à la société civile dans laquelle l’on vit. Le respect d’autrui ne peut pas être que juridique, il doit devenir naturel, ce qui veut dire qu’il doit être travaillé, entretenu, devenir une douce habitude, une vertu.

 

Cela n’est possible qu’au-delà de la simple tolérance ou du respect qui vont au vous, il faut que ces devoirs moraux aillent au toi. Le respect qui va au vous, incarne une avancée vers l’autre, mais il n’est qu’une étape, vers la fraternité et le mystère de l’amour, il est promesse de l’amour, mais pas amour. Le respect est l’admiration de la chose, de l’acte, de l’individu vénérable respectable, on s’agenouille avec respect devant la chose pour l’admirer comme un mystère, voir l’incarnation ce n’est pas encore l’aimer. Les sœurs et les frères ont parmi elles et eux des vénérables et des respectables sœurs et frères, qu’ils admirent et respectent, elles, ils, incarnent une hiérarchie spirituelle, elles, ils sont des portes ouvertes vers l’amour fraternel.

 

L’irrespect grandissant de notre société, empêche l’élévation de la conscience, ce que Léon Brunschvicg appelle : la conversion du respecté au respectable,dans son ouvrage Le progrès de la conscience dans la philosophie occidentale.

C’est plus qu’au respect du devoir qu’il faut parvenir, il faut parvenir à l’amour du Devoir, c’est un des secrets du maître maçon, cette propédeutique est proposée dans les rituels maçonniques aux francs-maçons zélés et fidèles. Ils s’engagent à aimer la justice et donc faire leurs devoirs. On ne peut aspirer aux droits sans en être digne, c’est-à-dire sans accomplir ses devoirs. Le devoir est inflexible, il s’impose à nous, dans la cité, comme dans la solitude du désert, il est impératif.

 

Alors l’instruction civique qui recommande de payer ses impôts, de servir la nation du mieux que l’on peut est bien le minimum de nos devoirs. Dans cette instruction civique l’on trouve des devoirs de nature morale, dont on se demande qui pourrait y être opposé comme :

« Etre loyal envers la communauté internationale, participer à la vie politique, voter, faire preuve de civilité et de solidarité, ne pas discriminer, porter assistance aux personnes en danger, ce qui est obligation (et ce qui est considéré aujourd’hui comme un acte d’héroïsme !),défendre l’environnement, cultiver sa pensée et son esprit critique etc.. »

 

L’ensemble de ces devoirs recommandés par l’instruction civique semble bien faible aux regards des droits qui sont octroyés aux citoyens !

 

En contrepartie de ces droits de devoirs de l’homme et du citoyen, l’état s’engage :

« A protéger, promouvoir les droits de l’homme, à faire prendre conscience aux citoyens des droits humains et les protéger, de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger toute personne de violence, de menace, représailles, discriminations, de pression arbitraire »

 

Je ne vous parlerais pas des devoirs du citoyen européen car il n’existe aucun texte précis concernant ces devoirs, ils sont en clair identique aux devoirs des citoyens français. L’Europe semble moins exigeante sur ce problème, que sur celui des normes marchandes.  

 

 

À suivre….

 

Jean-François Guerry.

 

 

DROITS ET DEVOIRS PART IV

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Publié le par Jean-François Guerry, Loge Kleio
Déclaration des droits et devoirs de l'homme 1795

Déclaration des droits et devoirs de l'homme 1795

 DROITS ET DEVOIRS PART III.

Revenons à la Révolution française, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, aurait pu s’appeler Déclaration des Droits et Devoirs de l’Homme et du Citoyen, sous l’impulsion de l’Abbé Grégoire, Abbé révolutionnaire qui voulait introduire les Devoirs dans cette déclaration. La bataille fut rude et sa proposition rejetée par 570 voix contre 533 après 62 heures de débats.

Il me paraît intéressant de vous rapporter l’excellent travail réalisé par la Loge Kleio de la GLA MF sur les Abbés Révolutionnaires en général et surtout l’Abbé Grégoire à l’origine de l’article I- de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

« LES ABBES REVOLUTIONNAIRES » 

 

« Au commencement était les États Généraux que Louis XVI convoque pour lever des impôts.

 

Ces États Généraux prévoyait une représentation par tiers :

 

  • La noblesse,
  • Le clergé,
  • Le tiers état.

 

On aurait pu s’attendre, lorsque la Révolution s’instaure, que le Clergé prenne une part importante dans les nouvelles institutions.

 

Il n’en sera rien, seuls quelques ecclésiastiques marqueront la Révolution de leur empreinte :

 

  • Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d’Autun,
  • Henri Grégoire, abbé d’Embermenil et de Vaucourt,
  • Emmanuel-Joseph Sieyès, chancelier de la Cathédrale de Chartres

 

Et dans une moindre mesure les abbés Fauchet et Lamourette.

 

Ayant déjà consacré un morceau d’architecture à Talleyrand-Périgord, je me consacrerai aujourd’hui aux deux abbés révolutionnaires, Grégoire et Sieyès.

 

Leurs origines :

 

Henri Grégoire est né le 4 décembre 1750 à Vého, près de Lunéville.

 

Il naît français, puisque sa paroisse fait partie de la province des Trois-Évêchés, et non du Duché de Lorraine.

 

Son père, Sébastien Grégoire, est un tailleur d'habits respecté, ayant eu un temps un office d’échevin, et sa mère Marguerite Thiébaut, est une femme unanimement décrite comme d'une grande piété et ayant un souci constant des choses de la religion en cette époque marquée par la ruralisation du bas clergé qui reste alors un moyen d’ascension sociale.

 

Henri Grégoire commence ses études avec le curé de son village qui remarque ses dispositions intellectuelles dès l'âge de cinq ans. Lorsque celui-ci n'a plus rien à lui apprendre, il rejoint l'abbé Cherrier dans le village voisin d’Emberménil, paroisse dont dépend Vého. Il a alors huit ans.

 

L'Abbé Grégoire

Il étudie, en compagnie de fils de hauts fonctionnaires au service du Duc de Lorraine Stanislas Leszczynski, beau-père de Louis XV, sur des livres de Racine, de Virgile, mais aussi à partir de la Grammaire générale de Port-Royal.

 

Grégoire est ensuite orienté par l'abbé Cherrier pour suivre des études au collège jésuite de Nancy de 1763 à 1768. Il s'y lie avec un de ses professeurs, M. de Solignac, ancien secrétaire de Stanislas Leszczynski, qui semble avoir eu une influence intellectuelle importante sur son élève, lui faisant découvrir les idées des Lumières et lui ouvrant les portes des milieux intellectuels lorrains.

 

Je rappelle, à toutes fins utiles, que lorsque Voltaire se doit de quitter la France pour censure, il se ressource à de nombreuses reprises auprès de Stanislas Leszczynski à Commercy et Lunéville.

 

Henri Grégoire conserve un excellent souvenir de ses études chez les Jésuites, même s'il a des reproches à leur faire : « J'étudiais chez les Jésuites de Nancy où je ne recueillis que de bons exemples et d'utiles instructions. […] Je conserverai jusqu'au tombeau un respectueux attachement envers mes professeurs, quoique je n'aime pas l'esprit de la défunte société dont la renaissance présagerait peut-être à l'Europe de nouveaux malheurs ».

Après le collège des Jésuites, il est orienté vers l’Université de Pont à Mousson. Lorsque la Compagnie de Jésus est bannie de France en 1763, l'enseignement est réorganisé par le diocèse et Grégoire rejoint la toute neuve Université de Nancy où il a comme professeur Antoine-Adrien Lamourette, futur évêque constitutionnel de Lyon.

 

De 1769 à 1771 il y étudie la philosophie et la théologie, pour faire suite aux humanités et à la rhétorique qu'il avait étudiées auparavant. Parallèlement, il suit des cours au séminaire de Metz tenu par les Lazaristes.

 

Alors qu'il passe une année comme régent de collège hors du séminaire, Grégoire commence à se lancer dans le monde. Il consacre notamment une grande partie de son temps à la poésie. Son premier succès public est le prix de l’Académie de Nancy, décerné en 1773 pour son Éloge de la poésie (il a alors 23 ans).

 

Voyageant constamment entre Nancy et Metz, il doit à l'automne de 1774, rentrer au séminaire de Metz, comme il est prescrit, pour la préparation à son ordination sacerdotale : il est finalement ordonné prêtre le 1er avril 1775.

 

Durant ses années de formation, Henri Grégoire est passé par une phase de doute sur sa foi et sa vocation religieuse. S'il rend hommage au milieu profondément croyant de son enfance, il ne cache pas dans ses Mémoires avoir goûté aux philosophes des Lumières et être revenu à la foi après d'intenses réflexions :

 

« Après avoir été dévoré de doutes par la lecture des ouvrages prétendus philosophiques, j'ai ramené tout à l'examen et je suis catholique non parce que mes pères le furent, mais parce que la raison aidée de la grâce divine m'a conduit à la révélation. »

 

Joseph Emmanuel Sieyes

Emmanuel-Joseph Sieyès, quant à lui, naît à Fréjus, en Provence, le 3 mai 1748, dans une famille nombreuse et modeste que l'on présente parfois, à tort, comme noble. Il veut être militaire. Mais comme il est chétif, ses parents, qui ne sont pas particulièrement dévots, le poussent vers la prêtrise. Ils y voient aussi une carrière tranquille et des revenus assurés

 

Il fait ses études d'abord chez les Jésuites de sa ville natale puis à Draguignan dans un établissement de la Congrégation de la doctrine chrétienne.

 

Le petit séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, l'accueille en 1765 puis celui de Saint-Firmin en 1770.

 

Sieyès est ordonné prêtre en 1772.

 

Deux ans plus tard, il obtient une licence de théologie et arrête là ses études.

 

Nommé en Bretagne en 1775 auprès de l'évêque de Tréguier, Monseigneur de Lubersac, Sieyès n'y réside que de façon intermittente, tout comme son supérieur, car c'est à Paris que se font les carrières ecclésiastiques.

 

La sienne (chanoine en 1778, chapelain d'une tante du Roi), lui apporte, sans être brillante, une sécurité matérielle suffisante pour lui permettre, en 1781, de céder à un frère cadet le bénéfice d'un second canonicat.

 

Durant ces années, Sieyès représente le clergé aux États de Bretagne, ce qui lui donne une première expérience du fonctionnement d'une assemblée. Il prétendra en être revenu indigné de la façon dont était traité le Tiers-État.

 

 

 

En 1780, il suit à Chartres son évêque, devenu un ami, qui le nomme grand vicaire puis vicaire général et, à nouveau, chanoine.

 

Sieyès poursuit parallèlement son éducation politique et juridique, d'abord en tant que commissaire à la chambre souveraine du clergé de France, poste qu'il obtient en 1786, puis comme membre de l'assemblée provinciale de l'Orléanais en 1787 où il croise Lavoisier.

 

Durant les six derniers mois de l'année 1788, il écrit trois brochures dont la dernière, publiée d'abord anonymement au début de l'année 1789, va faire date.

 

Sieyès un écrivain adepte de la forme courte dont l’habileté rhétorique marqua profondément l’imagination de ses contemporains.

 

Qu'est-ce que le Tiers-État ? est un immense succès.

 

Les rééditions s'enchaînent, 30 000 exemplaires sont vendus, un million de personnes les lisent.

 

Rappelons les trois premières lignes de son texte le plus fameux :

 

Qu’est-ce que le Tiers État ?

Tout ;

Qu’a-t-il été jusqu’à présent ?

Rien ;

Que demande-t-il ?

À y devenir quelque chose.

 

 

Le fond du texte, extrêmement radical, dénie aux ordres privilégiés leur place dans la Nation, met la noblesse hors la loi et appelle les représentants du Tiers-État à se constituer en Assemblée Nationale ; sa forme est brillante, ponctuée de formules chocs et provocatrices qui font mouche et restent en mémoire.

 

« Il y a donc un homme en France » écrit Mirabeau à Sieyès.

 

Le désormais célèbre chanoine entre rapidement en rapport avec les hommes qui vont animer les premières années de la Révolution : Mirabeau, Talleyrand, Grégoire, Lafayette, Duport, les frères Lameth, Condorcet...

 

Il fréquente également les salons et s'affilie à divers clubs, parmi lesquels la Société des Amis de la Constitution, dite Club Breton, qui deviendra le Club des Jacobins, dont il est l'un des premiers membres.

 

 

 

 

Leurs professions de foi :

 

En ce qui concerne l’abbé Grégoire, sans rien négliger de ce qui pouvait développer chez ses paroissiens l'amour et la pratique de la religion catholique, il s'appliqua à éclairer leur intelligence par l'instruction et à améliorer leur condition temporelle ; il forma dans son presbytère une bibliothèque morale et agronomique qu'il mit à leur disposition, et par divers voyages en France et en Allemagne (1784, 1786, 1789), il s'efforça d'acquérir les connaissances nécessaires pour les bien conseiller et diriger.

 

La sympathie pour les opprimés, qui devait dévouer une si grande part de sa vie à la cause des Noirs, lui inspira d'abord le projet de défendre celle des Juifs, alors assez nombreux en Lorraine, où on leur faisait payer, pour le droit de vivre, des taxes très lourdes au profit de l'État et des seigneurs.

 

Dans cette vue, il rédigea un écrit qui fut couronné par l'académie de Metz, en 1788, et imprimé l'année suivante intitulé : Essai sur la régénération civile, morale et politique des Juifs.

 

Dans cet essai, l’Abbé Grégoire indique :

 

« Tant que les hommes seront altérés de sang, ou plutôt, tant que la plupart des gouvernements n’auront pas de morale, que la politique sera l’art de fourber, que les peuples, méconnaissant leurs vrais intérêts, attacheront une sotte importance au métier de spadassin, et se laisseront conduire aveuglément à la boucherie avec une résignation moutonnière, presque toujours pour servir de piédestal à la vanité, presque jamais pour venger les droits de l’humanité, et faire un pas vers le bonheur et la vertu, la nation la plus florissante sera celle qui aura plus de facilité pour égorger les autres. 

 

Le concept-clé est ici celui de régénération, cette régénération dont parle sans cesse Grégoire, souvent identifiée à celle qui se trouve à la base du concept d’intégration « jacobine ».

 

Cette régénération ne s’applique pas seulement aux juifs ; tous les groupes ont besoin d’être régénérés d’une manière ou d’une autre pour s’intégrer à la nation française « blanche, masculine et catholique » : les paysans par une éducation qui finirait par éradiquer les patois, les Noirs par un intermariage qui les « blanchirait ».

 

Les femmes ne pouvant pas être régénérées en devenant des hommes, elles restent des citoyens de seconde zone.

 

 

 

En ce qui concerne l’Abbé Sieyès, sa profession de foi est à rechercher dans son ouvrage consacré au Tiers État, et plus particulièrement dans la seconde partie de son pamphlet, où il dénonce ce qui a été tenté par les gouvernements récents.

 

Il attaque les notables qui en 1787 ont défendu leurs intérêts, leurs privilèges contre la nation.

 

Mais la grande « audace », pour reprendre le terme de Jean-Denis Bredin, de Sieyès est davantage contenue dans les deux derniers chapitres de son ouvrage, même s'ils ne l'ont pas rendu célèbre :

 

« Ce qu'on aurait dû faire » : « Si nous manquons de constitution, il faut en faire une : la nation seule en a le droit. Les états généraux, fussent-ils assemblés, ils sont incompétents à rien décider sur la constitution. Ce droit n'appartient qu'à la nation seule. »

 

« Ce qui reste à faire ? » : se dissocier du clergé et de la noblesse : « Le tiers-état seul, dira-t-on, ne peut pas former les États généraux. Eh bien tant mieux ! Il composera une assemblée nationale. »

Pour Sieyès le vote par tête n'est même plus suffisant : il faut aller plus loin et délibérer seul.

 

Évidemment à la cour et au Parlement de Paris, ce pamphlet et le ton employé font scandale.

 

On menace de faire brûler cette brochure sur la place de Grève. Mais l'ouvrage, au-delà des polémiques du moment, marque une césure entre les instruments de l'Ancien Régime et les concepts politiques modernes, rappelle encore Jean-Denis Bredin : l'abolition des ordres, l'unité nationale, la souveraineté de la nation, la limitation de cette souveraineté par la seule liberté individuelle, distinction du pouvoir constituant et des pouvoirs constitués, la théorie de la représentation.

 

Mais cet ouvrage, si intolérant vis-à-vis de la noblesse, demeure pourtant si tolérant, on l'a dit, avec le clergé et aphone à l'égard du roi qui, précisons-le, à ce moment-là n'est pas remis en cause, sa fonction en tout cas.

 

Beaucoup ont vu dans cette brochure une œuvre politique majeure, à commencer par Benjamin Constant ou Carré de Malberg.

 

Alors pourquoi ce long et lourd silence des historiens de la Révolution sur ce personnage ?

 

Pourtant, en y regardant de plus près on pourrait voir dans ce Qu'est-ce que le tiers-état ? un appel à la lutte des classes à travers son rejet des privilégiés et sa farouche volonté de voir triompher le tiers-état. Comparaison osée ? Gageons alors qu'elle fasse débat et qu'elle redonne à Sieyès une place bien méritée dans l'histoire de France et de la Révolution française.

 

 

Leurs entrées en politique :

 

La popularité qu’Henri Grégoire avait acquise en Lorraine le fit élire par le clergé du bailliage de Nancy député aux États Généraux.

 

Il y contribua puissamment à décider le bas clergé à se joindre au tiers état et ainsi à déterminer la réunion des trois ordres.

 

À l’Assemblée Constituante, l'abbé Grégoire réclame l'abolition totale des privilèges, propose le premier la motion formelle d'abolir le droit d’aînesse (suivie dans cette motion par Mirabeau et Talleyrand-Périgord, victime de ce droit), et combat le cens du marc d’argent, exigeant l'instauration du suffrage universel masculin.

 

Nommé l’un des secrétaires de l'Assemblée, il fut l'un des premiers membres du clergé à rejoindre le Tiers-État de Sieyès, et se joignit constamment à la partie la plus démocratique de ce corps.

 

Il présida la session qui dura 62 heures pendant que le peuple prenait la Bastille en 1789, et tint à cette occasion un discours véhément contre les ennemis de la Nation.

 

Il proposa que la Déclaration des Droits de l’Homme soit accompagnée de celle des Devoirs.

 

L’abbé Grégoire est l’auteur de l’Article Premier de la Déclaration des Droits de L’Homme et du Citoyen.

 

"Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune."

 

Après avoir tenté en vain de se faire élire par le clergé, Sieyès est finalement désigné par le Tiers-État de Paris comme son vingtième et dernier député, contre la lettre du règlement de l'assemblée élective et malgré les contestations qui s'ensuivent.

 

Le nouvel élu rejoint les États-Généraux à Versailles le 19 mai et, dès le 27, propose une motion invitant les représentants du Clergé à se joindre à ceux du Tiers.

 

Cette bataille pour constituer une Assemblée Nationale en obligeant les deux groupes privilégiés à siéger avec le Tiers-État sous peine d'être exclus de la représentation est une première mais fondamentale étape de la Révolution.

 

Sieyès y joue le premier rôle et en occupe en permanence l'avant-garde.

 

Les principes qui sont finalement posés sont ceux que l'on trouve décrits dans ses opuscules.

 

Sieyès, devenu l'un des personnages les plus importants de l'assemblée, siège au Comité de Constitution.

 

Son influence s'exerce vigoureusement sur la rédaction de la déclaration des droits, même si les projets qu'il présente ne sont pas acceptés en l'état. Le droit au travail, le droit aux secours et celui de réformer à tout moment la Constitution sont ainsi abandonnés.

 

On prête à Sieyès la paternité de l’article 3 de la Déclaration :

 

« Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. »

 

Je rappelle que l’on prête la paternité de l’article 6 de la Déclaration à Talleyrand-Périgord.

 

Ainsi, sur les 7 articles fondamentaux de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, trois sont issus de l’esprit de nos abbés révolutionnaires.

Médaille de Loge les Neuf Soeurs

 

Leurs attaches maçonniques :

 

Emmanuel-Joseph Sieyès aurait fréquenté diverses loges :"Les Amis devenus Frères" à l'Orient de Fréjus avant la Révolution, puis à Paris la Loge "des Neuf Sœurs" (dite loge des Philosophes) et la Loge de la rue du Coq-Héron.

 

On prête à l’Abbé Grégoire d’avoir été initié à la Loge des Neuf Sœurs.

 

Leurs dilemmes religieux :

 

L’Abbé Grégoire vota l'abolition des vœux monastiques, mais en demandant la conservation des établissements religieux qui avaient rendu des services à la science et à l'agriculture. Après le décret sur la constitution civile du clergé, il fut le premier qui prêta le serment civique exigé par cette constitution (2 janvier 1791).

 

Il avait publié un écrit sur la légitimité du serment civique exigé des fonctionnaires ecclésiastiques (1790) et d'autres brochures, et il entraîna par son exemple, plus encore que par ses écrits et ses discours, plusieurs membres de son ordre.

 

Cependant, tout en restant constamment l'ardent défenseur de la constitution civile du clergé, il ne cessa jamais de réprouver les violences exercées contre les prêtres réfractaires ; il osa même demander à la Convention et il obtint la délivrance de ceux qui étaient entassés sur les pontons de Rochefort.

Temple Maçonnique de Rochefort

Temple Maçonnique de Rochefort

Le 7 novembre 1793, l'évêque constitutionnel de Paris, Gobel, ses vicaires et d'autres ecclésiastiques vinrent devant la Convention renoncer à leurs fonctions de ministres du culte catholique et proclamer le triomphe de la raison.

 

 

 

Grégoire, pressé de les imiter, répondit :

 

« S'agit-il du revenu attaché aux fonctions d'évêque ? Je vous l'abandonne sans regret.

 

S'agit-il de religion ? Cet article est hors de votre domaine, et vous n'avez pas le droit de l'attaquer [...] Catholique par conviction et par sentiment, prêtre par choix, j'ai été désigné par le peuple pour être évêque ; mais ce n'est ni de lui ni de vous que je tiens ma mission.

 

J'ai consenti à porter le fardeau de l'épiscopat dans un temps où il était entouré d'épines.

 

On m'a tourmenté pour l'accepter ; on me tourmente aujourd'hui pour me forcer à une abjuration qu'on ne m'arrachera pas.

 

Agissant d'après les principes sacrés qui me sont chers et que je vous défie de me ravir, j'ai tâché de faire du bien dans mon diocèse ; je reste évêque pour en faire encore.

 

J'invoque la liberté des cultes. » 

 

Afin de ne permettre aucun doute sur son attachement à la foi catholique et à son caractère ecclésiastique, il se faisait un devoir de toujours siéger à la Convention en vêtements de couleur violette, c.-à-d. épiscopale.

 

Le 24 décembre 1794, il réclama hautement la liberté des cultes.

 

Du 21 février au 29 septembre 1795, la Convention adopta une série de décrets reconnaissant la liberté des cultes tant de fois invoquée et réclamée par Grégoire : ils réglaient l'exercice et la police extérieure de cette liberté, de manière à assurer pleinement à tous les Français le droit individuel de s'assembler pour la célébration de leur culte, tout en édictant les mesures nécessaires pour empêcher que cette célébration ne fournit les moyens de reconstituer une puissance rivale de l'État ou qu'elle ne portât atteinte soit à la sûreté de la République, soit à la liberté de ceux qui estimeraient devoir s'en abstenir.

 

Dès lors, Grégoire s'occupa activement avec quelques prêtres constitutionnels de rassembler les débris de l'Église gallicane.

 

Ils convoquèrent pour le jour de l’Assomption 1797 un concile national auquel assistèrent trente-deux évêques et soixante-huit prêtres ; ils protestèrent tous de leur attachement au dogme catholique ; mais leurs tentatives pour concerter une action commune avec les prêtres réfractaires échouèrent contre la résistance de ceux-ci.

 

Un autre concile national fut tenu en 1804 ; Grégoire en fit l'ouverture et, dans un discours qui a été imprimé (1801), il renouvela son invariable profession de foi politique et religieuse.

 

Les résultats des efforts du clergé constitutionnel furent bientôt anéantis par le pacte que Bonaparte conclut avec Pie VII, mais ils furent plus sérieux et plus importants qu'on ne le croit généralement.

 

Le dépôt des archives de cette Église avait été confié à Grégoire ; son testament contient des dispositions prescrivant soigneusement les mesures nécessaires à leur conservation.

 

Consulté personnellement par le premier consul sur son projet de concordat, il le combattit vivement.

 

Mais le 12 octobre 1801, il fut mis en demeure, conformément aux exigences du pape, de se démettre de son évêché ; il le fit sans résistance, en vue de la paix, se contentant, pour toute protestation, de déclarer qu'il regardait et regarderait toujours son élection comme légitime, et il continua à exercer son ministère de prêtre. 

 

L’Abbé Grégoire, en qualité de sénateur, vota, par conviction, contre le divorce de Napoléon.

 

Grégoire s'était constamment acquitté de tous les devoirs que la religion catholique prescrit aux fidèles et aux prêtres.

 

Pendant sa dernière maladie, il se confessa à l'abbé Evrard, et exprima à son confesseur le désir que les derniers sacrements lui fussent administrés par le curé de sa paroisse d’Abbaye-aux-Bois.

 

Ce curé vint, accompagné de son vicaire, et demanda la rétractation formelle du serment prêté à la constitution civile du clergé. Grégoire la refusa péremptoirement. L'archevêque de Paris lui écrivit pour l'exhorter à se soumettre ; mais il n'obtint qu'une réponse dans laquelle Grégoire professait hautement les sentiments qui lui avaient inspiré les actes dont on réclamait le reniement.

 

L'abbé Baradère lui donna de sa main la communion en viatique, puis alla solliciter l'abbé Guillon, professeur d'éloquence sacrée à la faculté de théologie, d'administrer les derniers sacrements. Guillon le fit, sans consulter ni l'archevêque ni le curé de la paroisse, quoique lui-même eût été autrefois un ardent adversaire de la constitution civile.

 

Le lendemain de la mort de Grégoire, son corps fut porté en l'église de l'Abbaye-aux-Bois. »

 

Le clergé de la paroisse s'était retiré pour obéir aux ordres de l'archevêque.

 

L'abbé Grieu, assisté de deux autres prêtres, célébra la messe ; l’église était tendue de noir ; les insignes épiscopaux du défunt exposés sur le catafalque.

 

Des jeunes gens des écoles dételèrent les chevaux du corbillard et le transportèrent jusqu'au cimetière Montparnasse, suivis de plus de vingt mille personnes, qui avaient voulu s'associer à cet hommage funèbre.

 

Les cendres de l’Abbé Henri Grégoire ont été transférées au Panthéon le mardi 12 décembre 1989 en présence du Chef de l’État français François Mitterrand et du nonce apostolique en France.

 

En ce qui concerne Emmanuel-Joseph Sieyès, qui n’a pas prêté serment à la Constitution, voici son témoignage :

 

« Mes vœux, dit-il, appelaient depuis longtemps le triomphe de la raison sur la superstition et le fanatisme.

 

Ce jour est arrivé ; je m'en réjouis comme d'un des plus grands bienfaits de la République française.

 

Quoique j'aie déposé, depuis un grand nombre d'années, tout caractère ecclésiastique et qu'à cet égard ma profession de foi soit ancienne et bien connue, qu'il me soit permis de profiter de la nouvelle occasion qui se présente pour déclarer encore, et cent fois s'il le faut, que je ne reconnais d'autre culte que celui de la liberté et de l'égalité, d'autre religion que l'amour de l'humanité et de la patrie. »

 

Il annonça ensuite qu'il faisait abandon de dix mille livres de rentes viagères que la loi lui avait conservées comme indemnité d'anciens bénéfices. »

 

Après la seconde restauration, Sieyès s'exile de lui-même à Bruxelles, où il fonde, Cambacérès et Ramel, ancien ministre des finances du Directoire, une caisse de secours pour les exilés sans ressources.

 

A l'exception de Jacques-Louis David, qui peint son portrait en 1817, le vieux révolutionnaire fréquente cependant peu ses pairs, nombreux dans la ville

 

En 1818, les deux fournées de grâces accordées à des régicides ne l'incluent pas.

 

Il lui faut attendre la Monarchie de Juillet pour rentrer enfin en France.

 

En 1832, son siège à l'Institut lui est rendu.

 

Sieyès meurt le 20 juin 1836. Sa mort passe à peu près inaperçue du grand public.

 

Ses obsèques, civiles, ont lieu deux jours plus tard et il est inhumé dans la 30ème division du cimetière du Père-Lachaise 

 

 

 

Leurs héritages

 

Le 5 septembre 1831, la république haïtienne marquait par un deuil national la mort d’un blanc qui n’avait jamais quitté l’Europe. Parlant de ce même blanc, quinze ans plus tôt, Napoléon aurait déclaré : « S’il allait en Haïti, il serait leur Dieu ».

 

Aimé CESAIRE, pilier de la négritude, l’Abbé Grégoire ainsi : « un géant dont aucune toise ne peut mesurer la grandeur. »

 

Aimé Césaire

Qu’avait donc fait Henri Grégoire pour mériter de telles faveurs de la part des Haïtiens ?

 

Dès la nuit du 15 août 1789, Grégoire avait demandé la plénitude des droits civils pour les Noirs et les Mulâtres affranchis ; le 24 juillet 1793, il demanda et obtint la suppression de la prime accordée aux négriers pour la traite.

 

Élu membre de la commission coloniale, il réclama, sans se laisser intimider par les menaces, l'entière abolition de l’esclavage ; elle fut décrétée le 4 février 1794.

 

Avec les bienfaits de la liberté, il rêvait pour les Noirs les bienfaits de la religion, et il entreprit d'être à la fois leur apôtre et leur défenseur.

 

Il est déçu par l’échec de la Révolution en France, et tente d’exporter son principe de régénération.

 

Haïti est depuis 1806 divisé entre une république métisse au sud, dirigée par Pétion, et une monarchie noire au nord, gouvernée par Henry Christophe.

 

Les deux parties solliciteront la « bénédiction » de Grégoire ; refusant de cautionner la monarchie, ce dernier devient, par ses lettres publiques et privées, une sorte de conseiller moral des Haïtiens de la République du sud, puis de toute l’île après la réunification

 

La restauration de l'esclavage, devenue officielle avec la loi du 20 mai 1802 ne l'empêcha pas de continuer à militer pour son abolition, comme en témoignent les nombreux ouvrages qu'il consacra à ce sujet.

 

Ainsi, en 1808, l’abbé Grégoire publie l’un de ses textes les plus importants, De la littérature des nègres, manifeste contre le rétablissement de l’esclavage et de la traite négrière, mais aussi gage de la fidélité aux combats abolitionnistes menés au sein des Sociétés des Amis des Noirs.

 

Le fondement philosophique de la position de Grégoire est l’unité du genre humain, qui lui permet de concilier la proclamation révolutionnaire des droits de l’homme et le message évangélique.

 

Puis l'appel qu'il lança au congrès de Vienne (1815) : De la traite et de l’esclavage des Noirs.

 

À l'approche de la mesure, il édita une apologie de Las Casas abordant indirectement le problème : blanchir l'évêque du Chiapas de l'accusation d'avoir défendu les droits des Indiens en plaidant la mise en esclavage des Noirs.

 

Sous la restauration, cette notice fera débat chez ses coreligionnaires antiesclavagistes.

 

Pour conclure, reprenons les propres termes de l’Abbé Grégoire :

 

« J’ai traversé 25 ans de Révolution. J’ai vu autour de moi les circonstances changer mille fois et je suis resté le même ».

 

A la question que l’on posa à Emmanuel-Joseph Sieyès de savoir ce qu’il avait fait pendant la Terreur, il répondit : « J’ai vécu. »

 

L’héritage de Sieyès est immense.

 

Sieyès est le père de la Révolution, que ce soit par ces écrits initiateurs ou par son discours sur la différence entre le gouvernement démocratique et le gouvernement représentatif.

 

Selon Sieyès, les citoyens doivent renoncer à participer à l'élaboration des lois et nommer des représentants éclairés à leur place, dont le mandat n'est pas impératif. Cette conception de la souveraineté est toujours celle qui prévaut aujourd'hui.

Les peuples européens modernes ressemblent bien peu aux peuples anciens. Il ne s'agit parmi nous que de commerce, d'agriculture, de fabriques, etc. Le désir des richesses semble ne faire de tous les États de l'Europe que de vastes ateliers : on y songe bien plus à la consommation et à la production qu'au bonheur. Aussi les systèmes politiques aujourd'hui sont exclusivement fondés sur le travail ; les facultés productives de l'homme sont tout ; à peine sait-on mettre à profit les facultés morales, qui pourraient cependant devenir la source la plus féconde des plus véritables jouissances. Nous sommes donc forcés de ne voir, dans la plus grande partie des hommes, que des machines de travail. Cependant vous ne pouvez pas refuser la qualité de citoyen, et les droits du civisme, à cette multitude sans instruction qu'un travail forcé absorbe en entier. Puisqu'ils doivent obéir à la loi tout comme vous, ils doivent aussi, tout comme vous, concourir à la faire. Ce concours doit être égal.

Il peut s'exercer de deux manières.

 

Les citoyens peuvent donner leur confiance à quelques-uns d'entre eux. Sans aliéner leurs droits, ils en commentent l'exercice. C'est pour l'utilité commune qu'ils se nomment des représentations bien plus capables qu'eux-mêmes de connaitre l'intérêt général, et d'interpréter à cet égard leur propre volonté.

 

 


L'autre manière d'exercer son droit à la formation de la loi est de concourir soi-même immédiatement à la faire. Ce concours immédiat est ce qui caractérise la véritable démocratie. Le concours médiat désigne le gouvernement représentatif. La différence entre ces deux systèmes politiques est énorme.


Le choix entre ces deux méthodes de faire la loi n'est pas douteux parmi nous.

D'abord, la très-grande pluralité de nos concitoyens n'a ni assez d'instruction, ni assez de loisir pour vouloir s'occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; leur avis est donc de se nommer des représentants ; et puisque c'est l'avis du grand nombre, les hommes éclairés doivent s'y soumettre comme les autres. Quand une société est formée, on sait que l'avis de la pluralité fait loi pour tous.


Ce raisonnement, qui est bon pour les plus petites municipalités, devient irrésistible quand on songe qu'il s'agit ici des lois qui doivent gouverner 26 millions d'hommes ; car je soutiens toujours que la France n'est point, ne peut pas être une démocratie ; elle ne doit pas devenir un État fédéral, composé d'une multitude de républiques, unies par un lien politique quelconque. La France est et doit être un seul tout, soumis dans toutes ses parties à une législation et à une administration commune. Puisqu'il est évident que 5 à 6 millions de citoyens actifs, répartis sur vingt-cinq mille lieues carrées, ne peuvent point s'assembler, il est certain qu'ils ne peuvent aspirer qu'à une législature par représentation. Donc les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes immédiatement la loi : donc ils n'ont pas de volonté particulière à imposer. Toute influence, tout pouvoir leur appartiennent sur la personne de leurs mandataires ; mais c'est tout. S'ils dictaient des volontés, ce ne serait plus cet état représentatif ; ce serait un état démocratique.

On a souvent observé dans cette Assemblée que les bailliages n'avaient pas le droit de donner des mandats impératifs ; c'est moins encore. Relativement à la loi, les Assemblées commettantes n'ont que le droit de commettre. Hors de là, il ne peut y avoir entre les députés et les députants directs que des mémoires, des conseils, des instructions. Un député, avons-nous dit, est nommé par un bailliage, au nom de la totalité des bailliages ; un député l'est de la nation entière ; tous les citoyens sont ses commettants ; or, puisque que dans une Assemblée bailliagère, vous ne voudriez pas que celui qui vient d'être élu se chargeât du vœu du petit nombre contre le vœu de la majorité, vous ne devez pas vouloir, à plus forte raison, qu'un député de tous les citoyens du royaume écoute le vœu des seuls habitants d'un bailliage ou d'une municipalité, contre la volonté de la nation entière. Ainsi, il n'y a pas, il ne peut y avoir pour un député de mandat impératif, ou même de vœu positif, que le vœu national ; il ne se doit aux conseils de ses commettants directs qu'autant que ses conseils seront conformes au vœu national. Ce vœu, où peut-il être, où peut-on le reconnaître, si ce n'est dans l'Assemblée nationale elle-même ? Ce n'est pas en compulsant les cahiers particuliers, s'il y en a, qu'il découvrira le vœu de ses commettants. [...]
 

 


Quand on se réunit, c'est pour délibérer, c'est pour connaître les avis les uns des autres, pour profiter des lumières réciproques, pour confronter les volontés particulières, pour les modifier, pour les concilier, enfin pour obtenir un résultat commun à la pluralité. [...] Il est donc incontestable que les députés sont à l'Assemblée nationale, non pas pour y annoncer le vœu déjà formé de leurs commettants directs, mais pour y délibérer et y voter librement d'après leur avis actuel, éclairé de toutes les lumières que l'Assemblée peut fournir à chacun.

 

Faisant partie des cinq membres du Directoire qui gouvernent tant bien que mal la France, Sieyès se rend compte que la République est à terme condamnée.

 

L'opinion est lasse des palabres du « gouvernement des avocats ».

 

Fin politique, l'ex-abbé est persuadé que seul un général à poigne et auréolé de gloire peut en imposer aux parlementaires et sauver le régime issu de la Révolution. « Je cherche un sabre », dit-il à qui veut l'entendre.

 

Il s'adresse à Napoléon Bonaparte, de retour d'Égypte, et instaure avec lui le Consulat.

 

Sieyès, qui a lancé la Révolution, a ainsi le privilège de la clore également, dix ans plus tard, en hissant Bonaparte au sommet de l'État.

 

Le serment du jeu de Paume

Le serment du jeu de Paume

Le serment du jeu de Paume :

 

Le serment du jeu de Paume est un des faits marquants de nos abbés révolutionnaires.

 

Emmanuel-Joseph Sieyès, pour le Tiers-État, est à l’origine de la proposition de fusion des ordres. C’est lui, qui propose aux deux autres ordres de rejoindre le Tiers-État pour former l’Assemblée Nationale.

 

Henri Grégoire est un des meneurs du serment du Jeu de Paume puisqu’il incite le Clergé à rejoindre le Tiers-État, comme Mirabeau et Lafayette le font pour la Noblesse.

 

David l'a mis particulièrement en vue dans sa célèbre esquisse du Serment du jeu de paume puisqu’Henri Grégoire est au premier rang. Cet épisode fondateur marqua une étape décisive, et il fut largement répercuté par l'image. Au sein de cette vaste iconographie, aucune œuvre n'eut la force du projet de David.

 

 

 

Les premières gravures représentant Le Serment du Jeu de paume n’apparaissent qu’en 1790, date qui voit Jacques-Louis David convaincre la Société des Amis de la Constitution, dite Club des Jacobins, de lancer une souscription nationale pour financer la réalisation d'un tableau sur cet événement fondateur de la Révolution française.

 

Le peintre expose un dessin à la plume et encre brune de son futur tableau dans son atelier du Louvre en 1791 mais ne peut poursuivre, faute d'argent car la souscription ne recueille que 10 % de la somme attendue.

 

La Constituante décide alors de financer son œuvre aux frais du « Trésor Public », somme complétée par la vente de gravures tirées du tableau.

 

David installe son atelier dans l’ancienne église conventuelle des Feuillants de la rue Saint Honoré afin de pouvoir faire poser les députés siégeant à la toute proche salle du Manège, mais en 1793, pris par ses travaux de député, il n’a achevé que l’esquisse de la partie inférieure de son gigantesque tableau, qui comprend seulement quatre portraits peints de députés : Michel Gérard, Antoine Barnave, Mirabeau et Dubois-Crancé.

 

Or en 1793, la vie politique française ne correspond plus du tout au contexte du tableau. Mirabeau, un des héros de l’année 1789, est devenu l’ennemi de la Révolution.

 

Sa correspondance secrète avec le roi a été découverte. Aux yeux de l'opinion publique, il est devenu un traître.

 

Un grand nombre des députés de l’Assemblée nationale constituante sont identifiés aux factions ennemies du Comité de Salut Public.

 

Le tableau du Carnavalet reproduit sans doute cette œuvre dont il a les mêmes dimensions.

 

On y voit l'astronome Bailly (futur maire de Paris), président car doyen de l'Assemblée, debout sur une table, lisant le texte du serment.

 

Au premier plan, on reconnaît certains protagonistes de cette Révolution commençante, comme Mirabeau, Grégoire ou Barnave.

 

La pose et le bras tendu des députés évoquent le tableau des Horaces, mais il y a ici plus qu'une référence antique. Les acteurs, dont aucun ne nous tourne le dos, semblent jouer leur rôle comme sur une scène de théâtre. Mais il s'agit, ici, du théâtre de l'Histoire.

 

 

 

 

 

Le 20 juin, comme le 4 août, sont des dates tout aussi importantes dans l’Histoire révolutionnaire que le 14 juillet.

 

 

 

 

Je reprends ici un texte de Jean-Laurent TRUBET sur le « serment maçonnique du Jeu de Paume »

 

Lithographie originale du Serment du Jeu de Paume exposée au Musée de la Franc-Maçonnerie du G.O.F.

 

« Nous sommes en 1789... Louis XVI, devant l'ampleur de la crise (d'alors) a convoqué les États Généraux qui s'ouvrent le 5 mai 1789.

 

Le vote s'effectue alors par ordre :

Noblesse (270 députés),

Clergé (291 députés),

Tiers-État (578 députés),

 

Chaque ordre disposant d'une voix.

 

Le Tiers-État est donc toujours mis en minorité au vote par ordre alors qu'il a le plus grand nombre de députés.


Le 10 juin 1789, à l'initiative de Sieyès, le Tiers-État invite les députés des deux autres ordres à les rejoindre.

 

Certains d'entre eux, des nobles libéraux et des clercs proches du peuple (et souvent francs-maçons...), s'unissent au Tiers.


C'est en clair la suppression des ordres face au roi, auxquels se substitue une représentation nationale en une seule assemblée.


Le groupe ainsi constitué se proclame Assemblée nationale, sur la motion de Sieyès.


Mais Louis XVI résiste et fait fermer la salle des Menus Plaisirs où se réunit l'Assemblée Nationale présidée par Bailly. Devant les portes closes, les députés vont se réunir dans la salle du Jeu de Paume.

 

Abbé Augustin Barruel

 


L'Abbé Augustin Barruel dans son "Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme" publiée à Hamboug en 1798, y verra la preuve du complot maçonnique donc le but est de détruire le trône et l'autel.


Alors que le Grand Orient de France de 1789 rassemble l'armorial de France : Du Grand Maître Philippe d'Orléans (cousin du Roi et futur Philippe-Egalite), les ducs de Noaillesla TrémouilleRochambaud jusqu'au Marquis de Le Fayette, beaucoup de nobles sont francs-maçons.

 

Certains d'entre eux sont des "américains", qui ont participés à la guerre d'Indépendance américaine (aux côtés des frères Washington et Benjamin Franklin...) et sont gagnés par les idées nouvelles.

 

Ils souhaitent l'avènement d'une monarchie parlementaire à l'anglaise (comme le frère Montesquieu initié en 1730 à la loge londonienne Horn).


Mais reprenons le cours des événements :


A l'initiative du frère Joseph Guillotin, les députés vont se réunir à la salle du Jeu de Paume et les débats se poursuivent sous la direction du frère Jean-Sylvain Bailly (futur 1er maire de Paris). Les nobles libéraux sont là, comme le frère La Fayette, ainsi que de nombreux clercs, comme le frère et néanmoins abbé Emmanuel-Joseph Sieyès ou le frère Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d'Autun, qui joueront tous deux un rôle essentiel dans les événements à venir.


Le roi somme les députés de quitter la salle. Ironie du sort, c'est le frère Henri-Évrard, marquis de Dreux-Brézé, grand maître des Cérémonies du Royaume, qui se présente le 20 juin 1789 à la salle du Jeu de Paume pour intimer aux députés l'ordre de déguerpir.

C'est à ce moment-là que le frère Honoré Gabriel Riqueti, marquis de Mirabeau lui adresse sa réplique cinglante :

 

« Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes ! ».


Le Moniteur, journal officiel d'alors, en donne une autre version dans son édition du 25 juin 1789.

 

Le frère Mirabeau aurait dit : « Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées au Roi ; et vous qui ne sauriez être son organe auprès des États généraux, vous qui n'avez ici ni place ni voix, ni droit de parler, vous n'êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l'on vous a chargé de nous faire sortir d'ici, vous devez demander des ordres pour employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes », ce qui correspond mieux au langage châtié du frère marquis.



Devant la détermination des députés, le frère Dreux-Grézé quitte la salle et va en référer au Roi...

Les députés présents, signent alors le Serment du Jeu de Paume (rédigé par Jean-Baptiste-Pierre Bevière) où ils jurent de ne pas se séparer sans avoir donner une Constitution au royaume de France.

 

Le premier député à le voter est le frère Sieyès.


Voici le texte du Serment :


« L'Assemblée nationale, considérant qu'appelée à fixer la constitution du royaume, opérer la régénération de l'ordre public et maintenir les vrais principes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu'elle continue ses délibérations dans quelque lieu qu'elle soit forcée de s'établir, et qu'enfin, partout où ses membres sont réunis, là est l'Assemblée nationale ;
Arrête que tous les membres de cette assemblée prêteront, à l'instant, serment solennel de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l'exigeront, jusqu'à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d'eux en particulier confirmeront, par leur signature, cette résolution inébranlable. Lecture faite de l'arrêté, M. le Président a demandé pour lui et pour ses secrétaires à prêter le serment les premiers, ce qu'ils ont fait à l'instant ; ensuite l'assemblée a prêté le même serment entre les mains de son Président. Et aussitôt l'appel des Bailliages, Sénéchaussées, Provinces et Villes a été fait suivant l'ordre alphabétique, et chacun des membres * présents [en marge] en répondant à l'appel, s'est approché du Bureau et a signé. [en marge] * M. le Président ayant rendu compte à l'assemblée que le Bureau de vérification avait été unanimement d'avis de l'admission provisoire de douze députés de S. Domingue, l'assemblée nationale a décidé que les dits députés seraient admis provisoirement, ce dont ils ont témoigné leur vive reconnaissance ; en conséquence ils ont prêté le serment, et ont été admis à signer le procès-verbal l'arrêté. Après les signatures données par les Députés, quelques-uns de MM. les Députés, dont les titres ne sont pas [....] jugés, MM. les Suppléants se sont présentés, et ont demandé qu'il leur fût permis d'adhérer à l'arrêté pris par l'assemblée, et à apposer leur signature, ce qui leur ayant été accordé par l'assemblée, ils ont signé. M. le Président a averti au nom de l'assemblée le comité concernant les subsistances de l'assemblée chez demain chez l'ancien des membres qui le composent. L'assemblée a arrêté que le procès-verbal de ce jour sera imprimé par l'imprimeur de l'assemblée nationale. La séance a été continuée à Lundi vingt-deux de ce mois en la salle et à l'heure ordinaires ; M. le Président et ses Secrétaires ont signé
. »


Ironie du sort encore.... Tous les députés présents signent ce serment... sauf un : le frère Joseph Martin-Dauch, député de

Castelnaudary au motif qu'il ne peut jurer d'exécuter des délibérations qui ne sont pas sanctionnées par le roi.

 

 


Comme nous le voyons, les francs-maçons se trouvent dans tous les camps et l'on est loin du complot maçonnique invoqué par l'abbé Barruel...

Les loges maçonniques ne se réuniront d'ailleurs plus sous la Terreur et de nombreux frères (à commencer par Philippe-Egalité ou Bailly) passeront leur tête à la lucarne de l'invention du frère Guillotin.


En écoutant le rapport du frère de Dreux-Brézé, le roi cède en employant une formule dont il a le secret : « Eh bien, dit-il, s'ils ne veulent pas s'en aller, qu'ils restent ! ».


Le 27 juin, Louis XVI ordonne aux privilégiés des deux autres ordres de se joindre au Tiers, en une chambre unique, l'Assemblée Nationale... Le 14 juillet le peuple prendra la Bastille mais la Révolution a bel et bien déjà commencé ce 20 juin 1789. »

Source Loge Kleio GLAMF.

DROITS ET DEVOIRS PART III

Faire son devoir est une exigence pour un franc-maçon, c’est souvent nager à contre-courant. On notera cette déclaration de l’Abbé Grégoire :

« En général, l’homme est plus porté à user de ses droits qu’à remplir ses devoirs. Dans le premier cas il suffit de céder au courant, et dans le second il faut péniblement nager contre. L’homme n’est vertueux qu’avec effort »

 

L’évêque de Chartres Jean-Baptiste, Joseph de Lubersac député, qui participa activement en faveur de l’abolition des privilèges s’exprima aussi en faveur des devoirs :

« L’expression flatteuse des droits doit être adroitement ménagée ; on devrait la faire accompagner de celle des devoirs qui lui servirait de correctif. »

 

Ainsi débute une réflexion nécessaire entre Droits et Devoirs.

 

À suivre….

 

Jean-François Guerry.

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Publié le par Jean-François Guerry
Manuscrit Halliwell -Le RÉGIUS

Manuscrit Halliwell -Le RÉGIUS

 

 

DROITS ET DEVOIRS PARTIE II.

 

Après avoir consacré l’essentiel de la première partie de ce « devoir » un peu scolaire aux Droits de l’Homme, franc-maçon je suis au pied du mur pour essayer modestement de répondre à une question n’avons-nous pas trop de Droits et pas assez de Devoirs, ou plutôt ne sommes-nous pas toujours à réclamer plus de Droits et à ignorer le Devoir, nos devoirs.

Pouvons-nous mettre en miroir systématiquement les droits et les devoirs ? Cette affirmation est nourrie par le sentiment actuel d’insécurité, l’impunité de certains actes d’incivilités qui amplifie cette insécurité. La tolérance apparente pour les petits délits, incline de plus en plus de manière parfois démagogique à ne pas respecter les droits et surtout les devoirs. Nous considérons aussi la justice trop laxiste avec certains et trop sévère avec d’autres, oubliant que justice n’est pas justesse et que la justice sans éthique est désincarnée. Autant de questions que tous les hommes en général sont en « droit » de se poser et les francs-maçons en particulier qui se posent en défenseurs de la justice et de la vertu, adeptes de la tolérance sans faiblesse, sans laxisme, de la tempérance dans les biens de ce monde. Ils travaillent en loge en force, sagesse et beauté, la joie au cœur et portent ces messages dans le monde, leur volonté changer l’homme pour changer la société.

 

Le devoir est un don, il peut se concevoir par rapport à une dette dans un raisonnement marchand, mais l’on peut concevoir de faire un don sans rien attendre en retour, c’est le cas du don anonyme pratiqué par les francs-maçons, « tu donneras selon tes moyens sans ostentation, de manière à ne pas enorgueillir celui qui donne et humilier celui qui reçois. »

Ainsi à contrario les GAFAM donnent avec ostentation dans des fondations qu’ils ont créées et qui renforcent leur image donc leurs profits c’est le système des pays qui imposent peu ou pas les sociétés et qui favorise les fondations. (C’est aussi un travers de certains francs-maçons du nouveau monde, être franc-maçon aux États-Unis est un titre honorifique, qui permet de se constituer un réseau professionnel, on achète souvent ses grades initiatiques.)

C’est une forme d’humiliation des contribuables anonymes qui au final donnent beaucoup plus à la société en fonction de leurs moyens. L’alibi des « petits » contribuables qui se justifie par l’adage trop d’impôts tue l’impôt, sert en fait à justifier l’optimisation fiscale des grandes sociétés et leur permet d’échapper à l’impôt par ruse. C’est exactement ce que dénonce la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1795 dans son Art 7- « Celui qui, sans enfreindre ouvertement les lois, les élude par ruse ou par adresse, blesse les intérêts de tous : il se rend indigne de leur bienveillance et de leur estime. »

Cela pourrait inciter à la réflexion notre ministre des finances publiques, quand il offre la possibilité de négociation de leurs turpitudes aux gros fraudeurs, possibilité qu’il ne propose pas la plupart du temps aux petits contribuables, ne pouvant se défendre avec une armée de fiscalistes finalement rétribués par les impôts impayés par leurs clients.

Les francs-maçons spéculatifs, les francs-maçons acceptés, ceux qui ont succédés aux opératifs c’est-à-dire aux compagnons bâtisseurs des Cathédrales, les passeurs de lumière ont des textes fondateurs de leur fraternité, des statuts, des old charges, des anciens devoirs, pour la plupart inspirés des cathéchismes religieux, eux-mêmes inspirés des commandements reçus par Moïse dans le désert, ces commandements moraux, sont sans doute les premiers devoirs qui s’imposèrent naturellement à l’homme en général, en quelque sorte une morale universelle.

L’on m’objectera que le droit est individuel et que le devoir est toujours défini par rapport à un critère, à une norme, à une loi, donc la production d’un groupe, d’un pays plus loin encore d’un pouvoir. Il n’y aurait pas de devoirs sans dogme, est-il impossible de concevoir des devoirs qui soient consubstantiels à l’homme ayant réalisé son unité, certes il fera partie d’un sous-groupe humain, qui croit dans le perfectionnement de l’homme et de l’humanité.

Le manuscrit Orckard Halliwell nommé Régius daté de 1390, son origine est bien sûr bien antérieure à cette date, ainsi que les injonctions faites aux hommes du métier, c’est dans le fond de la librairie Halliwell qu’il fût découvert, il est aujourd’hui à la British Library. C’est probablement un clerc qui compila les préceptes en un poème de 794 vers octosyllabiques pour en faciliter la diffusion, ces vers sont écrits en langue médiévale du sud-ouest de l’Angleterre. Son contenu est à la fois historique, on y trouve les évocations concernant les 4 couronnés, la Tour de Babel, les 7 arts libéraux dont la géométrie d’Euclide, et un ensemble de Rites liés au travail.

C’est sans conteste René Dez qui effectua le meilleur travail sur ce manuscrit, travail publié sous le titre évocateur de : « Régius : Manuscrit 1390 ; première lueur de l’aube au pied des cathédrales, la chartre la plus ancienne des francs-mestiers de bâtisseurs. (Librairie du Compagnonnage-Paris 1987)

Les devoirs décrits dans le Régius sont un chant d’espérance qui perdure dans le temps, le symbolisme de la construction qui relie les compagnons et les francs-maçons en particulier, relie aussi tous les hommes croyants en leur perfectionnement individuel et le perfectionnement de l’humanité.

 

Quelques, des catéchismes anciens des compagnons bâtisseurs.

D’abord le manuscrit Orckard Halliwell dit Régius pour extraits :

 

Article 1.

Le premier article de cette géométrie;-
Le maître maçon doit être digne de confiance
A la fois constant, loyal et vrai,
Il ne l'aura alors jamais à regretter;
Tu dois payer tes compagnons selon le cours,
Des victuailles, tu le sais bien;
Et paie les justement, et de bonne foi,
Ce qu'ils peuvent mériter;
Et évites soit par amour soit par crainte,
D'aucune des parties d'accepter des avantages;
Du seigneur ni du compagnon, qui que ce soit,
D'eux tu ne prends aucune sorte de paiement;
Et en juge tiens-toi intègre,
Et alors aux deux tu rendras leur bon droit;
Et véritablement fais ceci où que tu ailles,
Ton honneur, ton profit, sera le meilleur
.

 


Article 3.

Le troisième article est en vérité,
Que le maître ne prenne aucun Apprenti,
Sauf s'il peut lui assurer de le loger
sept ans chez lui, comme je vous dis,
Pour apprendre son métier, qui soit profitable ;
En moins de temps il ne sera pas apte


Au profit du seigneur, ni le sien
Comme vous pouvez le comprendre par bonne raison.

 

     Article 6.

Le sixième article vous ne devez pas manquer
Que le maître ne doit pas porter préjudice au seigneur,
En prenant au seigneur pour son Apprenti,
Autant que reçoivent ses compagnons, en tout,
Car dans ce métier ils se sont perfectionnés,
Ce que lui n'est pas, vous devez le comprendre.
Ainsi il serait contraire à bonne raison,
De prendre pour lui égal salaire à celui des compagnons.
Ce même article dans ce cas,
Ordonne que son Apprenti gagne moins
Que ses compagnons, qui sont parfaits.
Sur divers points, sachez en revanche,
Que le maître peut instruire son Apprenti tel,
Que son salaire puisse augmenter rapidement,
Et avant que son apprentissage soit terminé,
Son salaire pourrait s'améliorer de beaucoup.

 

Article 7.

Le septième article que maintenant voici,
Vous dira pleinement à tous ensemble,
Qu'aucun maître ni par faveur ni par crainte,
Ne doit vêtir ni nourrir aucun voleur.
Des voleurs il n'en hébergera jamais aucun,
Ni celui qui a tué un homme,
Ni celui qui a mauvaise réputation,
De crainte que cela fasse honte au métier.

Article 10.

Le dixième article sert à savoir,
Parmi tous dans le métier, grands ou modestes,
Qu'aucun maître ne doit supplanter un autre,
Mais être ensemble comme des frères,
Dans ce singulier métier, tous quels qu'ils soient,
Qui travaillent sous un maître maçon.
Ni doit il supplanter aucun homme,
Qui s'est chargé d'un travail,
La peine pour cela est tellement forte,
Qu'elle ne pèse pas moins de dix livres,
A moins qu'il soit prouvé coupable,
Celui qui avait d'abord pris le travail en main;
Car nul homme en maçonnerie
Ne doit supplanter un autre impunément,
Sauf s'il a construit de telle façon,
Que cela réduit l'ouvrage à néant;
Alors un maçon peut solliciter ce travail,
Pour le sauver au profit des seigneurs
Dans un tel cas, si cela arrivait,
Aucun maçon ne s'y opposera.
En vérité celui qui a commencé les fondations,
S'il est un maçon habile et solide,
A fermement dans l'esprit,
De mener l'Œuvre à entière bonne fin.

 


Article 15.

Le quinzième article est le dernier,
Car pour le maître il est un ami ;
Pour lui enseigner qu'envers aucun homme,
Il ne doit adopter un comportement faux,
Ni suivre ses compagnons dans leur erreur,
Quelque bien qu'il puisse y gagner ;
Ni souffrir qu'ils fassent de faux serments,
Par souci de leurs âmes,
Sous peine d'attirer sur le métier la honte,
Et sur lui-même un blâme sévère.

Divers statuts.

Dans cette assemblée des points furent adoptés en plus,
Par de grands seigneurs et maîtres aussi.
Le premier point veut que celui qui voudrait connaître ce métier
et l'embrasser,
Doit bien aimer Dieu et la sainte église toujours,
Et son maître aussi avec qui il est,
Où qu'il aille par champs ou par bois,
Et aimes aussi tes compagnons,
Car c'est ce que ton métier veut que tu fasses.

Second point.

Le second point,
Que le maçon travaille le jour ouvrables,
Aussi consciencieusement qu'il le pourra,
Afin de mériter son salaire pour le jour de repos,
Car celui qui a vraiment fait son travail,
Méritera bien d'avoir sa récompense.

Troisième point.

Le troisième point doit être sévère,
Avec l'apprentis, sachez le bien,
Le conseil de son maître il doit garder et cacher,
Et de ses compagnons de bon gré ;
Des secrets de la chambre il ne parlera à nul homme,
Ni de la loge quoi qu'ils y fassent ;
Quoi que tu entendes ou les vois faire,
Ne le dis à personne où que tu ailles ;
Les propos dans la salle, et même au bosquet,
Gardes les bien pour ton grand honneur,
Sans quoi cela tournera pour toi au blâme,
Et apportera au métier grande honte.

Quatrième point.

Le quatrième point nous enseigne aussi,
Que nul homme à son métier sera infidèle ;
Aucune erreur il n'entretiendra
Contre le métier, mais y renoncera ;
Ni aucun préjudice il causera
A son maître, ni à son compagnon ;
Et bien que l’Apprenti soit tenu au respect,
Il est toutefois soumis à la même loi.

Cinquième point.

Le cinquième point est sans nul doute,
Que lorsque le maçon prendra sa paie
Du maître, qui lui est attribué,
Humblement acceptée elle doit être ;
Cependant il est juste que le maître,
L'avertisse dans les formes avant midi,
S'il n'a plus l'intention de l'employer,
Comme il le faisait auparavant ;
Contre cet ordre il ne peut se débattre,
S'il réfléchit bien c'est dans son intérêt

Sixième point.

Le sixième point doit être bien connu,
De tous grands et modestes,
Car un tel cas pourrait arriver;
Qu'entre quelques maçons, sinon tous,
Par envie ou haine mortelle,
S'éclate une grande dispute.
Alors le maçon doit, s'il le peut,
Convoquer les deux parties un jour fixé;
Mais ce jour-là ils ne feront pas la paix,
Avant que la journée de travail soit bien finie,
Un jour de congé vous devez bien pouvoir trouver,
Assez de loisir pour placer la réconciliation,
De peur qu'en la plaçant un jour ouvré
La dispute ne les empêche de travailler;
Faites en sorte qu'ils en finissent.
De manière à ce qu'ils demeurent bien dans la loi de Dieu.

 

Septième point.

Le septième point pourrait bien dire,
Comment bien longue vie Dieu nous donne,
Ainsi il le reconnaît bien clairement,
Tu ne coucheras pas avec la femme de ton maître,
Ni de ton compagnon, en aucune manière,
Sous peine d'encourir le mépris du métier;
Ni avec la concubine de ton compagnon,
Pas plus que tu ne voudrais qu'il couche avec la tienne.
La peine pour cela qu'on le sache bien,
Est qu'il reste Apprenti sept années pleines,
Celui qui manque à une de ces prescriptions
Alors il doit être châtié;
Car un grand souci pourrait naître,
D'un aussi odieux péché mortel.

Huitième point.

Le huitième point est, assurément,
Si tu as reçu quelque charge,
A ton maître reste fidèlement soumis,
Car ce point jamais tu ne le regretteras ;
Un fidèle médiateur tu dois être,
Entre ton maître et tes compagnons libres ;
Fais loyalement tout ce que tu peux,
Envers les deux parties, et cela est bonne justice.

Neuvième point.

Le neuvième point s'adresse à celui,
Qui est l'intendant de notre salle,
Si vous vous trouvez en chambre ensemble,
Servez-vous l'un l'autre avec calme gaieté;
Gentils compagnons, vous devez le savoir,
Vous devez être intendant chacun à votre tour,
Semaine après semaine sans aucun doute,
Tous doivent être intendant à leur tour,
Pour servir les uns et les autres aimablement,
Comme s'ils étaient sœur et frère;
Nul ne se permettra aux frais d'un autre
De se libérer pour son avantage,
Mais chaque homme aura la même liberté
Dans cette charge, comme il se doit;
Veille à bien payer tout homme toujours,
A qui tu as acheté des victuailles,
Afin qu'on ne te fasse aucune réclamation,
Ni à tes compagnons à aucun titre,
A tout homme ou femme, qui que ce soit,
Paies les bien et honnêtement, nous le voulons;
A ton compagnon tu en rendras compte exacte,
De ce bon paiement que tu as fait,
De peur de le mettre dans l'embarras,
Et de l'exposer à un grand blâme.
Toutefois bon comptes il doit tenir
De tous les biens qu'il aura acquis,
Des dépenses que tu auras fait sur le bien de tes compagnons,
Du lieu, des circonstances et de l'usage;
De tels comptes tu dois rendre,
Lorsque tes compagnons te les demandent.

Dixième point.

Le dixième point montre la bien bonne vie,
Comment vivre sans souci ni dispute;
Si le maçon mène une vie mauvaise,
Et dans son travail il est malhonnête,
Et se cherche une mauvaise excuse
Il pourra diffamer ses compagnons injustement,
Par de telles calomnies infâmes
Attirer le blâme sur le métier.
S'il déshonore ainsi le métier,
Vous ne devez alors lui faire aucune faveur,
Ni le maintenir dans sa mauvaise vie,
De peur que cela ne tourne en tracas et conflit;
Mais ne lui laissez aucun sursis,
Jusqu'à ce que vous l'ayez contraint,
A comparaître où bon vous semble,
Où vous voudrez, de gré ou de force,
A la prochaine assemblée vous le convoquerez,
A comparaître devant tous ses compagnons,
Et s'il refuse de paraître devant eux,
Il lui faudrait renoncer au métier;
Il sera alors puni selon la loi
Qui fut établie dans les temps anciens.

Onzième point.

Le onzième point est de bonne discrétion,
Comme vous pouvez le comprendre par bonne raison;
Un maçon qui connaît bien son métier,
Qui voit son compagnon tailler une pierre,
Et qu'il est sur le point d'abîmer cette pierre,
Reprends-la aussitôt si tu le peux,
Et montre-lui comment la corriger,
Pour que l’œuvre du seigneur ne soit pas abîmé,
Et montre-lui avec douceur comment la corriger,
Avec de bonnes paroles, que Dieu te prête;
Pour l'amour de celui que siège là-haut,
Avec de douces paroles nourris son amitié.

Douzième point.

Le douzième point est d'une grande autorité,
Là où l'assemblée se teindra,
Il y aura des maîtres et des compagnons aussi,
Et d'autres grands seigneurs en grand nombre;
Il y aura le shérif de cette contrée,
Et aussi le maire de cette cité,
Il y aura des chevaliers et des écuyers,
Et aussi des échevins, comme vous le verrez;
Toutes les ordonnances qu'ils prendrons là,
Ils s'accorderont pour les faire respecter,
Contre tout homme, quel qu'il soit,
Qui appartient au métier beau et libre.
S'il fait quelque querelle contre eux,
Il sera arrêté et tenu sous garde.

Treizième point.

Le treizième point requiert toute notre volonté,
Il jurera de ne jamais voler,
Ni d'aider celui dans cette mauvaise profession,
Pour aucune part de son butin,
Et tu dois le savoir ou alors pécher,
Ni pour son bien, ni pour sa famille.

Quatorzième point.

Le quatorzième point est excellente loi
Pour celui qui sera sous la crainte;
Un bon et vrai serment il doit prêter là,
A son maître et ses compagnons qui sont là;
Il doit être constant et fidèle aussi
A toutes ces ordonnances, où qu'il aille,
Et a son seigneur lige le roi,
De lui être fidèle par-dessus tout.
Et tous ces points ci-dessus
A eux tu dois être assermenté,
Et tous prêteront le même serment
Des maçons, de gré ou de force.
A tous ces points ci-dessus,
Ainsi que l'a établie une excellente tradition.
Et ils enquêteront sur chaque homme
S'il les met en pratique de son mieux,
Si un homme est reconnu coupable
Sur l'un de ces points en particulier;
Qu'on le recherche, quel qu'il soit,
Et qu'il soit amené devant l'assemblée.

Quinzième point.

Le quinzième point est excellente tradition,
Pour ceux qui auront là prêté serment,
Cette ordonnance qui fut arrêtée par l'assemblée
De grands seigneurs et maîtres dont on a parlé;
Pour ceux qui soient désobéissants, je sais,
A la présente constitution,
De ces articles qui y furent édictés,
Par de grands seigneurs et maçons ensemble,
Et si leurs fautes sont mises au jour
Devant cette assemblée, tantôt,
Et s'ils ne veulent pas s'en corriger,
Alors ils doivent abandonner le métier;
Et jurer de ne plus jamais l'exercer.
Sauf s'ils acceptent de s'amender,
Ils n'auront plus jamais part au métier;
Et s'ils refusaient de faire ainsi,
Le shérif se saisira d'eux sans délai,
Et les mettra dans un profond cachot,
A cause de leur transgression,
Il confisquera leurs biens et leur bétail
Au profit du roi, en totalité,
Et les y laissera aussi longtemps,
Qu'il plaira à notre lige le roi.

L'art des quatre couronnés.

Prions maintenant Dieu tout-puissant,
Et sa mère Marie radieuse,
Afin que nous puissions garder ces articles,
Et les points tous ensembles,
Comme le firent ces quatre saints martyres,
Qui dans ce métier furent tenus en grand honneur,
Ils étaient aussi bons maçons qu'on puisse trouver sur la terre,
Sculpteurs et imagiers ils étaient aussi,
Car c'étaient des ouvriers d'élite,
L'empereur les tenait en grande estime;
Il désira qu'ils fassent une statue
Qu'on vénérera en son honneur;
En son temps il possédait de tels monuments,
Pour détourner le peuple de la loi du Christ.

Mais eux demeuraient ferme dans la loi du Christ,
Et dans leur métier sans compromis;
Ils aimaient bien Dieu et tout son enseignement,
Et s'étaient voués à son service pour toujours.
En ce temps-là ils furent des hommes de vérité,
Et vécurent droitement dans la loi de Dieu;
Ils n'entendaient pas de fabriquer des idoles,
Quelque bénéfices qu'ils puissent en retirer,
Ni prendre cette idole pour leur Dieu,
Ils refusèrent de le faire, malgré sa colère;
Car ils ne voulaient pas renier leur vraie foi,
Et croire à sa fausse loi,
L'empereur les fit arrêter sans délai,
Et les mit dans un profond cachot;
Plus cruellement il les y punissait,
Plus ils se réjouissaient dans la grâce de Dieu,
Alors quand il vit qu'il ne pouvait plus rien,
Il les laissait alors aller à la mort;
Celui qui voudra, trouvera dans le livre
De la légende des saints,
Les noms des quatre couronnés.
Leur fête est bien connue, Le huitième jour après la Toussaint.

Écoutez ce que j'ai lu,
Que beaucoup d'années après, à grand effroi
Le déluge de Noé eut déferlé,
La tour de Babel fut commencée,
Le plus gros ouvrage de chaux et de pierre,
Que jamais homme ait pu voir;
Si long et si large on l'entreprit,
Que sa hauteur jeta sept miles d'ombre,
Le Roi Nabuchodonosor le fit construire
Aussi puissant pour la défense des hommes,
Que si un tel déluge surviendrait,
Il ne pourrait submerger l'ouvrage;
Parce qu'ils avaient un orgueil si fier, avec grande vantardise
Tout ce travail fut ainsi perdu;
Un ange les frappa en diversifiant leurs langues,
Si bien qu'ils ne se comprenaient plus jamais
l'un l'autre.

Bien des années plus tard, le bon clerc Euclide
Enseigna le métier de géométrie partout autour,
Et il fit en ce temps-là aussi,
Divers métiers en grand nombre.
Par la haute grâce du Christ au ciel,
Il fonda les sept sciences ;

Grammaire est la première, je le sais,
Dialectique la seconde, je m'en félicite,
Rhétorique la troisième sans conteste,
Musique la quatrième, je vous le dis,
Astronomie est la cinquième, par ma barbe,
Arithmétique la sixième, sans aucun doute,
Géométrie la septième, clôt la liste,
Car elle est humble et courtoise,

En vérité, la grammaire est la racine,
Chacun l'apprend par le livre;
Mais l'art dépasse ce niveau,
Comme le fruit de l'arbre vaut plus que la racine;
La Rhétorique mesure un langage soigné,
Et la Musique est un chant suave;
L'Astronomie dénombre, mon cher frère,
L'Arithmétique montre qu'une chose est égale à une autre,
La Géométrie est la septième science,
Qui distingue le vrai du faux, je sais
Que ce sont les sept sciences,
Celui qui s'en sert bien peut gagner le ciel.

Maintenant mes chers enfants, ayez bon esprit
Pour laisser de côté orgueil et convoitise,
Et appliquez-vous à bien juger,
Et à bien vous conduire, où que vous allez.

Maintenant je vous prie d'être bien attentifs,
Car ceci vous devez-savoir,
Mais vous devez en savoir bien plus encore,
Que ce que vous trouvez écrit ici.
Si l'intelligence te fait défaut pour cela,
Prie Dieu de te l'envoyer ;
Car le Christ lui-même nous l'enseigne
Que la sainte église est la maison de Dieu,
Elle n'est faite pour rien d'autre
Que pour y prier, comme nous le dit l'Écriture,
Là le peuple doit se rassembler,
Pour prier et pour pleurer leurs péchés.

Veille à ne pas arriver à l'église en retard,
Pour avoir tenu des propos paillards à la porte;
Alors quand tu es en route vers l'église,
Aie bien en tête à tout instant
De vénérer ton seigneur Dieu jour et nuit,
De tout ton esprit et de toute ta force.
En arrivant à la porte de l'église
Tu prendras un peu de cette eau bénite,
Car chaque goutte que tu toucheras,
Effacera un péché véniel, sois-en sûr.

Mais d'abord tu dois ôter ton capuchon,
Pour l'amour de celui qui est mort sur la croix.
Quand tu entreras dans l'église,
Élève ton cœur vers le Christ, aussitôt ;
Lève alors les yeux vers la crois,
Et agenouille toi bien à deux genoux,
Puis prie-le alors de t'aider à œuvrer,
Selon la loi de la sainte église,
A garder les dix commandements,
Que Dieu donna à tous les hommes ;

Et prie-le d'une voix douce
De te garder des sept péchés,
Afin que tu puisses ici, dans cette vie,
Te garder loin des soucis et des querelles ;
Et que de plus il t'accorde la grâce,
Pour trouver une place dans la béatitude du ciel.

Dans la sainte église abandonne les paroles frivoles
De langage lascive et plaisanteries obscènes,
Et mets de côté toute vanité,
Et dis ton pater noster et ton ave;
Veille aussi à ne pas faire de bruit,
Mais sois toujours dans tes prières;
Si tu ne veux pas prier toi-même,
Ne gêne aucun autre en aucune manière.
En ce lieu ne te tiens ni assis ni debout,
Mais agenouille toi bien sur le sol,
Et quand je lirai l'Évangile,
Lève-tôt bien droit sans t'appuyer au mur,
Et signe-toi si tu sais le faire,
Quand on étonne le gloria tibi;
Et quand l'évangile est fini,
A nouveau tu peux t'agenouiller,
Sur tes deux genoux tu tomberas,
Pour l'amour de celui qui nous a tous rachetés;

Et quand tu entends sonner la cloche
Qui annonce le saint sacrement,
Vous devez vous agenouiller tous jeunes et vieux,
Et lever vos deux mains au ciel,
Pour dire alors dans cette attitude,
A voix basse et sans faire de bruit;
"Seigneur Jésus sois le bienvenu,
En forme de pain comme je te vois,
Désormais Jésus par ton saint nom,
Protège-moi du péché et de la honte;
Accorde-moi l'absolution et la communion,
Avant que je m'en aille d'ici,
Et sincère repentir de mes péchés,
Afin, Seigneur, que je ne meure jamais dans cet état;
Et toi qui est né d'une vierge,
Ne souffre pas que je sois jamais perdu;
Mais quand je m'en irai de ce monde,
Accorde-moi la béatitude sans fin;
Amen ! Amen ! Ainsi soit-il !
A présent douce dame priez pour moi."

Voici ce que tu dois dire, ou une chose semblable,
Quand tu t'agenouille devant le sacrement.
Si tu cherches ton bien, n'épargne rien
Pour vénérer celui qui a tout crée ;
Car c'est pour un homme un jour de joie,
Qui une fois ce jour-là a pu le voir ;
C'est une chose si précieuse, en vérité,
Que nul ne peut en dire le prix ;
Mais cette vision fait tant de bien,

Comme Saint Augustin le dit très justement,
Ce jour où tu vois le corps de Dieu,
Tu posséderas ces choses en toute sécurité : -
A manger et à boire à suffisance,
Rien ce jour-là ne te manquera ;
Les jurons et vaines paroles,
Dieu te les pardonnera aussi ;
La mort subite ce même jour
Tu n'as nullement à la craindre ;
Et aussi ce jour-là, je te le promets,
Tu ne perdras pas la vue ;

Et chaque pas que tu fais alors,
Pour voir cette sainte vision,
Sera compté en ta faveur,
Quand tu en auras grand besoin ;
Ce messager qu'est l'ange Gabriel,
Les conservera exactement.
Après cela je peux passer maintenant,
A parler à d'autres bienfaits de la messe ;
Viens donc à l'église, si tu peux,
Et entends la messe chaque jour ;

Si tu ne peux pas venir à l'église,
Où que tu travailles,
Quand tu entends sonner la messe,
Prie Dieu dans le silence de ton cœur,
De te donner part à ce service,
Que l'on célèbre dans l'église,

Je vous enseignerai de plus,
Et à vos compagnons, apprenez ceci,
Quand tu te présenteras devant un seigneur,
Dans un manoir, un bosquet, ou à table,
Capuchon ou bonnet tu dois ôter,
Avant d'être près de lui ;
Deux ou trois fois, sans nul doute,
Devant ce seigneur tu dois t’incliner ;
Tu fléchiras le genou droit,
Tu auras ainsi l'honneur sauf.

Ne remets pas ton bonnet ou capuchon,
Jusqu'à ce que tu en auras la permission.
Tout le temps que tu parleras avec lui,
Tiens le menton haut avec franchise et amabilité ;
Ainsi, comme le livre te l'enseigne,
Regardes-le en face avec amabilité.
Tes pieds et mains tiens les tranquilles,
Sans te gratter ni trébucher, sois habile ;
Évite aussi de cracher et de te moucher,
Attends pour cela d'être seul,
Et si tu veux être sage et discret,
Tu as grand besoin de bien te contrôler.

Lorsque tu entres dans la salle,
Parmi les gens bien nés, bons et courtois,
Ne présume pas trop de grandeur pour rien,
Ni de ta naissance, ni de ton savoir,
Ne t'assied pas et ne t'appuie pas,
C'est le signe d'une éducation bonne et propre.
Ne te laisse donc pas aller dans ta conduite,
En vérité la bonne éducation sauvera ta situation.
Père et mère, quels qu'ils soient,
Digne est l'enfant qui agit dignement,
En salle, en chambre, où que tu ailles ;
Les bonnes manières font l'homme.

Fait attention au rang de ton prochain,
Pour leur rendre la révérence qui convient ;
Évite de les saluer tous à la fois,
Sauf si tu les connais.
Quand tu es assis à table,
Mange avec grâce et bienséance ;
Veille d'abord que tes mains soient propres,
Et que ton couteau soit tranchant et bien aiguisé,
Et ne coupe ton pain pour la viande,
Qu'autant que tu en mangeras,
Si tu es assis à côté d'un homme de rang supérieur, Au tient.

Laisse le se servir d'abord de la viande,
Avant d'y toucher toi-même.
Ne pique pas le meilleur morceau,
Même s'il te fait grande envie ;
Garde tes mains nettes et propres,
Pour ne pas souiller ta serviette ;
Ne t'en sers pas pour te moucher,
Et ne te cure pas les dents à table ;
Ne plonge pas trop tes lèvres dans la coupe,
Même si tu as grande envie de boire,
Cela te ferait larmoyer.
Ce qui serait alors discourtois.

Veille à ne pas avoir la bouche pleine,
Quand tu te mets à boire ou à parler.
Si tu vois un homme qui boit,
Tout en écoutant tes propos,
Interromps aussitôt ton histoire,
Qu'il boive du vin ou de la bière,
Veille aussi à n'offenser aucun homme,
Si bien parti que tu le voies ;
Et ne médis de personne,
Si tu veux sauver ton honneur ;
Car de tels mots pourraient t'échapper,
Qui te mettraient dans une situation gênante.

Retiens ta main dans ton poing,
Pour ne pas avoir à dire "si j'avais su",
Dans un salon parmi de belles dames,
Tiens ta langue et sois tout yeux ;
Ne ris pas aux grands éclats,
Ne chahute pas comme un ribaud.
Ne badine qu'avec tes pairs,
Et ne répète pas tous ce que tu entends ;
Ne proclame pas tes propres actions ;
Par plaisanterie ou par intérêt ;
Par de beaux discours tu peux réaliser tes désirs,
Mais tu peux par là aussi te perdre.

Quand tu rencontres un homme de valeur,
Tu ne dois pas garder bonnet et capuchon ;
A l'église, au marché, ou au portail,
Salue le selon son rang.
Si tu marches avec un homme d'un rang
Supérieur au tien,
Reste en retrait de lui d'une épaule,
Car cela est bonne éducation sans défaut ;

Lorsqu'il parle, tiens-toi tranquille,
Quand il a fini, dis ce que tu veux,
Dans tes paroles sois discret,
Et à ce que tu dis fais bien attention ;
Mais n'interrompe pas son histoire,
Qu'il en soit au vin ou à la bière.
Que le Christ alors par sa grâce céleste,
Vous donne et l'esprit et le temps,
Pour bien comprendre et lire ce livre,
Afin d'obtenir le ciel en récompense.

Amen ! Amen ! Ainsi soit-il !
Disons nous tous par charité.

 

Le texte est bien entendu à l’usage d’un groupe déterminé et présente la forte influence religieuse de l’époque, mais la plupart des préceptes peuvent convenir à celui qui veut être un homme honnête et de bonnes mœurs.

 

Le sang qui coule dans les veines des bâtisseurs est le même, preuve que l’on peut faire « reliance » entre les Maîtres tailleurs de pierre d’outre-manche et ceux de l’empire, qui se réunirent en avril 1459 sous la présidence de l’architecte Jost Dotzinger, maître d’œuvre de la cathédrale de Strasbourg, dans la ville de Ratisbonne, ville allemande de Bavière baignée par le Danube, prémisse d’une internationale oeuvrière, ces hommes voulaient unifier les statuts de leurs loges.

Ainsi sous les auspices de quatre loges majeures celles de Strasbourg, Cologne, Vienne, et Berne avec une voix prépondérante pour celle de Strasbourg élevée au rang de loge Suprême. Ils ont écrit, et signés, les Statuts de Ratisbonne : une fédération, une alliance, une obédience, une entente maçonnique, avant l’heure de l’Europe et la consécration de Strasbourg comme ville européenne. Ces statuts de Ratisbonne deviendront en 1563 les Statuts de la Saint-Michel.

Les cathédrales qui impressionnent toujours, non pas seulement les croyants en une religion, furent construites pour accueillir l’ensemble du peuple de chaque cité. Les devoirs des maîtres du métier, maçons, charpentiers, vitriers, orfèvres….. La forêt des symboles qu’elles contiennent, vit toujours dans le cœur des hommes. La cathédrale interpelle l’ensemble de l’humanité, lieu spirituel sans frontière, lieu d’élévation spirituelle, prouesse architecturale lieu des savoirs et de la connaissance, incarnation des hommes de devoir.

 

DROITS ET DEVOIRS  PART II

Les Statuts de Ratisbonne pour extrait :

(Article du Blog :
 

www.lafrancmaconnerieaucoeur.com › 2016/01 › les-st...

1 janv. 2016 — Avril 1459, l'architecte Jost Dotzinger, Maître de l'œuvre de la cathédrale de Strasbourg, les Maîtres tailleurs de pierre venus de toutes les .

 

  1. Celui qui veut entrer dans notre confraternité doit promettre d'observer tous les points et articles qui sont mentionnés dans ce règlement.
  2. Si un travailleur ayant entamé un ouvrage honnêtement conçu venait à mourir, il faut que n’importe quel autre maître expert en la matière puisse continuer l’oeuvre pour la mener à bonne fin.
  3. S'il se présente sur un tel chantier un compagnon compétent qui désire de l’avancement après avoir suffisamment servi dans cette branche, on peut l’accepter.
  4. Si un maître vient à mourir, sans avoir achevé l’œuvre  entreprise, et qu'un autre maître s'y attelle, celui-ci doit la mener à bonne fin sans l'abandonner à un troisième, et cela afin  ceux qui ont commandé le travail en question ne se trouvent pas engagés dans des frais exagérés qui porteraient préjudice à la mémoire du défunt.
  5. Si un nouveau chantier se formait alors qu'il n'en existait pas auparavant, ou si un maître mourait et qu'un autre le remplaçât, qui ne fit pas partie de cette fraternité, il faut que le maître qui détient les documents et les statuts de la confraternité en vigueur dans cette région convoque un maître  remplaçant pour cette confraternité et lui fasse jurer et promettre de maintenir tout en règle, selon le droit des travailleurs de pierre et des maçons ; quiconque s’opposerait à cette loi ne recevrait aucun soutien ni de compagnon ni de maître et aucun compagnon de cette confraternité n'entrerait dans son chantier.
  6. Celui qui est sous la dépendance d'un seigneur, qu'il soit maître ou compagnon, ne doit être accepté dans la confraternité qu'avec l’assentiment de son seigneur.
  7. Si un chantier a été mis en train par exemple à Strasbourg, Cologne, Vienneet Passau, ou autres lieux du même ressort, personne venant de l’extérieur ne doit en tirer profit
  8. Le maître qui reprend un chantier en cours doit conserver le salaire jusqu’alors en usage.
  9. Le salaire convenu doit revenir intégralement aux compagnons de la première heure.
  10. Le maitre doit en toutes circonstances se comporter avec correction envers les compagnons, selon le droit et la coutume des tailleurs de pierre et maçons, conformément aux usages de la région.
  11. Si un maitre a entrepris un chantier et que d'autres maîtres viennent à passer, ceux-ci ne doivent en aucune manière prendre position avant que le premier se soit désisté de l'entreprise. Naturellement, ces derniers doivent être compétents.
  12. Les maîtres en question doivent conduire leurs travaux de telle manière que les bâtiments construits par eux soient impeccables et réalisés durant le laps de temps déterminé par les usages de leur région.
  13. S'il convient à quelque maître d'entreprendre un autre travail concurremment au sien et qu'il ne puisse le mener à bonne fin et qu'un autre maître s'y adonne, celui-ci doit le pousser à achèvement afin que l’œuvre  ne reste pas inachevée. Mais si ce dernier n'a pas la compétence voulue pour aboutir comme il convient, il doit être repris et puni afin qu'on sache à quoi s'en tenir sur son compte.
  14. Le ou les maîtres qui entreprennent de pareils travaux ne doivent prendre à louage que ceux qui sont compétente en la matière.
  15. Si un maître vient entreprendre un travail pour lequel il n'est pas compétent, aucun compagnon ne doit l’assister.
  16. Deux maîtres ne doivent pas entreprendre le même travail, à moins que l'on ne puisse terminer le travail dans l’espace de l'année.
  17. Chaque maître qui réside dans son chantier ne doit pas avoir plus de deux aides. Et s'il a un ou plusieurs chantiers extérieurs, il ne peut dépasser dans chacun d'eux plus de deux aides afin qu'il n'ait pas plus de cinq aides pour l'ensemble de ses chantiers. Mais s'il perd un chantier, il doit employer les aides de celui-ci dans son autre chantier jusqu'à ce que la période d’engagement de ses aides soit révolue et il ne doit pas engager d'autres aides jusqu'à ce que le travail soit achevé.
  18. Si un aide vient à faire défaut à un maître, le maître peut en engager un autre pour un trimestre jusqu'à ce que le temps de travail de l'autre soit échu.
  19. Quand un aide sert un maître conformément aux statuts de la confraternité et que le maître lui a promis de lui confier certains travaux et que l'aide désire en faire encore davantage, il peut s'entendre à bon droit avec le maître afin de le servir plus longtemps.
  20. À tout entrepreneur qui dirige un chantier et à qui est dévolu le pouvoir juridique sur cette confraternité pour régler tout différend qui pourrait survenir entre les constructeurs, obéissance est due par tous les maîtres, compagnons et aides.
  21. Au cas où une plainte parvient au maître, il ne doit pas prononcer seul une sentence, mais s'adjoindre deux autres maîtres parmi les plus proches et les compagnons qui appartiennent à ce chantier. Ensemble, ils éclairciront la question qui ensuite devra être portée devant toute la confraternité.

 

Je veux bien concéder que le devoir, les devoirs sont reliés à un groupe, ce sont ces devoirs qui rendent la vie possible en société, contrairement aux droits qui seraient individuels, mais l’individu ne vit pas seul ! Il a même besoin de la vie en société, la pandémie actuelle le démontre.

Le devoir oblige le groupe à la solidarité et la fraternité qui peut prendre un caractère universel. La fraternité et la solidarité d’un groupe s’amplifie plus le groupe est restreint, attention cela sent la secte, l’archipel suivant le terme à la mode chez les sociologues. Je n’aurais des devoirs que par rapport à mon groupe et plus mon groupe serait restreint plus je serais un homme de devoir ? Dans ce raisonnement le devoir est guidé par l’intérêt du groupe, le don disparaît, l’effort aussi.

Cette tendance au devoir restreint, facile est palpable dans notre société, le mondialisme exclu le devoir. On observe la désaffection des citoyens pour les grandes villes trop demanderesses si j’ose dire de devoirs qui assaillent notre vie quotidienne, les citadins fuient vers les villes moyennes et les petites villes et se plaignent des infrastructures déficientes, ils veulent les mêmes droits, les mêmes accès à toutes les technologies. Ils ne s’assignent pas de limites à leurs droits individuels et refusent leurs devoirs collectifs, c’est le règne de l’individualisme.

 

Le groupe, le réseau est devenu le refuge du devoir, le devoir donne de la force au groupe, mais le devoir ne peut survivre que dans des petits groupes et les groupes s’opposent. Les anciens devoirs old charges ou les statuts de Ratisbonne donnaient une dimension au devoir autour d’un projet commun, ils transcendaient le groupe.

En pensant aux constructeurs de Cathédrales, je ne peux pas m’empêcher de penser aux fondateurs de l’Europe.

Bien sûr le traité de Rome fut essentiellement un traité entre des marchands, mais l’on ne peut pas se plaindre de faire du commerce, de se parler avec ceux que nous combattions jadis.

Les principes du traité, peuvent être considérés comme des devoirs des uns envers les autres.

Dans le préambule du traité dont voici quelques extraits, l’on discernera l’esprit qui a conduit à sa ratification :

 

« …. Déterminés à établir les fondements d’une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens. »

 

Les francs-maçons auraient écrit simplement faire de l’Europe un centre d’union entre les hommes.

 

« …. Éliminer les barrières qui divisent l’Europe. »

 

Les francs-maçons auraient écrit mes frères, formons la chaîne.

 

« … l’équilibre dans les échanges et la loyauté dans la concurrence. »

 

Mes frères, mes sœurs soyons les amis des pauvres et des riches pourvu qu’ils soient vertueux.

 

« ….les sauvegardes de la paix et de la liberté. »

 

Mes frères, mes sœurs recherchons l’harmonie de l’un, qui est la liberté.

 

On soulignera aussi la volonté de la dernière disposition (f) de l’Art-3 Première Partie des Principes.

 

«.. l’établissement d’un régime assurant que la concurrence n’est pas faussée dans le marché commun.. »

 

Si cette volonté avait été suivie d’effet, nous n’aurions pas de différences sociales et fiscales dans l’union, et n’aurions pas à débattre continuellement des droits des travailleurs d’un pays à l’autre, ni de l’égalité fiscale et de la taxation des GAFAM cela serait aujourd’hui naturel, pour mémoire le traité de Rome à été signé le 25 mars 1957, il y a donc 63 ans.

Signature du traité de Rome

Il est facile d’être chagrin, plus que dans l’espérance, chacun peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein, à défaut du carton plein. Le traité de Rome est d’abord un contrat commercial entre nations. L’établissement de règles de bonne conduite, de devoirs à respecter, de principes qui devaient être intangibles. Ce fût à l’époque un progrès extraordinaire, il assurait la stabilité commerciale et surtout la paix entre les peuples, repoussait la guerre hors de l’Europe. Les fondateurs ont voulu que les peuples ne construisent plus de frontières, de murs, mais des ponts des tunnels pour se rencontrer, la libre circulation dont nous mesurons aujourd’hui l’importance est un progrès considérable, nos jeunes en mesure l’effet avec le programme Erasmus, c’est sans doute le meilleur rempart contre les intégrismes, chacun s’améliore au contact des autres et de leurs différences.

 

Pourtant l’Europe est fragilisée, le Brexit en témoigne dans ce divorce avec nos amis anglais, il n’y a qu’un perdant l’esprit Européen et pas de gagnant. Nous avons ignoré les principes, les devoirs fondamentaux sous-jacents dans les traités, il est facile de dire maintenant qu’il aurait fallu, un peu moins d’épicerie ou de comptes d’apothicaires (avec mes excuses pour nos frères pharmaciens) mais un peu plus de devoirs de justesse, de solidarité, de fraternité, pour que le cœur de l’Europe batte un peu plus fort en chacun de nous. Comme le disait si bien Saint-Exupéry, je vous propose un long extrait de sa dernière lettre celle du 30 juillet 1944, il périt en mer dans son avion abattu le 31 juillet 1944 :

Antoine de Saint-Exupéry.

Je viens de faire quelques vols sur P. 38. C’est une belle machine. J’aurais été heureux de disposer de ce cadeau-là pour mes vingt ans. Je constate avec mélancolie qu’aujourd’hui, à quarante-trois ans, après quelques six mille cinq cents heures de vol sous tous les ciels du monde, je ne puis plus trouver grand plaisir à ce jeu-là. Ce n’est plus qu’un instrument de déplacement — ici de guerre. Si je me soumets à la vitesse et à l’altitude à mon âge patriarcal pour ce métier, c’est bien plus pour ne rien refuser des emmerdements de ma génération que dans l’espoir de retrouver les satisfactions d’autrefois.

Ceci est peut-être mélancolique, mais peut-être bien ne l’est-ce pas. C’est sans doute quand j’avais vingt ans que je me trompais. En octobre 1940, de retour d’Afrique du Nord où le groupe 2-33 avait émigré, ma voiture étant remisée exsangue dans quelque garage poussiéreux, j’ai découvert la carriole et le cheval. Par elle l’herbe des chemins. Les moutons et les oliviers. Ces oliviers avaient un autre rôle que celui de battre la mesure derrière les vitres à 130 kilomètres à l’heure. Ils se montraient dans leur rythme vrai qui est de lentement fabriquer des olives. Les moutons n’avaient pas pour fin exclusive de faire tomber la moyenne. Ils redevenaient vivants. Ils faisaient de vraies crottes et fabriquaient de la vraie laine. Et l’herbe aussi avait un sens puisqu’ils la broutaient.

Et je me suis senti revivre dans ce seul coin du monde où la poussière soit parfumée (je suis injuste, elle l’est en Grèce aussi comme en Provence). Et il m’a semblé que, toute ma vie, j’avais été un imbécile…

Tout cela pour vous expliquer que cette existence grégaire au coeur d’une base américaine, ces repas expédiés debout en dix minutes, ce va-et-vient entre les monoplaces de 2600 chevaux dans une bâtisse abstraite où nous sommes entassés à trois par chambre, ce terrible désert humain, en un mot, n’a rien qui me caresse le coeur. Ça aussi, comme les missions sans profit ou espoir de retour de juin 1940, c’est une maladie à passer. Je suis « malade » pour un temps inconnu. Mais je ne me reconnais pas le droit de ne pas subir cette maladie. Voilà tout. Aujourd’hui, je suis profondément triste. Je suis triste pour ma génération qui est vide de toute substance humaine. Qui n’ayant connu que les bars, les mathématiques et les Bugatti comme forme de vie spirituelle, se trouve aujourd’hui plongé dans une action strictement grégaire qui n’a plus aucune couleur.

On ne sait pas le remarquer. Prenez le phénomène militaire d’il y a cent ans. Considérez combien il intégrait d’efforts pour qu’il fut répondu à la vie spirituelle, poétique ou simplement humaine de l’homme. Aujourd’hui nous sommes plus desséchés que des briques, nous sourions de ces niaiseries. Les costumes, les drapeaux, les chants, la musique, les victoires (il n’est pas de victoire aujourd’hui, il n’est que des phénomènes de digestion lente ou rapide) tout lyrisme sonne ridicule et les hommes refusent d’être réveillés à une vie spirituelle quelconque. Ils font honnêtement une sorte de travail à la chaîne. Comme dit la jeunesse américaine, « nous acceptons honnêtement ce job ingrat » et la propagande, dans le monde entier, se bat les flancs avec désespoir.

De la tragédie grecque, l’humanité, dans sa décadence, est tombée jusqu’au théâtre de M. Louis Verneuil (on ne peut guère aller plus loin). Siècle de publicité, du système Bedeau, des régimes totalitaires et des armées sans clairons ni drapeaux, ni messes pour les morts. Je hais mon époque de toutes mes forces. L’homme y meurt de soif.

Ah ! Général, il n’y a qu’un problème, un seul de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles, faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien. On ne peut vivre de frigidaires, de politique, de bilans et de mots croisés, voyez-vous ! On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour. Rien qu’à entendre un chant villageois du 15ème siècle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot de la propagande (pardonnez-moi). Deux milliards d’hommes n’entendent plus que le robot, ne comprennent plus que le robot, se font robots.

Tous les craquements des trente dernières années n’ont que deux sources : les impasses du système économique du XIXème siècle et le désespoir spirituel. Pourquoi Mermoz a-t-il suivi son grand dadais de colonel sinon par soif ? Pourquoi la Russie ? Pourquoi l’Espagne ? Les hommes ont fait l’essai des valeurs cartésiennes : hors des sciences de la nature, cela ne leur a guère réussi. Il n’y a qu’un problème, un seul : redécouvrir qu’il est une vie de l’esprit plus haute encore que la vie de l’intelligence, la seule qui satisfasse l’homme. Ca déborde le problème de la vie religieuse qui n’en est qu’une forme (bien que peut-être la vie de l’esprit conduise à l’autre nécessairement). Et la vie de l’esprit commence là où un être est conçu au-dessus des matériaux qui le composent. L’amour de la maison — cet amour inconnaissable aux États-Unis — est déjà de la vie de l’esprit.

Et la fête villageoise, et le culte des morts (je cite cela car il s’est tué depuis mon arrivée ici deux ou trois parachutistes, mais on les a escamotés : ils avaient fini de servir). Cela c’est de l’époque, non de l’Amérique : l’homme n’a plus de sens.

Il faut absolument parler aux hommes.

C’est dernière phrase de Saint-Exupéry, il faut absolument parler aux hommes, résonne en moi comme un devoir. On ne se parle pas assez des bonnes et simples choses. Tous les hommes et les femmes de bonne volonté qui sont enfermés dans la bureaucratie européenne, ces hommes et ses femmes, qui croient en leurs devoirs, qui sont des européens convaincus ne nous parle pas assez de l’Europe, de leur Europe celle des hommes et des femmes, pas celle des marchands, des normes. Pas de cette Europe des petits marquis de la bureaucratie, qui ont fourni à nos frères et sœurs anglais le faux alibi du Brexit. Il faut que ses femmes et ses hommes viennent nous voir, écrivent, publient sur leur enthousiasme, sur leurs rencontres avec les autres, avec l’autre.

Parce que nous n’avons pas mieux à proposer, personne ne veut du retour de l’obscurantisme, de l’intégrisme, de la guerre, du mur de Berlin et des autres murs. Oui ses femmes et ses hommes ont des devoirs vis à vis de nos enfants, la haine de l’autre de ses différences ne fait pas germer le blé le long des fleuves qui ne connaissent pas les frontières.

 

Notre XXIème siècle semble avoir oublié le moteur du devoir. Ce n’est pas faire offense que de constater que chacun pense plus souvent à son plaisir, rêve de Week-end, de vacances, de voyage, que de désir de construire, d’être. L’avoir a pris la place de l’être. La célébrité, le paraître, se sont installés à la place de la raison, de la solidarité et de la fraternité, la vie est un concours permanent.

 

Il semble que les seuls qui ont encore conscience du devoir, de leurs devoirs, ce sont qui l’ont appris dans des groupes préexistants, traditionnels, ceux qui ont reçus le devoir comme un don, ils ont la clé du devoir, symboliquement cette clé vivante en ivoire qui ouvre les portes, permet de franchir les balustrades, d’accéder au tabernacle ou brûle la flamme éternelle. Ce sont les croisés d’un autre temps. Aujourd’hui les devoirs, sont des tâches ménagères, les héros sont ceux qui trient leurs poubelles, ou recyclent leurs téléphones.

Ces héros du quotidien sont vantés quand ils tendent la main à un enfant qui se noie, ils font la une des médias pour ces gestes ordinaires ! On a les héros que l’on mérite.

Chacun s’octroie le droit de traire la vache élevée par le groupe et refuse de la soigner. Les services publics sont des droits, et personne ne veut les entretenir, les camions des multinationales roulent sur nos routes et ces mêmes multinationales refusent de payer leurs impôts, les politiques béatement se gargarisent de l’attractivité de la France.

Il y a aujourd’hui peu de groupe qui pensent que le labyrinthe de l’avenir a besoin des connaissances du passé, les racines sont arrachées, jetées, brulées.

Le seul devoir semble être de devoir s’enrichir de biens matériels, on ne pèse plus l’âme, on pèse les comptes en banques.

À SUIVRE....

Jean-François Guerry.

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Publié le par Jean-François Guerry
DROITS ET DEVOIRS

DROITS ET DEVOIRS

 

« Il est parfois plus facile de faire son devoir que de le connaître. » Rituel Maçonnique.

 

 

Cette phrase énigmatique tirée d’un rituel maçonnique, ouvre la voie d’une réflexion sur les droits et devoirs de l’homme en général et du franc-maçon en particulier. L’instruction maçonnique nous apprend que ce qui paraît extraordinaire au profane, n’est pour le franc-maçon que la pratique de son simple devoir.

 

Vos remarquerez que dans ce préambule, contrairement aux habitudes bien ancrées dans notre société, je n’ai pas encore prononcé le mot droit, ni mes droits. Faut-il d’emblée penser, et conclure. Que le devoir, les devoirs précèdent, dominent les droits ? Un peu suivant la morale que m’ont enseigné mes grands-parents et mes parents, avant de jouir de tes droits fais ton devoir, tes devoirs, ou encore avant de commander il te faudra savoir obéir. L’apprenti franc-maçon apprend dans le silence, le compagnon sur la route du devoir construit son chef-d’œuvre c’est à dire sa vie, le maître trace les plans et instruit les frères apprentis et compagnons ainsi se déroule la route du devoir, bornée par les élévations successives de la conscience du franc-maçon qui le mène du cabinet de réflexion au Nec plus Ultra de l’initiation, ou il frôlera l’humilité qui le fera redescendre vers ses frères, vers l’amour des autres avant l’ultime voyage.

Le myste qui se regarde dans le miroir, découvre la connaissance de lui-même, voie vers la vérité et la connaissance des autres, les droits des autres, de l’autre.

 

Des Droits de l’homme.

Le Marquis de Lafayette.

Cette simple évocation, nous fait penser à « La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. » L’acte de naissance de cette déclaration est le 26 août 1789. Cette déclaration fut largement influencée par le préambule de la déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique de 1776. Un juste retour en France des idées portées par les Lumières. De nombreux francs-maçons prirent part au côté des insurgés américains à la guerre d’indépendance des États-Unis, dont le Marquis de La Fayette resté plus célèbre dans le nouveau monde que chez nous. (Lire la biographie de Lafayette par Gonzague Saint Bris).

Benjamin Franklin

Benjamin Franklin qui débarqua dans le port de Saint-Goustan à Auray dans le Morbihan, le 4 décembre 1776 pour chercher des subsides auprès du roi de France Louis XVI, le guillotiné participa donc à la révolution dans le nouveau monde. Benjamin Franklin qui fréquenta la célèbre loge parisienne des Neuf sœurs celle là même qui initia Voltaire.

 

On notera que certains des ardents défenseurs des droits de l’homme, comme Lafayette ou Washington tous les deux francs-maçons avaient dans leurs plantations des esclaves noirs. Les idées portées par Lafayette, Franklin, Washington étaient semblables à celles de leurs prédécesseurs comme John Locke le rationaliste, précurseur du libéralisme et combattant de l’absolutisme. C’est lui qui est à l’origine de la notion d’état de droit ou Thomas Hoobes le rationaliste, matérialiste auteur du Léviathan, développe l’idée de la nature humaine, à la place d’une vérité révélée. Mais aussi en France Montesquieu, l’écrivain de L’esprit des lois, ardent défenseur de la séparation des pouvoirs.C’est dans cette marmite philosophique et intellectuelle que naquit cette Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Le port de St Goustan à Auray

Arrêtons-nous un instant pour regarder cette icône, cette image symbolique des Droits de l’homme et du citoyen, cette huile sur toile de Le Barbier visible au musée Carnavalet : On y voit à gauche le peuple français se libérant des chaines de l’ancien régime et se saisissant de la couronne de la souveraineté (le peuple devient souverain). Sur la droite figure l’être suprême tenant un sceptre et montrant le delta lumineux, qui porte lui-même en son centre l’œil suprême de la raison. (Est-ce la première marque de la substitution de Dieu par une autre divinité en l’occurrence la déesse raison ? L’on pourrait dire aujourd’hui l’image d’une spiritualité laïque particulière donc contraire à l’universalité, ou est-ce trop tôt ?) Cette déesse raison marque la prédominance du Déisme par rapport au Théisme.

La déesse raison étant son règne pour dissiper « les nuages de l’erreur. » L’on discerne dans cette icône des droits de l’homme et du citoyen une forte inspiration maçonnique et de sa « religere naturelle. »

 

De l’euphorie à la terreur.

F R de Chateaubriand

L’année 1789 en France, a vu la convocation des états généraux le 24 janvier on entre en campagne électorale. Le 27 janvier en Bretagne à Rennes, les États de Bretagne sont paralysés, il y a une lutte entre la noblesse et la bourgeoise, l’hiver est rude, le pain manque, c’est la journée dite des Bricoles sorte de harnais de halage utilisés par les porteurs d’eau. Les étudiants après un rassemblement dans l’église des Toussaints partent à l’assaut du parlement où les nobles, dont Chateaubriand se sont réfugiés, ils font une sortie épée en main, deux jeunes nobles dont un ami cher à Chateaubriand sont tués, il relate l’événement dans ses Mémoires d’outre- tombe :

 

« Lecteur, je t’arrête : regarde couler les premières gouttes de sang que la Révolution devait répandre. Le ciel a voulu qu’elles sortissent des veines d’un compagnon de mon enfance. » (Dictionnaire du patrimoine Rennais)

Cahier de Doléances

Le 7 février 1789 rédaction des Cahiers de doléances. L’on trouve dans ses cahiers des récriminations contre l’industrie qui provoque la pollution des cours d’eau, et qui épuise les ressources naturelles. Prémisses des gilets jaunes de 2018, de la lutte contre la pollution de la planète. Ou en sommes d’ailleurs de la collecte des idées recueillies dans les cahiers de doléances de 2018 et de leurs applications dans la société ?

 

En mars élections des états généraux, le 23 mars émeutes à Marseille dues à l’augmentation du prix du blé, le régime fiscal est modifié.

 

Le 24 avril émeute frumentaire à Orléans.

 

Le 30 avril création à Versailles du Club Breton il deviendra le Club des Jacobins. Le premier acte de la centralisation qui perdure depuis dans notre société. Robespierre deviendra un membre actif de ce club. Nouvelles émeutes à Marseille.

Le mois de mai fut consacré aux États généraux.

 

 Le 22 mai la noblesse renonce à ses privilèges pécuniaires elle sera imposée à raison des biens qu’elle possède. Un des premiers actes de justice fiscale, les droits commencent à s’établir.

 

Le 17 juin constitution d’une Assemblée Nationale. Proclamation d’un droit de consentement à l’impôt.

Le serment du jeu de Paume

Le 20 juin Serment du jeu de paume volonté de donner une constitution à la France.

 

Le 23 juin l’Assemblée Nationale déclare inviolable la personne de ses députés, Mirabeau déclare :

« Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes. »

 

Le 5 juillet les troupes allemandes approchent.

 

Entre le 12 et le 14 juillet émeutes ouvrières à Rouen, troubles à Paris, les gardes-françaises se rallient aux émeutiers.

 

Le 13 juillet les émeutiers s’emparent des stocks de grains, les octrois sont démolis, les prisons ouvertes, les parisiens s’arment.

 

Le 14 juillet c’est la prise de la bastille, elle est placée sous le commandement de Lafayette.

 

Le 17 juillet le Roi se rend à paris et arbore la cocarde tricolore.

 

Les 17 et 19 juillet début de l’émigration.

 

Le 19 juillet à Rennes la foule envahi l’arsenal s’empare des armes, les soldats ne tireront pas sur la foule.

 

Entre le 20 juillet et le 6 août : Grande peur. Dans de nombreuses villes la foule pille, saccage les bâtiments publics.

 

Le 4 août Abolition des privilèges.

 

Le 26 août : Lecture à l’Assemblée Nationale de la Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen.

Temple Rennais de la loge La Parfaite Union

Les Bretons et en particulier les Rennais ont pris une part importante dans la révolution française, le Club Breton, cité ci-avant, qui deviendra plus tard le Club des Jacobins en témoigne. Dans son livre Rennes : les francs-maçons du Grand Orient de France 1748-1998 – 250 ans dans la ville. Préfacé par Edmond Hervé ancien Maire de Rennes en août 2005 ; et qui commence par cette citation de Marguerite Yourcenar : « Quand on aime la vie, on aime le passé, parce que c’est le présent, tel qu’il a survécu dans la mémoire humaine. »

 

Livre qui s’appuie sur les travaux de la loge La Parfaite Union qui existe toujours, ainsi que sur les archives départementales, la vie de cette loge pendant la révolution nous donne l’ambiance qui régnait alors.

La Parfaite Union est la seule loge française qui peut s’honorer d’avoir gardé une activité continue du XVIIIème siècle à nos jours.

Bien avant 1789, comme en témoigne la citation de Louis de Saint Leu, chanoine régulier de l’Abbaye de Rilley proche de Fougères, citation reprise par Daniel Kerjan et mettant à l’honneur les francs-maçons dans leurs désirs d’égalité, de fraternité, de liberté, de justice donc de défense des droits fondamentaux :

Un temple Maçonnique Breton

« au-dessus des préjugés, sans épouser les haines nationales qui armèrent Sparte contre Athènes, Rome contre Carthage, Richard contre Philippe-Auguste, sans se prononcer entre Genève et Rome, Hussein et Mahomet ; sans se laisser éblouir par les brillantes chimères des rangs ; ouvrant également leur sanctuaire à ce guerrier intrépide qui, pour la défense de la patrie brave les dangers de la mort ; à ce magistrat qui, aussi intègre que la justice, est prêt à sacrifier ses biens, sa fortune et sa vie pour le maintien sacré des lois ; à ces négociants qui, par leur commerce, augmentent la jouissance de l’État, quadruplent les forces du Prince, sauvent de la misère et de l’opprobre la timide industrie et l’artisan dont l’activité embellit nos cités et fait circuler dans nos campagnes l’abondance et la fécondité ; enfin au ministre de la religion qui plaint les erreurs des hommes, les chérit, les aime et les secourt, en un mot, à tous les hommes pourvu qu’ils soient vertueux. »

Voilà décrit en 1777 l’idéal maçonnique, imprégné des lumières, qui pose l’égalité entre les hommes vertueux qu’ils soient riches ou pauvres et fonde quelques 12 ans avant 1789 ce qui sera écrit dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

A noter que l’on trouvait beaucoup de francs-maçons évidemment dans la noblesse, mais aussi parmi les ecclésiastiques.

 

Augustin Cochin, historien, catholique, monarchiste mort à 31 ans en 1916 au front. S’est intéresser avec Tocqueville à la pensée de la révolution française. Il fait un rapprochement entre la structure, l’appareil maçonnique (qu’il qualifie de machine), organisé en trois groupes apprentis, compagnons et maîtres) et les Chambres de lecture, les Académies et les Sociétés patriotiques. Ces dernières comparées aux corps maçonniques en général. Le Club Breton c’est-à-dire le Club Jacobin centralisateur, dont les pensées seraient en fait celles des loges Rennaises.

Cette démonstration trouve ses limites quand il écrit à contrario « Que l’esprit révolutionnaire est le fait du groupe, non d’individus. » L’on peut penser que le groupe en question est la loge, sauf qu’à cette époque les loges étaient peu fréquentées par les membres de toutes les Assemblées révolutionnaires ayant également la qualité de francs-maçons.

Daniel Kerjan, à, démonter avec rigueur cette hypothèse de l’influence majeure des loges dans l’esprit révolutionnaire, un complot maçonnique avant l’heure !

Il n’en demeure pas moins que parmi tous ceux qui ont inspiré et voté les lois sur l’égalité à cette époque se trouvait de nombreux francs-maçons en général et rennais en particulier.

La théorie d’Augustin Cochin comme le signale Daniel Kerjan s’appuie sur deux textes trouvés dans les archives de la loge la Parfaite Union, je vous rapporte l’un des deux qui est le discours prononcé le 23 juillet 1789 par un ancien Vénérable de la loge Joseph Corbin de Pontbriand procureur au Parlement.

 

« Le triomphe de la liberté et du patriotisme est le triomphe le plus complet du véritable maçon. C’est de nos temples et de ceux élevés à la sainte philosophie que sont parties les premières étincelles du feu sacré qui, s’étendant rapidement de l’orient à l’occident, du midi au septentrion de la France, a embrasé le cœur de tous les citoyens.

La magique révolution qui sous nos yeux s’opère en si peu de jours doit être célébrée par les disciples fidèles du véritable Maître avec un saint enthousiasme dont les profanes ne peuvent partager les douceurs.

Les cantiques que les vrais enfants de la veuve chantent maintenant sur la montagne sacrée, à l’ombre de l’acacia, retentissent au fond de nos cœurs, et les mains levées vers le Grand Architecte de l’Univers nous devons tous conjurer de porter à l’auteur de tout bien l’hommage de notre vive gratitude.

Les principes d’égalité, de justice et d’humanité que, sous le sceptre de fer d’un prince bourreau de ses sujets les plus fidèles, et sous le gouvernement tyrannique de la féodalité, les martyrs de notre ordre respectable développaient avec tant d’énergie avec nos pères dans l’art royal, le père des Français, le Roi de vingt cinq millions d’hommes libres, Louis XVI enfin, vient de les consacrer à jamais sous son empire.

Aucun de nous n’ignore que notre Respectable Grand Maître le Duc d’Orléans a concouru plus que personne à l’heureuse révolution qui vient de s’opérer. Empressons nous d’entrer dans ses vues, signalons notre joie et ne craignons point de la faire éclater par des actes de bienfaisance aux yeux de tous nos concitoyens.

Qu’il est beau, le jour, où un roi citoyen, vient annoncer qu’il veut commander à un peuple libre, et former de son superbe empire une vaste Loge dans laquelle tous les bons français vont désormais être frères !

Qu’il soit gravé dans nos fastes, en caractères brulants d’amour, cet événement aussi glorieux pour les français que pour leur Roi, dont les annales du monde ne présentent aucun autre exemple.

Que les soldats citoyens qui par leur dévouement à la chose publique et leur noble marche sous les drapeaux de la liberté ont sauvé la patrie, reçoivent les hommages de notre admiration et de notre profonde reconnaissance.

Dans les transports de joie qui nous animent, faisons retentir les voûtes du temple de la charité, de l’égalité et de la liberté, de nos cris éclatants et répétés de Vive la nation, Vive le Roi, vive le Grand Maître des maçons français, leur ange tutélaire et celui de tous les vrais citoyens. »

 

Un peu plus d’un mois plus tard était rédigé la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

 

Ce regard sur l’époque et à travers le prisme maçonnique, éclaire sur le fait que les Droits peuvent être raccrochés au collectif, au social, à ce qui fait société, nécessitant un effort pour s’intégrer dans un cadre collectif réglementé, incluant la justice, la vie des droits n’est donc possible que par un effort, un travail personnel, tenant compte de l’autre, des autres ; mais cette vie nécessite aussi une participation collective, une solidarité, éveillée, consentie, acceptée. Pour ce qui est des Devoirs c’est, plus intime, plus complexe….

 

Arrêtons-nous un instant sur la période qui ira de 1789 à 1795. Le peuple avait tant souffert de l’injustice, des privilèges en général, il lui fallait sortir de l’obscurantisme religieux, mais il avait aussi besoin de croire ! Il détrôna la religion catholique romaine pour installer la déesse raison, l’être suprême. Ce concept devait représenter les droits, la liberté, l’égalité le temps était à l’euphorie. C’était une fête grandiose ! Jules Michelet a écrit :

Le culte de la Déesse Raison

« Le génie de la Révolution, j’aime à le suivre, à l’observer dans ces admirables fêtes où tout un peuple, à la fois acteur et témoin donnait, recevait l’élan de l’enthousiasme moral, où chaque cœur grandissait de toute la grandeur de la France, d’une Patrie qui, pour son droit, proclamait le droit de l’humanité. »

 

 L’on assiste là, à la création d’une religion universelle, ayant des lois naturelles convié au banquet de la Révolution. Cette religion de la raison va reprendre les codes de l’ancienne religion et l’on aménage simultanément la religion catholique.

L’on peut voir des représentations de cette nouvelle religion sur des tableaux ou s’inscrivent les mentions : Évangile de la Liberté, adressé à l’Etre Suprême, par les sans-culottes de République Française, suite à la prière républicaine. Des tableaux représentants la Philosophie où encore des affirmations comme Le peuple Français reconnaît l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme.

 

Lors de la Fête de l’Etre Suprême le 20 Prairial de l’an II c’est-à-dire le 8 juin 1794, l’on chante sous les voûtes gothiques les strophes à l’Etre Suprême écrites par Aristide Valcourt sur l’air des Montagnards, extrait :

 « Ce Dieu n’est point le Dieu des prêtres, Injuste, cruel, orgueilleux ; Le créateur de tous les êtres. Nous fit naître pour être heureux.

 

Quand sur Dieu l’homme s’interroge, qu’en soi-même il veut y songer, il dit : le monde est une horloge. Dont il existe un horloger.

 

Cet horloger est celui de Voltaire, c’est le Grand Architecte de l’Univers des déistes.

Voltaire

La Révolution ouvre ainsi la porte à l’établissement d’un pacte social, dont la loi devient la source de toutes les vertus sociales, vertus qui émergent de l’Etre Suprême. Le moteur de la morale universelle est lancé, avec ses droits.

 

Il est intéressant de noter à ce sujet, la déclaration sur la tolérance de Bouëstard de la Touche, Médecin, Philosophe, Franc-Maçon & Jacobin, résident à Morlaix dans le Finistère :

 

« Si la loi est respectée par tous, toutes les Religions doivent être tolérées.

O mes concitoyens ! Gardez-vous de croire qu’en essayant de vous démontrer ces deux vérités, je veuille éteindre dans vos âmes les sentiments religieux par lesquels vous honorez, peut-être diversement, l’intelligence suprême.

N’en doutons pas. Elle les agrée tous, lorsqu’ils partent d’un cœur pur. Et nous devons les tolérer tous, sitôt qu’ils ne sont pas en contradiction avec la Loi de la nature, avec celle du gouvernement. Je dis plus : c’est proclamer l’existence de ce Etre incompréhensible, c’est en affirmer tous les cultes, que dire aux humains divisés sur cet objet : ralliez-vous autour de la Loi, vous fixerez la paix sur terre, vous assurerez votre bonheur, vous affermirez celui de tous les hommes. »

 

Cet appel, plus cette ode à l’esprit de tolérance est dans le droit fil d’une pensée universelle maçonnique, c’est aussi ce que sera bien plus tard la loi sur la laïcité et même sur celle que l’on veut nous proposer sous le nom de loi contre le séparatisme ! On sent l’émergence prochaine des devoirs mis en face des droits, pas en opposition, mais qui doivent marcher de concert.

 

Bouëstard continue ses injonctions qui ressemblent à celles des rituels maçonniques :

 

« Ni la fortune, ni la volupté, ni l’or, ni les honneurs ne peuvent assurer le bonheur de l’homme, mais seulement la vertu morale.

 

« Suivrons-nous le voluptueux ? Souvent et presque toujours le dégoût et la douleur sont les suites de ce penchant effréné pour le plaisir. »

 

« La soif de l’ambitieux s’irrite par la possession des places que souvent il usurpe sur le talent modeste. »

 

« Quelle jouissance pourra donc satisfaire chez nous le désir du bonheur ? La jouissance de notre propre estime, de celle de nos concitoyens. Que faut-il pour obtenir l’une et l’autre ? S’abstenir de toute action qui répugne à notre conscience, à ce sentiment intime qui seul nous suffit pour distinguer l’utile et l’honnête, se faire aimer par le bien qu’on pratique, par la bonne réputation que l’on acquiert. Elle est le fruit nécessaire des talents et de la vertu. »

 

C’est peut-être une réponse à ce fameux devoir qu’il est plus facile de faire que de le connaître.

Emmanuel Kant

L’on discerne aussi dans ces injonctions, la pensée d’outre-Rhin d’Emmanuel Kant qui soutient la Révolution française avec son idéalisme transcendantal, il fit paraître sa « Critique de la Raison pure » en 1781, et plus tard sa Métaphysique des Mœurs, où il est question de la Liberté, de Dieu et de l’immortalité de l’âme. Le tribunal révolutionnaire de Kant, est le tribunal intérieur où notre conscience siège à la place du juge. C’est aussi l’affirmation de notre droit à penser par nous-même son Sapere aude empruntée à Horace et qui deviendra la devise des Lumières.

Morlaix sous la Révolution

Le devoir, les devoirs sont de plus en plus conviés à la table des droits. Bouëstard de la Touche poursuit ses injonctions :

 

« Mais celui dont la conduite est toujours en opposition avec la Loi, pourra- t- il se procurer ces précieux avantages ? Non. S’il affecte d’être heureux, il ment à sa propre conscience, il éprouve des remords continuels. La paix et le repos ont fui de son cœur.

La Loi ne nous oblige en effet que parce qu’elle est l’expression de la volonté générale…. »

 

A mon sens les choses ne sont pas aussi simples, il y a loi et lois. Bouëstard est contraint d’expliquer, de distinguer.

 

« …la loi naturelle lui commande d’aimer ses semblables… »

 

« Tu ne peux, ni ne dois oublier les devoirs que la Loi naturelle et les Lois sociales commandent envers toi-même et tes semblables. »

 

Si l’on peut concevoir que la religion naturelle, celle de Voltaire, impose des principes de morale communs à tout le genre humain, pour ce qui est des lois sociales il en est autrement, elles sont soumises à la justice de chaque pays, justice qui a son éthique propre, qu’il est parfois nécessaire de transgresser en particulier dans les pays où règne la dictature, ou encore ce témoignage d’un lecteur du Blog Guillaume :

 

« En Bolivie, il existe un syndicat des enfants, qui propose des normes plus justes concernant le travail des enfants, les horaires, les salaires etc…

Ce syndicat s’adresse aux enfants et aux adolescents, le monde occidental et une partie de l’Amérique Latine est mal à l’aise avec cette idée.

Pour le gouvernement Bolivien ces lois augmentent la qualité de vie des enfants travailleurs. Pour notre monde occidental c’est tout simplement impensable. Le droit pour un enfant d’avoir une charge de travail acceptable est immoral pour certains et moral pour d’autres…. Le droit est donc relatif. »

 

J’ajouterais que respecter bien sûr ces lois ne peut pas être un devoir.

 

Je termine avec Bouëstard, notre Finistérien médecin et franc-maçon et ses idées sur la justice fiscale, les droits et les devoirs des citoyens :

 

« Les charges (les impôts) ne peuvent sans injustice être supportées par la classe qui possède le moins et qui souvent même de possède rien. »

 

Cette injonction date de 1788, quelques 232 ans plus tard en 2020, si la justice fiscale s’est améliorée, il reste encore une bonne marge de travail à faire, en particulier il y a pas mal de niches fiscales qui demanderaient au minimum un nettoyage ou une révolution. Et je pense que notre médecin breton serait favorable à l’administration d’une bonne purge fiscale aux GAFAM qui sont maintenant nos petits marquis que nous entretenons.

La révolution abolit les privilèges, concrétise la sortie de l’obscurantisme, les Lumières chassent la morale religieuse, installe la pratique de la vertu, l’excès de la vertu devient la terreur, une Hubris de la vertu.

 

« La nouvelle religion » celle de l’Etre Suprême, devient universelle, elle révèle les vertus humaines communes à tous les hommes. Niant en quelque sorte l’hypocrisie de certains et imposant une dictature de la vertu.

Jean-Jacques Rousseau fait de l’homme un dieu ou un demi-dieu rejetant ses fautes sur la société, il n’y a pour lui, lié, à la bonté de l’homme que des droits pour lui et des devoirs pour la société, une sorte de dictature de l’un sur le multiple.

 

La suprématie de la Religion naturelle, des droits de la nature, va bientôt annihiler toutes les actions humaines individuelles. On renonce là, paradoxalement, au sapere aude  de Kant. Cette hiérarchie spirituelle dogmatique devient la terreur de la vertu. L’homme ne pouvant atteindre la perfection, est humilié.

Le rationalisme supprime l’imagination créatrice, l’universel écrase l’individuel, c’est l’angoisse de ne pas pouvoir atteindre le sommet de la montagne.

Cette terreur incarnée par Robespierre sera suivie d’une terreur blanche des royalistes. Robespierre fût sans conteste un prêtre aveuglé de la Révolution, un vertueux qui s’égare, un tyran de la vertu, il croyait dans la possibilité d’un peuple intégralement vertueux.

Dans son discours du 7 Pluviôse de l’an II sur les principes de la terreur, illustre bien sa pensée :

 

« Nous voulons, en un mot, remplir les vœux de la nature (religion naturelle), accomplir les destins de l’humanité (l’universel), tenir les promesses de la philosophie (vivre selon les vertus), absoudre la providence du règne du crime et de la tyrannie (abolir les privilèges), que la France jadis illustre parmi les pays esclaves, éclipsant la gloire de tous les peuples libres qui ont existé devienne le modèle des nations, l’effroi des oppresseurs, la consolation des opprimés l’ornement de l’univers et que, scellant notre ouvrage de notre sang, nous puissions voir au moins briller l’aurore de la félicité universelle. Voilà notre ambition, voilà notre but. »

 

« L’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme est un rappel continuel à la justice ; elle donc sociale et républicaine. »

 

Maximilien Robespierre celui qui fût qualifié d’incorruptible croyait sans doute à son utopie ! Il voulait changer les hommes pour changer la société. Cela rappelle sans doute, quelque chose, à certains ? Mais pour parvenir à ce but il voulut imposer ses dogmes par la terreur.

Maximilien Robespierre

Les vertus, les droits permirent de trier les amis et les ennemis de la République, le tribunal révolutionnaire se mis à fonctionner, dans cette parodie de justice, « les têtes tombaient comme les ardoises » réjouissant Fouquier Tinville, accusateur et exécuteur public.

Preuve que l’appréciation des vertus, l’application stricte de la justice, c’est-à-dire sans justesse et sans éthique peut mener à une plus grande injustice.

Robespierre n’aimait pas les athées et les libertins ; il préférait l’apparence poudrée des parangons de vertu, dont il faut pourtant se défier comme le Marquis de Sade, le fait dire, à son héroïne Justine dans « les Infortunes de la Vertu » :

Le Marquis de Sade

« J’aime à les entendre, ces gens riches, ces gens titrés, ces magistrats, ces prêtres j’aime à les voir prêcher la vertu. Il est bien difficile de se garantir du vol quand on a trois fois plus qu’il ne faut pour vivre, bien pénible en vérité d’être tempérant et sobre quand on est à chaque heure entouré des mets les plus succulents ; ils ont bien du mal à être sincères ; quand ils se présente pour eux aucun intérêt de mentir…. »

 

Certes le raisonnement a ses limites, le franc-maçon a promis d’être l’ami du riche et du pauvre pourvu qu’ils soient vertueux, la pratique de la vertu est quand plus facile pour les riches, qui ne les sont pourtant pas plus que les pauvres.

Il faut sans cesse pratiquer la vertu et fuir le vice, défendre le droit des opprimés et l’égalité des droits. Mais sans ostentation avec une des plus grandes vertus, la vertu finale qui est celle de l’humilité, qu’il est si difficile ne serait-ce que d’effleurer dans sa vie, seuls les saints y parviennent parfois et par moments

 

Pour rappel la première déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789.

Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789

Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée Nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'Homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les Membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés ; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous.

En conséquence, l'Assemblée Nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivants de l'Homme et du Citoyen.

Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

Art. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.

Art. 3. Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.

Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Art. 5.  La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.  

Art. 6. La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. 

Art. 7. Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance. 

Art. 8. La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.  

Art. 9. Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.  

Art. 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi.

Art. 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Art. 12. La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.

 Art. 13. Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.

Art. 14. Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée. 

Art. 15. La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.

Art. 16. Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.

Art. 17. La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.

La Terreur

La Terreur

 

Le 24 juin 1793 vit la naissance de la deuxième déclaration des Droits de l’homme, texte ci-dessous.

 


Déclaration des droits de l'homme et du citoyen
24 juin 1793

 

Préambule

Le peuple français, convaincu que l'oubli et le mépris des droits naturels de l'homme, sont les seules causes des malheurs du monde, a résolu d'exposer dans une déclaration solennelle, ces droits sacrés et inaliénables,

Afin que tous les citoyens pouvant comparer sans cesse les actes du gouvernement avec le but de toute institution sociale, ne se laissent jamais opprimer, avilir par la tyrannie ; 

Afin que le peuple ait toujours devant les yeux les bases de sa liberté et de son bonheur ; le magistrat la règle de ses devoirs ; le législateur l'objet de sa mission. 

En conséquence, il proclame, en présence de l'Être suprême, la déclaration suivante des droits de l'homme et du citoyen

 

Article premier

Le but de la société est le bonheur commun ; le gouvernement est institué pour garantir à l'homme la puissance de ses droits naturels et imprescriptibles.

Article 2

Ces droits sont l'égalité, la liberté, la sûreté, la propriété.

Article 3

Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi.

Article 4

La loi est l'expression libre et solennelle de la volonté générale ; elle est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse ; elle ne peut ordonner que ce qui est juste et utile à la société ; elle ne peut défendre que ce qui lui est nuisible.

Article 5

Tous les citoyens sont également admissibles aux emplois publics. Les peuples libres ne connaissent d'autres motifs de préférence, dans leurs élections, que les vertus et les talents.

Article 6

La liberté est le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui : elle a pour principe la nature ; pour règle la justice ; pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu'il te soit fait.

Article 7

Le droit de manifester sa pensée et ses opinions, soit par la vole de la presse, soit de toute autre manière, le droit de s'assembler paisiblement, le libre exercice des cultes, ne peuvent être interdits. La nécessité d'énoncer ces droits suppose ou la présence ou le souvenir récent du despotisme.

Article 8

La sûreté consiste dans la protection accordée par la société à chacun de ses membres pour la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés.

Article 9

La loi doit protéger la liberté publique et individuelle contre l'oppression de ceux qui gouvernent.

Article 10

Nul ne doit être accusé, arrêté ni détenu, que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu'elle a prescrites. Tout citoyen, appelé ou saisi par l'autorité de la loi, doit obéir à l'instant ; il se rend coupable par la résistance.

Article 11

Tout acte exercé contre un homme hors des cas et sans les formes que la loi détermine, est arbitraire et tyrannique ; celui contre lequel on voudrait l'exécuter par la violence a le droit de le repousser par la force.

Article 12

Ceux qui solliciteraient, expédieraient, signeraient, exécuteraient ou feraient exécuter des actes arbitraires, seraient coupables, et doivent être punis.

Article 13

Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.

Article 14

Nul ne doit être jugé et puni qu'après avoir été entendu ou légalement appelé, et qu'en vertu d'une loi promulguée antérieurement au délit. La loi qui punirait les délits commis avant qu'elle existât serait une tyrannie ; l'effet rétroactif donné à la loi serait un crime.

Article 15

La loi ne doit décerner que des peines strictement et évidemment nécessaires : les peines doivent être proportionnées au délit et utiles à la société.

Article 16

Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie.

Article 17

Nul genre de travail, de culture, de commerce, ne peut être interdit à l'industrie des citoyens.

Article 18

Tout homme peut engager ses services, son temps ; mais il ne peut se vendre, ni être vendu ; sa personne n'est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité ; il ne peut exister qu'un engagement de soins et de reconnaissance, entre l'homme qui travaille et celui qui l'emploie.

Article 19

Nul ne peut être privé de la moindre portion de sa propriété sans son consentement, si ce n'est lorsque la nécessité publique légalement constatée l'exige, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.

Article 20

Nulle contribution ne peut être établie que pour l'utilité générale. Tous les citoyens ont le droit de concourir à l'établissement des contributions, d'en surveiller l'emploi, et de s'en faire rendre compte.

Article 21

Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler.

Article 22

- L'instruction est le besoin de tous. La société doit favoriser de tout son pouvoir les progrès de la raison publique, et mettre l'instruction à la portée de tous les citoyens.

Article 23

La garantie sociale consiste dans l'action de tous, pour assurer à chacun la jouissance et la conservation de ses droits ; cette garantie repose sur la souveraineté nationale.

Article 24

Elle ne peut exister, si les limites des fonctions publiques ne sont pas clairement déterminées par la loi, et si la responsabilité de tous les fonctionnaires n'est pas assurée.

Article 25

La souveraineté réside dans le peuple ; elle est une et indivisible, imprescriptible et inaliénable.

Article 26

Aucune portion du peuple ne peut exercer la puissance du peuple entier ; mais chaque section du souverain assemblée doit jouir du droit d'exprimer sa volonté avec une entière liberté.

Article 27

Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l'instant mis à mort par les hommes libres.

Article 28

Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures.

Article 29

Chaque citoyen a un droit égal de concourir à la formation de la loi et à la nomination de ses mandataires ou de ses agents.

Article 30

Les fonctions publiques sont essentiellement temporaires ; elles ne peuvent être considérées comme des distinctions ni comme des récompenses, mais comme des devoirs.

Article 31

Les délits des mandataires du peuple et de ses agents ne doivent jamais être impunis. Nul n'a le droit de se prétendre plus inviolable que les autres citoyens.

Article 32

Le droit de présenter des pétitions aux dépositaires de l'autorité publique ne peut, en aucun cas, être interdit, suspendu ni limité.

Article 33

La résistance à l'oppression est la conséquence des autres Droits de l'homme.

Article 34

Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.

Article 35

Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

 

 

Puis vint, la naissance, de la Troisième Déclaration des droits et devoirs de l’homme et du citoyen le 22 août 1795.

 

Six ans moins trois jours après la première proclamation de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ; un seul mot change dans le titre celui de Devoir.

1795 de la Convention au Directoire

1795 de la Convention au Directoire

TROISIÈME DÉCLARATION
DES DROITS ET DEVOIRS
DE L’HOMME ET DU CITOYEN

(Préambule à la Constitution
du 5 fructidor an III – 22 août 1795)

 

Le peuple français proclame, en présence de l’Être suprême,
la déclaration suivante des droits et des devoirs de l’homme et du citoyen
.

DROITS

Article 1erLes droits de l’homme en société sont la liberté, l’égalité, la sûreté, la propriété.

Article 2La liberté consiste à pouvoir faire ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui.

Article 3L’égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. L’égalité n’admet aucune distinction de naissance, aucune hérédité de pouvoir.

Article 4La sûreté résulte du concours de tous pour assurer les droits de chacun.

Article 5La propriété est le droit de jouir et de disposer de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie.

Article 6La loi est la volonté générale, exprimée par la majorité générale des citoyens ou de leurs représentants.

Article 7Ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché. Nul ne peut être contraint de faire ce qu’elle n’ordonne pas.

Article 8Nul ne peut être appelé en justice, accusé, arrêté ni détenu, que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu’elle a prescrites.

Article 9Ceux qui sollicitent, expédient, signent, exécutent ou font exécuter des actes arbitraires, sont coupables et doivent être punis.

Article 10Toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de la personne d’un prévenu, doit être sévèrement réprimée par la loi.

Article 11Nul ne peut être jugé qu’après avoir été entendu ou légalement appelé.

Article 12La loi ne doit décerner que des peines strictement nécessaires et proportionnées au délit.

Article 13Tout traitement qui aggrave la peine déterminée par la loi est un crime.

Article 14Aucune loi, ni criminelle, ni civile, ne peut avoir d’effet rétroactif.

Article 15. Tout homme peut engager son temps et ses services, mais il ne peut se vendre ni être vendu ; sa personne n’est pas une propriété aliénable.

Article 16Toute contribution est établie pour l’utilité générale ; elle doit être répartie entre les contribuables, en raison de leurs facultés.

Article 17La souveraineté réside essentiellement dans l’universalité des citoyens.

Article 18Nul individu, nulle réunion partielle de citoyens ne peut s’attribuer la souveraineté.

Article 19Nul ne peut, sans une délégation légale, exercer aucune autorité, ni remplir aucune fonction publique.

Article 20Chaque citoyen a un droit égal de concourir, immédiatement ou médiatement, à la formation de la loi, à la nomination des représentants du peuple et des fonctionnaires publics.

Article 21Les fonctions publiques ne peuvent devenir la propriété de ceux qui les exercent.

Article 22La garantie sociale ne peut exister si la division des pouvoirs n’est pas établie, si leurs limites ne sont pas fixées, et si la responsabilité des fonctionnaires publics n’est pas assurée.

*

DEVOIRS

Article 1erLa déclaration des droits contient les obligations des législateurs : le maintien de la société demande que ceux qui la composent connaissent et remplissent également leurs devoirs.

Article 2Tous les devoirs de l’homme et du citoyen dérivent de ces deux principes, gravés par la nature dans tous les cœurs :

Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’il vous fît.

Faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir.

Article 3Les obligations de chacun envers la société consistent à la défendre, à la servir, à vivre soumis aux lois, et à respecter ceux qui en sont les organes.

Article 4Nul n’est bon citoyen s’il n’est bon fils, bon père, bon ami, bon époux.

Article 5Nul n’est homme de bien, s’il n’est franchement et religieusement observateur des lois.

Article 6Celui qui viole ouvertement les lois se déclare en état de guerre contre la société.

Article 7Celui qui, sans enfreindre les lois, les élude par ruse ou par adresse, blesse les intérêts de tous ; il se rend indigne de leur bienveillance et de leur estime.

Article 8C’est sur le maintien des propriétés que reposent la culture des terres, toutes les productions, tout moyen de travail, et tout ordre social.

Article 9Tout citoyen doit ses services à la patrie et au maintien de la liberté, de l’égalité et de la propriété, toutes les fois que la loi l’appelle à les défendre.

 

Suite à la lecture de ses trois déclarations, il est intéressant de comparer les articles, en particulier l’article premier :

 

En 1789 : Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

 

En 1793 : Art 1er

Le but de la société est le bonheur commun; le gouvernement est institué pour garantir à l'homme la puissance de ses droits naturels et imprescriptibles.

 

En 1795 :  Article 1er. Les droits de l’homme en société sont la liberté, l’égalité, la sûreté, la propriété.

L’on distingue les priorités qui ont évoluées avec le temps, en 1789 l’égalité entre les hommes, l’abolition des privilèges, les distinctions au service de la loi. En 1793 c’est la religion naturelle de l’Etre Suprême qui inspire les rédacteurs, la recherche du bonheur à travers les droits naturels, la terreur viendra sans doute inspirer l’art 1er de la déclaration de 1795, l’on parle de droits de l’homme, mais en société, la liberté est remise au goût du jour, avec l’égalité, mais les abus de la terreur introduisent le besoin de sureté et le respect de la propriété.

 

Dans la déclaration des devoirs de 1795 qui suit celle des droits, on remarque cette injonction que l’on retrouve presque mot pour mot dans certains rituels maçonniques :

 

« Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’il vous fît.

Faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir. »

L’esprit de la déclaration de 1795 est d’abord dans sa visée sociétale, Art 1- il est question des droits de l’homme en société, Art 3- l’égalité n’admet aucune distinction de naissance…., Art 4- la sureté résulte du concours de tous, Art 6- la loi est la volonté générale….., Art 11- nul ne peut être jugé qu’après avoir été entendu ou légalement appelé. Art 15- Tout homme….ne peut se vendre et être vendu ; sa personne n’est pas une propriété aliénable. Il faudra quand même attendre 53 ans pour voir l’abolition de l’esclavage entrer dans les faits. Art 16 – toute contribution est établie pour l’utilité générale… avec les avantages de l’égalité fiscale et l’inconvénient en cas de dictature. Art 20- Chaque citoyen a un droit égal de concourir, immédiatement ou médiatement, à la formation de la loi… belle hypocrisie qui exclue les femmes de ce droit ! Pourtant demandé en septembre 1791 à Marie-Antoinette par Olympe de Gouges. Il aura fallu attendre la volonté du général De Gaule pour que ce droit soit accordé le 21 avril 1944. Il était en vigueur en Finlande depuis 1906, en Allemagne en 1918, au Royaume Uni en 1928 et même à Cuba et en Turquie en 1934.  

 

Une remarque importante entre 1789 et 1793 on est passé de 17 articles à 35 et le texte du 35ème article est explicite de la dérive de la terreur je cite :Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

 

Il annonce la Déclaration des Droits de 1795 qui se termine par son Art 22- La garantie sociale ne peut exister si la division des pouvoirs n’est pas établie, si leurs limites ne sont pas fixées, et si la responsabilité des fonctionnaires publics n’est pas assurée.

Suivront les neuf articles de la Déclaration des Devoirs.

 

Dont l’Art 1- La déclaration des droits contient les obligations des législateurs : le maintien de la société demande que ceux qui la composent connaissent et remplissent également leurs devoirs.

Est une demande d’exemplarité et de respect des lois par les politiques et des fonctionnaires.

L’Art 2- évoqué ci-avant est une injonction à l’altérité, à la fraternité.

L’Art 4- rappelle les devoirs familiaux, il est un hymne à la bonté qui doit être naturelle à l’homme.

Les Art 5, 6 et 7- sont des rappels à la loi, les citoyens qui les enfreignent se déclarent de fait en état de guerre avec la société dont ils font partie, c’est à la fois logique, mais encore faut-il que la loi soit juste, l’on pressent la limite des devoirs par rapport aux droits.

 

Les deux derniers articles 8 et 9 -consacrent le droit de propriété, comme moyen de travail et comme ordre social, il faut donc défendre le droit de propriété. On notera l’évolution de 1789 à 1795, et aussi que décidemment les devoirs apparaissent comme indispensables à la vie en société, c’est leur justification et leurs limites.

C’est sans doute pour cela que l’on reviendra à la première Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, les droits étant individuels et les Devoirs liés à la société, nous y reviendrons. Après la Déclaration de 1789 le principe d’égalité a été repris en 1848 par la constitution française, puis la Déclaration Universelle des Droits de l’homme de 1948, en y ajoutant la fraternité, la convention européenne de sauvegarde des Droits de l’homme et des Libertés fondamentales en 1950, le pacte des Nations Unies relatifs aux droits civils et politiques de 1966 enfin la Chartre des droits fondamentaux de l’Union Européenne de l’année 2000.

Toutes ces déclarations successives concernant les droits de l’homme, constituent une longue chaîne pour la défense des libertés, de la liberté de l’homme, du vœu d’égalité entre les hommes. C’est ce qui honore le monde occidental en général et l’Europe en particulier et en fait autre chose qu’une grande épicerie, un rêve pour tous ceux qui viennent échouer sur nos côtes, poussés par la famine et les guerres. Pouvons-nous les trier, pouvons-nous tous les accueillir dignement, pouvons-nous les blâmer de vouloir réaliser leur rêve ?

Ces droits à la liberté ne semblent pas contestables, pourtant le premier président de l’Assemblée Constituante Jean-Sylvain Bailly disait :

« La déclaration des droits est à la fois nécessaire et dangereuse (….) pour le peuple qui se méprend facilement et qui ne sait pas qu’il n’y a point de droits sans devoirs ; que pour pouvoir jouir des uns, il faut se soumettre aux autres. Il devrait en naître une infinité de prétentions… » C’est sans nul doute ce que l’on appelle de nos jours les abus de droit en matière, sociale, fiscale, de sécurité tous ces droits concernent la société, sont visibles et nourrissent le sentiment d’insécurité et d’injustice. Ce ne sont pas des droits inhérents à l’homme en tant qu’individu, ceux-là n’ont que la limite de notre conscience, dans la mesure ou ils ne sont tolérables par autrui, qui ne peut tout tolérer.

 

D’une manière générale tous les droits liés à la vie sociale, sont en balance avec des devoirs liés à cette vie sociale. Proudhon par exemple qui s’oppose au droit de propriété, conteste ce droit qui figure dans les déclarations des droits de l’Homme et du Citoyen, c’est plutôt un droit social, qu’un droit de l’Homme. La propriété renforce pour lui les inégalités, l’on voit aujourd’hui les conséquences de la spéculation immobilière, qui certes est une déviance du droit de propriété, mais dont les ravages interrogent, et augmentent les inégalités.

Le philosophe anglais Hume avec d’autres, ne croit pas à l’égalité entre les hommes, ou mettre l’échelle de l’égalité entre un jeune chiffonnier indien et un petit bourgeois du XVIIème arrondissement ? Je passe sur la critique Marxiste sur les droits des femmes et l’esclavage qui perdura en occident. Ce sont les Danois, les Norvégiens et les Suédois qui abolirent les premiers en 1792, puis le Royaume Uni en 1833 et enfin la France pays des droits de l’homme en 1848, preuve que nous ne sommes pas des parangons de la liberté et des droits.

A SUIVRE ....

 

Jean-François Guerry.

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Publié le par Clementia

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Publié le par Jean-François Guerry, Jean-Pierre Rousseau
LE PASSAGE

LE PASSAGE

 

Chers lecteurs, un peu absent en ce moment, je reste présent près de vous avec l’esprit. Aujourd’hui nous allons célébrer Noël au-delà de l’intime, de vos convictions personnelles. Ce moment de l’année est le passage de l’ombre à la lumière, l’obscurité la plus intense va s’atténuer progressivement et la petite lumière qui brille en permanence au fond de nous-mêmes va grandir, c’est la lumière de l’espérance, le feu de la vie.

 

Nous allons échanger ce soir des cadeaux, symboles pour les enfants de leur bonne conduite, de leur passage à l’âge de raison, pour nous d’un peu de sagesse. Cette sagesse bien nécessaire face aux événements de cette année. Il nous faut dans cette période de doute, nous souvenir que le doute doit être constructif, l’ombre annonce toujours la Lumière.

 

Ce soir dans le sourire des enfants, des anges de la vie, nous verrons les flammes de l’espérance, nous croirons avec eux au père Noël c’est-à-dire à la vie.

 

Que la joie soit dans vos cœurs, en ce soir de lumière c’est ce que je vous souhaite à tous.

 

Fidèlement.

Jean-François Guerry.

LE PASSAGELE PASSAGELE PASSAGE
LE PASSAGE

 

C'est au centre, source et aboutissement de toute chose,

que se concilient et se résolvent toutes les oppositions.

 

 

 

 

Je suis le point, je suis le Un dans lequel il y a Tout

Je suis le Centre entre l’Équerre et le Compas.

Je suis la Source, tout ce qui m’entoure vient de ce point .

 

Je suis aussi Deux, je peux être lumière ou obscurité, blanc ou noir,

Je suis double, corps et âme comme larrons du Golgotha,

Je suis les deux branches du Compas, je peux tracer le Cercle.

 

Point sur le diamètre, je m’élève ou m’abaisse, je crée le triangle,

Ma base est le trait d’union résultant du Un divisé en Deux,

Point originel divisé en deux lignes descendantes reliées par la troisième,

 

 

Je suis la Trinité, « Trois en Un ».

 

 

Selon l’élévation je suis EAU,

Féminité et sagesse, source,

Sang, liquide purificateur, Divinité,

Je suis le triangle pointe en bas comme pour recevoir.

 

Selon l’élévation je suis FEU,

Lumière et connaissance,

Divinité présente,

Je suis le triangle pointe en haut comme pour émettre ou prier.

 

Selon l’élévation je suis AIR,

Souffle subtil entre ciel et terre,

Je suis la vie support de communication entre le visible et l’invisible,

Je suis pointe en haut, barré pour me différencier du feu.

 

Selon l’élévation je suis TERRE,

Passage des ténèbres à la lumière d’où tout est issu,

Je suis la pierre destinée à la construction de l’édifice.

Je suis pointe en bas, barré pour me différencier de l’eau.

 

 

 

 

 

 

Je suis le Centre du Cercle dans l’infinité du temps et de l’espace,

Je suis aussi bien le Néant que le Tout.

 

 

Tout converge vers ce Centre,

Siège de L’Unité,

Source de toute chose.

 

 

Aveuglé par les lumières du passé, mort aux préjugés du vulgaire,

J’ai travaillé à dégrossir la pierre brute,

J’ai été instruit des lois du cosmos établies par le G . A . D . L . U .

 

 

J’ai affûté mes outils pour apprendre à forger par les arts libéraux,

Au fur et à mesure j’ai appris à polir la pierre cubique à pointe ,

J’ai gravi trois niveaux, franchi deux paliers.

 

 

Je suis au centre du cercle,

J’ai pour dessein de perpétuer la Tradition,

Voile cosmique qui me sépare de l’Orient éternel, lien entre passé et présent.

 

 

Tout converge vers ce centre,

Siège de L’Unité,

Aboutissement de toute chose.

 

 

Mort aux préjugés du vulgaire,

Je renais par le travail de la pensée et de l’action,

Vie, mort, renaissance,

Je passe de l’Orient à l’Occident et de l’Occident à l’Orient,

Cycle immuable de la marche du soleil et de ses solstices,

Retour à vie nouvelle, régénération.

 

 

Au centre du cercle, je cherche ce qui a été perdu et j’espère bien le retrouver.

Je suis le point magique jonction du spirituel et du matériel,

Je suis le lien entre le positif et le négatif, le visible et l’invisible,

Je suis le Un crucifié au nom de Tous,

Je suis l’Éternel, le Fils du père, la Parole révélée,

Au centre de la Croix je suis le médiateur entre Créature et Créateur.

 

 

 

 

 

Tout converge vers ce centre,

Siège de L’Unité,

Conciliation de toutes les oppositions.

 

 

Placé au centre du cercle je ne peux m’égarer,

En chambre du milieu je retrouve les secrets véritables,

Je redeviens le poseur de pierres polies.

 

 

Je suis l’Architecte constructeur, le Grand ordonnateur,

Je marche de l’Occident à l’Orient puis de l’Orient à l’Occident,

Les mots substitués reviennent à l’heure justes et parfaits.

Je suis le lien entre le profane et le sacré,

Je suis le barycentre de toute chose,

Je suis l’équilibre. Je suis le centre,

Je suis le point d’Éternité.

 

 

Tout converge vers ce centre,

Siège de L’Unité,

Résolution de toutes les oppositions.

 

 

Je suis passé de l’équerre au compas,

Du monde tangible au monde des idées,

Je suis l’outil qui forge et trace le cercle mystérieux,

Par les cinq points j’assure la pérennité de l’œuvre,

Je veille à éviter le conflit majeur.

 

 

Je suis celui qui brise les jougs de toutes sortes,

Par le fil à plomb, je rappelle la tradition et les dangers de l’ignorance,

Par le niveau, je souligne les valeurs du travail, sans esclavage ni fanatisme,

Par le maillet, j’en appelle à l’autorité fraternelle, sans quelconque ambition.

 

 

Je suis les quatre éléments et aussi le cinquième,

Je suis le temps,

Je suis le grand horloger,

Si tu m’as compris, deviens ce que tu es,

Tu connaîtras alors le Divin.

Jean-Pierre Rousseau

Publication avec l'aimable autorisation de l'auteur.

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Publié le par Jean-François Guerry
L'ÉGRÉGORE Quatrième dimension de la Franc-Maçonnerie? Un mystère à découvrir

 RECENSION - L’ÉGRÉGORE QUATRIÈME DIMENSION DE LA FRANC-MAÇONNERIE. – Boris Nicaise.

 

La franc-maçonnerie a des secrets, des mystères, dès lors la tentation est grande de l’assimiler à une secte. La question a été maintes fois débattue, il est inutile d’y revenir, il n’y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir ou de connaître. L’ignorance reste le substrat des fanatiques et des intégristes. La période est fertile pour les partisans des complots, les plus actifs des ignorants accablent la franc-maçonnerie, qui serait à l’origine de tous les maux de la société. C’est la théorie du bouc émissaire qui remonte jusqu’à Caïn.

Photo : Sean Parker -Joshua Tree National Park, USA

Il a fallu donc du courage, vertu pas très en vogue à Boris Nicaise pour écrire ce livre original sur l’égrégore. Franc-Maçon depuis 1993 membre de la Grande Loge de Belgique, né à Bruxelles ou il réside encore, Boris Nicaise n’est pas son premier essai. Il a écrit plus de vingt ouvrages, il nous propose souvent des sujets sur les arcanes mystérieux de la fraternité comme : « Le Miroir du Voir au savoir outil de connaissance », « Un et un font trois », « Temps Maçonnique, Temps Profane », « Les symboles au-delà des symboles », « Le Secret Maçonnique des Secrets Maçonniques aux mystères initiatiques. »

 

L’on comprend mieux le choix du thème de son nouveau livre sur l’égrégore maçonnique, alors que de nombreux francs-maçons, hésitent a parler de cet égrégore, dont ils ont parfois même du mal à définir le genre féminin ou masculin ? Ce qui bien entendu ne veux surtout pas dire que les sœurs ne connaissent pas cet égrégore, bien au contraire, leur intuition féminine les prédisposent à mieux le ressentir à mon avis.

Cet égrégore que les dictionnaires ont du mal à définir, les dictionnaires nous parlent d’esprit de groupe, cela sent presque l’esprit d’équipe du sport ! Bien sûr l’égrégore va bien au-delà, il est plus proche de l’esprit angélique.

 

C’est un voyage initiatique vers la connaissance de cet égrégore que nous propose Boris Nicaise, avec une tentative d’explication scientifique de ce qui serait alors un phénomène,  un noumène, une réalité intelligible au sens donné par Platon. Il n’y a pas de bornes à l’imagination des poètes et c’est heureux. Boris Nicaise qui s’est vu attribué le prix Arthur Rimbaud, ne peut donc nous décevoir.

Mais aussi après tout à chacun son égrégore. Une chose est sûre l’égrégore est fugace, parfois au rendez-vous, parfois insaisissable, elle est à construire et à reconstruire lors de chaque tenue maçonnique, et son intensité diffère selon les loges.

 

Le propos liminaire de Boris Nicaise débute ainsi :

« Il arrive qu’un franc-maçon dise avec un air quelque peu béat au sortir d’une réunion rituelle, comme redescendant de quelque extase, une phrase énigmatique du genre. « nous étions dans une belle chaîne d’union. »

Cela me fait penser à Plotin quand il décrit ses moments extatiques dans ses Ennéades, moments où l’âme se libère, se détache du corps, se pose à côté de celui-ci. Peut-être aussi l’instant où le compagnon franc-maçon fait son premier pas de côté, la main sur le cœur, l’autre tournée vers la lumière de l’étoile flamboyante qu’il suit du regard. C’est le début de son aventure spirituelle.

 

Boris Nicaise s’est livré à un travail de recherche historique sur cet égrégore et sa présence dans les textes anciens, qui vont du patriarche Hénoch jusqu’à Carl Gustave Jung. L’égrégore vue par Boris Nicaise apparaît, au fil des chapitres de son livre, de la révélation à l’occultisme, aux idées cachées derrière les symboles universels et maçonniques, et en particulier la chaîne d’union, l’agape, il nous parle également de la pratique maçonnique comme substrat de la nourriture de l’âme. Il terminera sur l’élévation spirituelle et notre désir, notre fin d’égrégore jamais assouvie.

Boris Nicaise -Photo sur son Blog

Ce livre est un magnifique encouragement à connaître ses moments surtout de les vivre, il résonne comme un formidable message d’espérance dans cette période où la pratique rituelle est suspendue, où les francs-maçons sont éloignés de leurs loges. Je ne sais pas si l’on peut définir l’égrégore, mais en tout cas nous ressentons son manque.

 

L’égrégore dans son manque, se révèle comme consubstanciel aux initiés, ce mouvement d’élévation spirituel, vécu intérieurement, individuellement et simultanément par la loge maçonnique réunie dans l’espace sacré. Démontre la spécificité de l’initiation maçonnique individuelle, mais qui ne peut se réaliser qu’avec le concours, la communion d’un groupe d’initiés. Initiés à la recherche de la résolution des grands mystères de la vie.

 

Les pratiques de réunions par vidéos conférences ne délivrent que des paroles de substitution alors que le franc-maçon est à la recherche de la vraie parole perdue, il ne saurait se contenter d’avatars. Le souffle de l’égrégore ne passe que dans la chaîne d’union fraternelle ou au cours de l’agape frugale qui clôture la tenue maçonnique.

 

L’égrégore est un peu comme un chant grégorien qui monte lentement le long des colonnes d’une église romane pour finir en apothéose dans la voûte sacrée.

 

Je ne puis qu’encourager les francs-maçons à lire le livre de Boris Nicaise, c’est une ode à la puissance de l’esprit, de cet esprit que tous veulent faire régner sur la matière. C’est un beau présent pour cette fin d’année 2020, ou l’on parle avec plus de force et de vigueur de la fraternité et de la solidarité humaine.

 

Pour définir son égrégore, l’auteur lui associe sept éléments :

« Spirituel, le groupe, le désir, l’individu, but, force, rituels »

 

Il est temps de clôturer cette recension et de vous laisser découvrir par vous-mêmes ce livre de Boris Nicaise, qui relève la gageure de parler de l’incommunicable. Cet égrégore qui est sans aucun doute quelque chose d’indéfinissable comme le secret maçonnique, mais qui a la faculté de réunir toutes les sœurs et tous les frères qui l’ont ressentit.

Bonne lecture à tous….

Les trois expériences de Boris Nicaise à découvrir:

1- Le rite et le rituel sont les tremplins pour sortir de sa condition matérielle et atteindre un premier palier spirituel.....

2- La pratique régulière du travail maçonnique, essentiellement en loge, est le carburant.....

3- Sans la fraternité, point d'égrégore.

 

 

Jean-François Guerry.

 

À lire : L’ÉGRÉGORE Quatrième dimension de la Franc-Maçonnerie ? - de Boris Nicaise.

 

Chez : NUMÉRILIVRE – Éditions des Bords de Seine.  150 Pages- Prix 20 €. TTC.

ISBN : 9782366321562     

s de 25 ans au Grand Orient de Belgique, Boris Nicaise est à présent membre de la Grande Loge de Belgique dont, après avoir exercé diverses fonctions, il préside une Loge. Un parcours dans le Rite Ecossais lui en a conféré l’ultime degré où il a œuvré en de nombreuses charges dont certaines se poursuivent.
Ayant affûté sa plume en poésie, il est l’auteur de vingt ouvrages parmi lesquels, outre des romans et récits historiques, sept livres maçonniques essentiellement relatifs au symbolisme et à la philosophie, dont trois publiés sous le pseudonyme de Jacques Saint.
Son dernier opus, « La Symbolique, au-delà des symboles », ouvre au monde infini de ce qui est l’essence même de la franc-maçonnerie : la méthode symbolique, que toutes les obédiences évoquent dans leurs constitutions comme fondement-même de leur démarche.
Sans dévaloriser un instant l’importance des enjeux de société auxquels le franc-maçon est confronté et doit vouer son existence pour améliorer le monde où il vit, Boris Nicaise développe en cet opus la caractéristique la plus importante de cette société initiatique et démontre en quoi elle est indispensable à son progrès et par là même à celui de toute l’Humanité.
Le regard symbolique décloisonne et unit ce qui semble séparé, harmonise le conscient et l’inconscient, rassemble la raison et le sentiment, fusionne les orientations mâles et femelles que nous portons tous en nous, ouvrant l’espace et le temps au-delà de toutes les contingences physiques, nous faisant entrevoir par étincelles fugaces ce que l’initié appelle en sa quête… la Lumière !

 

Source le Bandeau.

L'ÉGRÉGORE EN FRANC-MAÇONNERIE
 9782366321562
 150
20,00 €
TTC

Qu’est ce fameux égrégore dont on entend souvent parler en franc-maçonnerie mais nulle part ailleurs ? Après avoir analysé les sources et les origines du mot et du concept, l’auteur en décrit le vécu maçonnique avant d’amorcer une tentative d’explication scientifique, ce qui est une première ! À chacun d’en tirer ses conclusions maçonniques

Initié au Grand Orient de Belgique en 1993, Boris NICAISE est membre de la Grande Loge de Belgique où il a exercé diverses fonctions, dont celle de Vénérable Maître. Très actif et toujours assidu, ayant été Orateur dans trois Ateliers différents, il a parcouru trente-trois degrés de la franc-maçonnerie écossaise dont il a présidé un Aréopage. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont ceci est le dixième essai maçonnique.

NUMERILIVRE Les Éditions des Bords de Seine www.numerilivre.

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Publié le par Jean-François Guerry
Dans le vent

Dans le vent

LE DESTIN

 

Le destin se conjugue au singulier comme au pluriel. Il est le notre et celui des autres, ils s’agrègent souvent ensemble, notre naissance, notre pays nous prédestinent. Certains voient dans le destin, la main d’un Dieu, de Dieu d’un principe qui les dépasse, un architecte, un géomètre qui dessine leur destin. D’autres sont persuadés que leur libre arbitre, leur conscience guide leur destin.

 

Pouvons-nous revendiquer d’avoir tous et toujours notre destin entre nos mains ? Le destin des enfants des bidons villes de Calcutta est-il le même que ceux des quartiers de Monaco ? Notre libre arbitre est-il si haut, si puissant, ou n’est-ce que de la vanité et de l’orgueil, l’affirmation inconditionnelle, de l’exclusive puissance de notre Je, au risque d’en oublier tous les nous, dont nous sommes les épis au bord du fleuve de la vie.

 

Ces nous, sans lesquels la vie ne serait qu’un torrent asséché. Ce serait refuser de voir, que le torrent qui coule de la montagne vient des plus petits nuages, et qu’il verdira les vallées remplies des hommes de bonne volonté, qu’il sera un jour la rivière remplie par les limons des nous, les bienfaits, les dons des autres, de tous. C’est la beauté des rivières et l’immense gloire et majesté des océans.

 

Il y a parfois le désir de la connaissance. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelle avons-nous pris à cet enchainement, comment avons-nous pris notre destin en main ?

Quelle brindille posée sur notre chemin a orienté notre route, quelle lumière nous as guidé dans les ténèbres ? Existe t’il des destins grands ou petits, ou sont-ils tous respectables ?

 

Je doute de pouvoir répondre à tous ses comment, et encore plus à tous ses pourquoi, pour quoi.

 

La mélodie chante « la réponse est dans le vent… la réponse est dans le vent… »  Là tout près sur cette terre ici et maintenant et en nous, entre terre et ciel, dans le souffle du vent.

 

Jean-François Guerry.

 

 

« Tout jeune, j’ai ouvert mes bras à la pureté.

Ce ne fût qu’un battement d’ailes au ciel de mon éternité.

            Je ne pouvais plus tomber. »

 

                                   Paul Eluard.   

Nous sommes dans le vallées

Nous sommes dans le vallées

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